Dr Jules Kwamé Tolno sommé de déguerpir : « Ils sont venus de façon très arrogante, sans aucun papier, pour nous dire de quitter dans 3 jours »

Professeur de Droit à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, Dr Jules Kwané Tolno, est sommé de déguerpir de la maison qu’il occupe actuellement à la ‘’Cité des professeurs’’ à Camayenne (un quartier de la commune de Dixinn). Il est dans cette situation avec beaucoup d’autres citoyens qui habitent cette zone et qui occupent des villas du Patrimoine Bâti de l’Etat. Un délai de trois jours leur a été donné pour partir des lieux ; et, des gendarmes sont déjà postés pour veiller à ce que ce déguerpissement soit effectif.

Rencontré ce vendredi, 09 septembre 2022, Dr Jules Kwané Tolno a laissé entendre que son contrat avec le Patrimoine Bâti lui confère le droit d’habiter le bâtiment qu’il occupe pendant 16 ans encore. Mais, ce qui l’a surtout choqué, c’est la manière cavalière par laquelle les autorités sont passées pour l’obliger à vider les lieux.

« C’est vraiment dommage ce qui se passe dans ce pays. Il y a seulement 5 jours, les fonctionnaires du Patrimoine Bâti sont venus ici pour nous dire que le ministre de l’enseignement technique serait allé voir le président de la République pour lui demander de l’accorder la possibilité de déguerpir les familles riveraines à son école qui est le Centre de formation professionnelle (CFP) de Donka. Alors que nous nous sommes dans ces villas qui relèvent du Patrimoine Bâti. Donc, lorsqu’on vient nous dire que dans 3 jours nous devons quitter, que le ministre de l’enseignement professionnel aurait trouvé de l’argent pour faire une rénovation de grande envergure au niveau de l’école, ça nous surprend. Ils sont venus de façon très arrogante, sans aucun papier, pour nous dire de quitter dans 3 jours… Moi je suis professeur d’Université, vous avez le général Boundouka en face de moi ; et, derrière ici, il y a deux autres familles dont le médecin Dr Keïta, ancien chef de service à l’hôpital Donka. Et, tout près, Germain Doualamou, ancien ministre de l’éducation nationale et ancien vice-président de l’assemblée nationale. Tous ces cadres de l’Etat sont là ; mais, ils sont venus s’adresser à nous avec arrogance, en disant qu’ils n’épargneront rien. Celui qui restera jusqu’à samedi (donc demain), la personne risquerait de perdre sa vie dans son local avec ses enfants. Vous imaginez ce que ça fait », a expliqué Dr Jules Kwané Tolno.

Selon ce professeur de Droit, les gendarmes postés sur les lieux empêchent les déguerpis de sortir et d’emporter leurs meubles.

Docteur Jule Kwamé Tolno, professeur à l’université de Sonfonia

« Aujourd’hui, à notre grande surprise, ils nous disent de ne pas attendre demain. Parce qu’à 6 heures, les machines seront là. Pendant que nous sommes en train de tout mettre en œuvre pour  faire quitter tout et à temps, on envoie deux pick-up de militaires et de gendarmes armés jusqu’aux dents pour nous dire que rien ne sort des bâtiments, sauf les chaussures et les habits. Les meubles les plus importants, vous les laissez ici. Leur commandant aurait dit que personne ne touche à quoi que ce soit. Mais, il faut bien regarder les bâtiments là, ils ont été construits par l’ancien ministre Charles Pascal Tolno, ancien gouverneur de la ville de Conakry, ancien président de l’association panafricaine des écrivains. J’ai repris la concession en tant que professeur d’Université… Mais, aujourd’hui, il y a des gendarmes qui ont empêché les personnes vivant sous ma responsabilité de sortir avec certains de leurs effets. Ils sont en train de faire un contrôle systématique. Dans les conditions normales, je dois encore occuper les locaux pendant 16 ans. Mais, on me dit de libérer les locaux dans 3 jours, sous la pluie. Et, pourtant, il me reste encore 16 ans », a déploré Dr Jules Kwané Tolno.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

Tel : 620 589 527/664 413 227

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