Comme annoncé précédemment, le procès du massacre du 28 septembre 2009 se poursuit ce mardi, 04 octobre 2022, devant le tribunal ad hoc à Conakry. Les avocats de la défense se succèdent depuis le matin devant le tribunal pour soulever des « exceptions » ou pour formuler des demandes au bénéfice de leurs clients.
Me Pépé Antoine Lamah, a sollicité la mise en liberté et le placement dans une résidence surveillée de son client, Moussa Dadis Camara (ex président du CNDD, la junte qui avait pris le pouvoir en Guinée après le décès du Général Lansana Conté en 2008). Cet avocat a aussi dénoncé la « détention et la séquestration arbitraire et illégale » de l’ancien président de la Transition guinéenne (entre 2008 et 2009) qui, à son entendement, ne mérite pas ce traitement en tant qu’ancien Chef d’État.
« Mon client, Moussa Dadis Camara, a été invité à comparaître par devant vous monsieur le président, au tribunal de première instance de Dixinn. Le 23 septembre 2022, monsieur le procureur de la république près le tribunal de première instance de Dixinn a fait servir une habilitation à comparaître pour le 27 septembre 2022. Ce jour, monsieur Moussa Dadis Camara s’est déplacé à ses frais. Il était pressé pour regagner sa patrie après 13 ans d’exile forcé. Il a regagné Conakry le 26 septembre 2022. Et, aussitôt, le procureur nous a demandé de le rejoindre à son bureau pour un entretien.
C’est là, monsieur le président, en violation flagrante des dispositions de l’article 251 alinéa 1er du code de procédure pénale, que monsieur le procureur de la république a organisé l’endettement, l’arrestation et la séquestration de monsieur Moussa Dadis Camara et 5 autres de ses coaccusés. Monsieur le président, face à cette illégalité inédite, face à ce comportement déplorable, nous avions décidé de poser notre problème par devant vous. Dans un premier temps, on a pensé que ce n’était pas votre juridiction la bonne. Mais, après avoir fouillé, on a compris qu’il était important et même normal de poser la question devant vous. Pour avoir enfin votre position et éventuellement dégager une jurisprudence qui va servir de référence dans votre procédure.
Monsieur le président, notre demande s’articule autour de trois points. Le premier point, c’est sur la détention arbitraire du président Moussa Dadis Camara et 5 de ses coaccusés qui ont comparu par devant vous à l’audience préalable à l’ouvert des débats. Le deuxième point concernera la liberté par l’hypothèse dont vous estimez de notre premier point devant vous. Et, le dernier point, concernera la liberté dans une résidence surveillée.
Monsieur le président, nous sollicitons le placement en résidence surveillée de monsieur Moussa Dadis Camara. Il a 6 avocats, il a un domicile privé connu à Lambanyi. Il ne peut pas se soustraire à cette procédure. Vous conviendrez avec le capitaine Moussa Dadis Camara qu’il a fait preuve de bonne foi en se rendant en bonne collaboration avec la justice. Il n’a jamais eu l’intention de ce soustraire à cette procédure. J’aimerais ajouter ceci : on peut ne pas l’aimer, on peut être nourri de haine contre sa personne, mais avant tout, il a au moins eu le privilège que tout le monde n’a pas dans sa vie, celui de gouverner ce pays pendant au moins un an. Ce statut de président devrait peser dans la balance. C’est pourquoi nous sollicitons sa mise en liberté dans une résidence surveillée », a plaidé Me Antoine Pépé Lamah.
A noter que le ministère public et les avocats de la partie civile se sont opposés catégoriquement à toute libération ou de placement en résidence surveillée de Dadis Camara. Ils ont demandé au président du tribunal, Ibrahima Sory 2 Tounkra, de « rejeter les exceptions soulevées par les avocats de la Défense qui font preuve de leurs propres sentiments sans aucune base légale ».
À suivre !
Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com
Tel: +224 622079359
