Hadja Aminata Diallo (90 ans) poursuit sa fille Houley Diop (70 ans) pour une maison à Conakry : « j’ai avancé en âge ; mais, je suis lucide »

C’est une situation très rare devant les juridictions guinéennes. Une mère et sa fille, toutes les deux avancées en âge, se retrouvent face à face devant le Tribunal correctionnel de Mafanco. Hadja Aminata Diallo, 90 ans, a trimballé sa fille, Houley Diop, 70 ans, devant cette juridiction pour des faits de destruction d’édifice privé, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui suit ce dossier.

A la barre hier, mercredi 16 novembre 2022, la prévenue a reconnu avoir démoli la maison en question, qui se trouve au quartier Dixinn. Mais, elle soutient que celle-ci lui avait déjà été octroyée par sa mère. « Elle m’a fait une donation de cette maison de deux pièces et un salon, située à Dixinn, il y a 45 ans. J’y ai vécu pendant 10 ans. Mais, depuis 14 ans, cette maison était inoccupée. J’étais allée à un moment à Dakar pour des soins médicaux, et c’est en 2022 que je suis revenue », a-t-elle expliqué. Pour elle, sa mère agit sous l’effet de la manipulation dans cette affaire.

« C’est mon petit frère, Moustapha Diop, qui manipule notre maman. On est au nombre de 8 enfants, ma mère a donné un domaine à chacun de nous. Moustapha Diop a vendu le sien et il s’est arrangé à vendre ceux des autres sans leur consentement. Cela fait 14 ans qu’il est en train d’essayer de vendre mon domaine. Dans un premier temps, l’affaire a été jugée au TPI de Dixinn, puis à la Cour d’appel et ensuite, à la Cour suprême. Mais moi, je ne reconnais pas ces jugements rendus, ma mère est très âgée. Quand je suis rentrée de Dakar, en mars 2022, la maison était presque en ruine, je suis allée à Kenien pour acheter des outils de démolition et avec l’aide des jeunes du quartier, nous avons démoli la maison », a expliqué Houley Diop.

Tenue par trois personnes, dont deux de ses petits-fils, pour venir à la barre, la plaignante a surpris tout le monde dans ses premières déclarations. « Je n’ai pas porté plainte contre Houley Diop. J’en ai fini avec elle depuis le 11 juin 2018 quand la Cour suprême a rendu sa décision en ma faveur », a-t-elle lancée. Lui-même étonné, le président du tribunal, Sékou Ibrahima Soumah, l’interroge alors sur le fait que Houley Diop est citée dans le dossier. « Mais, c’est Houley Diop qui est citée devant ce tribunal pour destruction d’édifice privé, ce n’est pas vous qui avez porté plainte contre elle ? », a-t-il demandé.

Dans sa réponse, la vieille dame cite d’autres noms qui n’étaient pas mentionnés dans le dossier. « Moi, c’est au beau-fils de Houley Diop, M. Fayed Fawaz, et son partenaire, Moussa Camara, que j’ai donné les clefs de la cour, puisqu’il y avait un contrat de bail établi entre Moussa Camara et moi. Je ne sais pas par quel moyen Houley Diop a obtenu les clefs de la cour. D’ailleurs, elle était à Dakar et on ne se parle plus depuis 9 ans maintenant. Ils veulent détourner mon domaine, alors que je suis encore vivante. C’est bien vrai que j’ai avancé en âge ; mais, je suis lucide, j’ai acquis ces biens toute seule sans l’aide de personne. Je demande à ce qu’ils remboursent la valeur de l’édifice qu’ils ont fait détruire, c’est tout ce que je souhaite », indiqué Hadja Aminata Diallo.

A la demande du ministère public, le procès a été renvoyé au 30 novembre pour la suite des débats.

Mamadou Tanou Bah pour Guineematin.com 

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