L’an 1 du CNRD : « les droits de l’homme ont reculé », selon Kaly Diallo de la baïonnette intelligente

Le 5 septembre 2022, marquera la première année du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) au pouvoir. Tout naturellement, cette date est l’occasion pour beaucoup d’acteurs sociopolitiques de faire un bilan de l’exercice du pouvoir par le Colonel Mamadi Doumbouya et ses compagnons.

Dans le domaine des droits de l’homme, où l’homme du 5 septembre avait été accueilli comme un véritable libérateur, les activistes dénoncent un recul et demandent aux autorités de revoir la situation pour améliorer l’image du pays. C’est le cas de Mamadou Kaly Diallo, activiste des droits de l’homme et responsable du programme de Démocratie sans violence, la baïonnette intelligente (DSV-BI). Pour Kaly Diallo, la situation des droits de l’homme pendant cette première année d’exercice du pouvoir du CNRD a été catastrophique.

« C’est vrai que l’avènement du CNRD au pouvoir le 5 septembre a été applaudi par les populations. Le Colonel Mamadi Doumbouya et son équipe ont été accueillis comme de véritables libérateurs. Mais de nos jours, les droits de l’homme connaissent une situation catastrophique sur le terrain. Puisque la démocratie et l’Etat de droit, c’est le respect de la liberté d’expression, c’est le respect des libertés de rassemblement et de réunion. C’est le respect surtout de l’intégrité de la personne humaine. Vous avez la Charte du CNRD élaborée par les autorités et constituant la norme supérieure de nos lois qui consacre le respect des libertés fondamentales, les libertés publiques, la liberté de manifester entre autres, mais cette Charte n’est plus respectée. Ensuite, vous avez l’usage disproportionné de la force lors des manifestations sociopolitiques. Le 17 août, nous avons suivi le bilan des manifestations appelées par le FNDC, dissous par le ministère de l’administration du territoire, des personnes ont été blessées et d’autres tuées par balle. Les corps d’Ibrahima Baldé et Thierno Oumar Barry sont toujours à la morgue. Leurs familles ont les réclamés à corps et à cri. Mais en vain. Avant le 17 août, les manifestations qui ont eu lieu ont connu des bilans également déplorables », a dénoncé ce responsable de la DSV-BI.

« Plus d’une semaine, deux semaines, on ne peut pas comprendre qu’on nous parle de problème d’autopsie de ces corps. On ne comprend rien à ce niveau et c’est l’occasion pour nous de demander les autorités d’écouter le cri de cœur des familles en leur restituant les corps de leurs enfants pour qu’ils soient enterrés dans le respect de nos coutumes et traditions », a demandé Kaly Diallo.

Pour autant, l’activiste dit avoir salué les débuts de progrès enregistrés dans le respect des droits de l’homme, lorsqu’en juin par exemple, le jeune Thierno Mamadou, tué par balle a suscité l’émoi de l’opinion et la mobilisation des autorités, notamment de la justice.

« Vous voyez que des enquêtes ont été ouvertes, le présumé coupable et ses complices ont été identifiés et arrêtés. Depuis le moins de juin, ils sont placés sous mandat de dépôt. C’était une grande première en Guinée qu’une enquête aboutisse pour identifier un présumé auteur de tir mortel sur un citoyen. Ce sont des efforts que nous encourageons. Nous voulons que les auteurs des autres cas de mort lors des précédentes manifestations soient également élucidés par la justice », a expliqué M.Diallo.

Mamadou Kaly Diallo ne décolère toujours pas contre l’ancien régime qui s’était entêté à modifier la Constitution pour aller à un 3ème mandat.

Mamadou Kaly Diallo, activiste des droits de l’homme et responsable du programme de Démocratie sans violence, la baïonnette intelligente (DSV-BI)

« La Constitution d’avril 2010 en ses articles 27 et 154 avaient réglementé le nombre de mandat, la durée et les intangibilités. Malheureusement, certains hauts cadres, comme Papa Koly Kourouma, avaient qualifié cette Constitution de chiffon. Le CNRD en arrivant au pouvoir avait dénoncé tout cela. Puisqu’il y avait eu des violations des droits de l’homme, des tueries, des dégâts matériels énormes et la déchirure du tissu social. En somme, les droits de l’homme a pris un coup très sérieux à l’époque. Mais voyez-vous, récemment, lorsqu’il y a eu des manifestations, il y a un jeune qui a été blessé par balle et actuellement alité à Hamdallaye. Lorsque nous sommes allés lui rendre visite, des témoins nous ont expliqué qu’ils ont vu un agent sortir son pistolet et tirer en direction de ce jeune. Ce qui est une violation grave des libertés fondamentales et des droits de l’homme », a fait savoir cet activiste des droits de l’homme.

Toutefois, pour améliorer la situation sur le terrain et présenter la Guinée sur une meilleure image, Mamadou Kaly Diallo appelle les autorités de la transition à organiser un dialogue inclusif et à veiller sur la conduite impartiale de la justice dans le traitement des différents dossiers qui lui sont soumis.

« Je rappelle cette citation de Kofi Annan, l’ancien Secrétaire général des Nations Unies qui disait qu’il n’y a pas de développement sans la paix, il n’y a pas de paix sans sécurité. Par contre, poursuit-il, il n’y a ni paix, ni développement ni sécurité si les droits de l’homme sont violés. C’est pourquoi, moi j’appelle le CNRD a appelé tous les acteurs sociopolitiques à un dialogue franc et sincère. Il faut également instaurer un climat de confiance entre la justice et les justiciables. Vous savez que l’ancien Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana disait qu’il préfère l’ordre à la loi. Pourtant il est connu de tout le monde que la force doit rester à la loi. C’est cela l’Etat de droit, c’est cela la démocratie. Vous savez, dans nos sociétés, il faut éviter les frustrations et les injustices. Ces deux éléments sont des ennemis de la paix. Donc il faut faire attention aux injustices et aux frustrations. Notre sous-région reste profondément sous la menace des jihadistes. A voir de près, les vrais causes de cette instabilité, ce sont les injustices et les frustrations. Que Dieu nous en garde de toute forme d’instabilité.  De nos jours , la Guinée a ratifié toutes les chartes, toutes les conventions, tous les protocoles d’accord portant sur le respect des droits de l’homme et des libertés. C’est un devoir pour les autorités de veiller à leur application sur le terrain. La Charte du CNRD sacralise la vie humaine. Ce qui est une grande avancée. Mais les textes seuls ne suffisent pas. Il faut les appliquer sur le terrain. C’est ce que nous demandons aux autorités », a conclu ce responsable du programme de la Démocratie sans violence-Baïonnette intelligente.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45  

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