Violences à Conakry : les forces de l’ordre accusées d’exactions et de destruction de biens à Hamdallaye

Mohamed Kaba

« Des motos et des commerces saccagés et incendiés », ce sont entre autres les accusations portées par des citoyens à Hamdallaye contre des éléments des forces de l’ordre qui ont opéré samedi dernier, 30 juillet 2022, dans ce quartier de la commune de Ratoma. Ces agents mis en cause étaient sur place pour rétablir l’ordre après les échauffourées enregistrées jeudi et vendredi sur l’axe Hamdallaye-Kagbelen, en marge des manifestations du FNDC. Mais, ils auraient outrepassé cette mission pour se livrer à des exactions contre les populations.

Selon les informations confiées à Guineematin.com, au moins trois motos et un kiosque d’alimentation ont été incendiés à Hamdallaye-Pharmacie par des éléments des forces de l’ordre.

Abdoul Aziz Bah, vulgarisateur à Hamdallaye-Pharmacie

« Je ne sais pas si ce sont des gendarmes ou des militaires, certains disent que ce sont des éléments des forces spéciales, mais des corps habillés venus à pied ont trouvé une moto TVS au garage ici, ils ont cassé ses clignotants. Ils ont continué un peu devant où ils ont trouvé deux autres motos TVS garées. Ils les ont incendiées avant de revenir mettre le feu sur la moto dont ils avaient cassé les clignotants. Ils ont enlevé le raccord d’essence et y ont tiré une balle pour provoquer l’incendie. La calcination de cette 3ème moto a entraîné l’incendie d’un kiosque d’alimentation d’à côté. C’est après que le feu ait pris une certaine ampleur que les gens se sont révoltés et sont sortis de partout. C’est ce qui a fait fuir les agents des lieux. La maison où était adossé le kiosque a été sauvée de justesse de cet incendie. Nous sommes vraiment surpris et déçus du CNRD qui avait promis la justice comme boussole de la Transition. Ils font exactement comme avant. C’est très grave. Nous demandons au Colonel Doumbouya de faire cesser ces exactions contre les citoyens », a dit Abdoul Aziz Bah, vulgarisateur à Hamdallaye-Pharmacie.

Rencontré par un reporter de Guineematin.com hier, dimanche 31 juillet 2022, Mohamed Kaba, l’un des propriétaires des motos calcinées à Hamdallaye-Pharmacie, a fait part de son désarroi face à cet acte incivique des forces de l’ordre.

Mohamed Kaba

« Moi je quitte tous les jours Lansanaya (dans la préfecture de Coyah) pour venir me débrouiller ici (à Hamdallaye-Pharmacie). Je suis un étudiant ; et, ce que je gagne ici, c’est ce que j’utilise pour mon quotidien. Le samedi 30 juillet, des corps habillés sont venus ici, ma moto était garée en face de ma boutique. Ils sont venus casser les clignotants avant de revenir l’incendier et aller s’attaquer à une boutique d’à côté. J’étais là, enfermé dans ma boutique, lorsqu’ils faisaient leurs dégâts. Aujourd’hui, je n’ai rien pour me déplacer. C’est cet engin que j’utilisais pour aller à l’université et faire mes petites courses. Mais, aujourd’hui, tout est calciné », a déploré Mohamed Kaba, les larmes aux yeux.

De son côté, Mamadou Baïlo Barry, agent de santé et chef d’une famille de neuf membres, déplore l’incendie de son petit commerce d’une valeur de près de dix (10) millions de francs guinéens.

Mamadou Baïlo Barry, victime de pillage et d’incendie de son commerce

« Moi, j’étais parti à mon lieu de travail, dans une clinique de la place. C’est de là-bas qu’on m’a appelé pour me dire que les agents en tenue militaire ont mis le feu sur mon kiosque. Je suis immédiatement venu, j’ai vu qu’ils avaient même cassé les cadenas. Tout le contenu a été consumé. Ce qui ne l’a pas été est totalement gâté. Je suis révolté et je ne sais même pas ce qu’il faut faire ou dire. Je pensais que la mission des forces de défense et de sécurité est de protéger les personnes et leurs biens, et non pas de s’attaquer aux citoyens et détruire leurs biens. Je demande aux autorités d’interdire de telles pratiques aux agents et de prendre des sanctions contre les fauteurs », a indiqué Mamadou Baïlo Barry.

A noter que ces exactions des forces de l’ordre contre les citoyens ont continué ce dimanche dans certaines localités de la commune Ratoma, notamment à Démoudoula où des équipes mixtes de policiers, gendarmes et militaires sont accusées d’avoir pris des motos pour ensuite rançonner les propriétaires de ces engins. Des pratiques qui exacerbent la colère des citoyens qui crient déjà à l’injustice.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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