Examens nationaux : de l’urgence de l’audit des copies

Michel Pépé Balamou, secrétaire général du Syndicat National de l'Education

Par Michel Pépé Balamou, secrétaire général du Syndicat National de l’Education : La moralisation  des examens nationaux  ne se limite pas seulement à la passation  des épreuves. Elle doit  être  ressentie  de façon  horizontale  et verticale  dans  toutes les étapes  du processus  global   allant de l’inscription  des candidats  sur les listes, l’élaboration  et la gestion  saine du budget,  le choix  des centres  d’examen,  des surveillants,  des correcteurs, chefs de centre, délégués,  superviseurs et autres  acteurs des centres de correction,  de centralisation  et de saisie des notes.

Pour  y arriver, il faut impérativement  procéder  à  un audit des copies des candidats  afin de situer le degré de  responsabilité  des uns et des autres mais aussi et surtout  comprendre  les difficultés d’apprentissage  de nos élèves  et les besoins  en formation initiale et continue de certains enseignants. 

De ce point de  vue, l’analyse des  copies  permettra  de déterminer  la fréquence  des lacunes  dans chacune  des disciplines  pour en informer  les responsables de la formation  initiale  et proposer des pistes d’intervention  dans le cadre de la formation continue  des enseignants,  de pouvoir  expliquer la réussite  et l’échec des élèves  aux trois examens  nationaux en  :

■ Déterminer  la qualité  des items  utilisés  lors des examens. 

  Vérifier  la sincérité  du processus  de surveillance. 

■ Certifier le respect par les correcteurs  des barèmes de correction. 

■ Dresser  les lacunes  et les performances  par discipline évaluée. 

■ Établir  les liens entre la performance  et / ou  la non performance  des élèves  avec les caractéristiques  familiales,  des enseignants  et du type d’école. 

Cette  opération  est d’autant  plus urgente  que de tout le temps  les résultats  des examens  nationaux  se caractérisent  par des variations  d’année  en année  dans les taux d’admission  comme l’illustrent  les résultats de cette année. 

Ainsi ,il faut poser de bonnes  questions  et apporter de bonnes réponses  à  cette perception sociale négative  des résultats  qui, didactiquement, pédagogiquement  et socialement  sont difficiles à  expliquer . Pourquoi : 

■ On est passé  de 25% à  9 % au baccalauréat,  de 35 %  à  17 % au BEPC , de  62% en 2021 à  17% au CEE en 2022 ?

  Il ya zéro  admis  dans toute une préfecture  ?

■ Il y’a  100% d’admis  dans une école ?

■ Un élève  à  10,00 dans toutes les matières ?

  Et Comment est- il possible que 1017 candidats admis  au BEPC  aient  la même  note de 10 ,00 dans toutes les matières ?

■ Une  école a eu 216 admis au BEPC, sur les 216 admis 63 candidats ont tous la même  note dans toutes les matières et une  moyenne de 10,00 et même rang 12453 ème .

23 candidats ont aussi la même note 10 et la dernière matière augmentée de 1 pour certains  et d’autres  l’avant dernière note pour enfin avoir la moyenne générale de 10,09 et un rang de 12047 ème, 17 candidats ont une même  note, moyenne et rang de 10836 ème ?

■ Les lauréats  d’une  école  privée  viennent  tous d’un  même  centre d’examen parfois d’une  même salle ?

■ Des copies identiques  ?

■ Comment expliquer  ce grand succès  aux trois examens  nationaux  dans la préfecture  de Lola  qui a  un grand déficit  d’enseignants ?  

  Tous les candidats de la salle 14  du Centre d’examen : Lycée  Morindjan Diabaté de Kankan, inscrit : 29 dont 00 fille Présent : 25 dont 0 fille ; Bornes : Du PV 251423 au PV 251703. Absent : 04 dont 0 fille. PV des absents : 25143 ; 251493; 251613; 251623. 

Ont tous la note de 1,5 en économie politique ?

■ Les élèves  qui ont eu une moyenne variant entre 9,50 et 9,99 n’ont  bénéficié  ni de repêchage  bien encadré  ni de session  de rattrapage qui se passe dans tous les pays du monde ?

■ Faire reprendre toute une année  scolaire  à  un élève qui a  9,99 de moyenne à  cause de 0,01 % sans comprendre  s’il  vient d’une  école  rurale  qui manque  d’enseignants  en quantité  et en qualité ?

  Des copies  illisibles  et  la quantité  de copies  illisibles  et chercher à  savoir  si certains élèves  aux écritures  illisibles  

seraient déclarés  admis ?

  Les sujets   couvrent-ils les 80% du programme, la norme  officielle  exigée ?

■ La réussite  et l’échec  des élèvent  dépendent-ils  du centre d’examen, entre surveillance  sévère  et celle laxiste  ?

■ 70 % d’admis  au baccalauréat  proviennent  des écoles  privées, quel avenir  pour les écoles publiques  guinéennes ?

Bref, cet audit nous permettra  de faire le diagnostic et l’autopsie    de notre système éducatif  en vue d’apporter  une thérapie pédagogique  pérenne  et irréversible  et nécessaire  pour améliorer  l’accès  et la qualité  de notre système éducatif  qui a  pour mission  d’enseigner,  d’éduquer  ,d’instruire  de former et de transformer  quantitativement  et qualitativement  les  enfants de la République  qui sont notre futur. Le système éducatif doit savoir les aider dans l’acquisition des compétences requises pour réussir  et non pour les faire échouer   et leur donner l’idée  de l’abandon,  de la déperdition scolaire  et de la traversée  de la Méditerranée. 

L’éducation  est le meilleur  héritage  qu’une nation peut léguer  à  la postérité.

Par Michel Pépé Balamou, secrétaire général du Syndicat National de l’Education

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