Émouvant témoignage de la mère de Thierno Moussa, tué à Baïlobayah : « j’ai rencontré les 2 militaires…»

Mme Fatoumata Binta Barry, mère de Thierno Moussa Barry

La manifestation du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), organisée hier jeudi, a entraîné la mort de 3 personnes à dans le Grand Conakry. Parmi les victimes, figure Thierno Moussa Barry, âgé d’une vingtaine d’années, atteint par balle à Baïlobayah, dans Dubréka. L’émotion était vive ce vendredi, 21 octobre 2022, dans sa famille où sa mère dit avoir croisé les deux agents accusés d’être auteurs du tir mortel, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Selon nos informations, Thierno Moussa Barry était chauffeur de profession, originaire de la commune rurale de Koïn, dans la préfecture de Tougué. Il a été tué au secteur Kalokoya, du quartier Baïlobayah.

Sa mère, Fatoumata Binta Barry, a expliqué avoir elle-même découvert le corps de son fils juste après avoir rencontré ceux qui l’ont assassiné. « Mon fils a passé la journée à la maison ici, il dormait. Vers 19 heures, il ne m’a pas vu, il est parti à ma recherche. Il est allé jusqu’au carrefour où il a trouvé deux militaires qui étaient cachés. Lorsqu’il les a vus, il a rebroussé chemin. Dès qu’il a tourné le dos, ils ont tiré. Il est tombé. Moi, je revenais du marché. J’ai rencontré les deux militaires. Ils disaient c’est bon, c’est bon. Je suis venue jusqu’au carrefour et j’ai trouvé quelqu’un étalé de tout son long. Je me suis demandée qui ils ont tué. Je me suis approchée, j’ai trouvé que c’est mon fils. Il était couché, la bouche enfoncé dans le sable. J’ai regardé attentivement, j’ai réalisé que c’était bien mon fils. Il s’est marié il y a juste Un an et six mois. Je ne pardonnerai pas à ceux qui ont tué mon fils, parce qu’ils l’ont fait exprès. Tout ce que je disais à mon fils, il le faisait. Il faisait le linge pour moi, puisait de l’eau pour moi. Je ne sais pas actuellement où se trouve son corps », a expliqué la bonne femme.

Alpha Oumar Barry, chef secteur adjoint de Kalokoya (Baiïlobaya)

Pour le chef du secteur adjoint de Kalokoya, le jeune tué n’était pas du tout mêlé à la manifestation. « Hier, la majeure partie du quartier était en ébullition. Mais, lui, il a passé toute la journée à la maison. Il était couché jusqu’aux environs de 18 heures. Il a pris la décision d’aller voir sa mère qui fait son petit commerce de charbon au niveau du marché. Il est sorti ; mais, avant de bouger, il y a eu une altercation entre sa nièce et lui qui lui a dit de ne pas sortir avec la situation qui prévalait. Mais, il est parti. Il a traversé les rails, remonté la colline. A un certain niveau, il a rencontré un groupe de jeunes qui couraient en sens inverse. Il a pris la décision de rebrousser chemin. Mais, deux agents étaient embusqués derrière un avocatier. Dès que le jeune a décidé de retourner, le gars a envoyé une balle dans son dos… Il paraît qu’ils ont demandé à ce que le corps soit envoyé à Ignace Deen. Ils sont sur les démarches là maintenant. C’est la première fois qu’une personne est tuée dans notre quartier ici de façon aussi cruelle. Nous demandons aux autorités plus de protection pour la population, plus de justice pour les faibles parce que ce jeune n’était pas dans le mouvement. Çà, je le confirme », expliqué Alpha Oumar Barry.

Thierno Moussa Barry, le jour de son mariage

Amadou Lama Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 669 68 15 61

Facebook Comments Box