Immigration clandestine : Makagbé Camara et des mauritaniens poursuivis pour trafic illicite de migrants

Habillée en pull-over, se plaignant d’une pathologie et les deux mains enfouies sous ses vêtements, Makagbé Camara a comparu hier, mercredi 7 décembre 2022, devant le tribunal correctionnel de Kaloum. La prévenue est à la barre pour « escroquerie, complicité et trafic illicite de migrants ». La jeune dame a nié toute implication de ces faits qui lui sont reprochés, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Se présentant comme « une entrepreneure » devant cette juridiction, Makagbé Camara a clamé son innocence dans cette affaire.

« Moi, je suis une entrepreneure. Donc, souvent les cabinets de formation me recrutent pour dispenser des modules de formation. Je forme en informatique, en anglais… Tout récemment, au mois de mai passé, un cabinet m’a invité à donner la formation sur trois modules à Coyah. Le responsable m’a invité à son bureau pour qu’on s’entende sur les termes du contrat. Le jour de la formation, j’ai trouvé beaucoup de monde dans la salle, y compris des expatriés.  À peine commencé, je suis tombé malade. Je n’ai pu donner qu’un seul module en l’espace d’une semaine. On m’a parlé d’une localité à la frontière libérienne à propos de ma maladie. Je suis allée là-bas, mais en vain. J’ai quitté là-bas pour la Sierra Léone, toujours dans le cadre de mes soins. Là aussi, je n’ai eu que des calmants, la maladie persistait toujours. C’est ainsi que mes parents m’ont fait appel de rentrer au pays pour qu’on aille voir quelque part. J’étais sur le chemin du retour quand un agent s’est présenté à moi à Maférinyah comme étant en service à la direction du service de renseignements. Il m’a dit que je suis recherchée pour une affaire de trafic illicite de migrants. Donc, de lui donner 10 millions de francs guinéens pour qu’il me laisse. À défaut, qu’il allait appeler ses amis à Conakry pour venir m’arrêter. Il n’était muni ni d’une convocation, ni d’un mandat. Je lui ai dit que je quittais la Sierra Léone pour mes soins et je n’ai rien sur moi à lui donner. Pendant ce temps, il m’a conduite à la gendarmerie de Maférinyah. Il m’a retenue là-bas de 12 heures à 20 heures pour que je paie de l’argent. De 10 millions, il est passé à 5 millions. Le montant que je n’ai toujours pas eu à lui remettre. C’est pourquoi, il a appelé ses amis qui sont arrivés à 21 heures pour me déférer à Conakry. Arrivée à Conakry, ils m’ont conduite la même nuit à la DPJ (direction centrale de la police judiciaire) où j’ai passé deux jours avant de me transférer à la maison centrale », a expliqué cette entrepreneure de 32 ans.

Après cette déposition de la prévenue, le ministère public a sollicité une jonction de procédure. Selon lui, la présente procédure est annexée à une autre contre des mauritaniens poursuivis pour les mêmes faits d’escroquerie et de trafic illicite de migrants. Et, ces derniers auraient cités par madame Makagbé Camara à l’instruction.

En réponse à cette demande du ministère public, l’avocat de la défense a plutôt plaidé le tribunal de constater que sa cliente est poursuivie sous une fausse identité par le parquet et d’écarter l’opportunité d’une quelconque jonction de procédure dans cette affaire. L’avocat en a profité pour demander la mise en liberté provisoire de sa cliente qui est toujours souffrante.

Confrontée aux dires du substitut du procureur par le juge, pour son éventuelle accointance avec les mauritaniens qui sont poursuivis devant la même juridiction pour les mêmes faits, Makagbé Camara a nié avoir de lien avec ces derniers.

« Je suis née ici (en Guinée) ; mais, je n’ai pas grandi ici. Je n’étais pas au pays, ce n’est que le 1er janvier 2022 que je suis rentrée en Guinée. Je n’ai aucun lien avec les mauritaniens dont vous faites allusion », a-t-elle déclaré.

Interrogés pour la reconnaissance de madame Makagbé Camara, les quatre mauritaniens ont déclaré de n’avoir pas connu la prévenue.

Après ces échanges, le tribunal a rejeté la demande de mise en liberté provisoire de la prévenue en attendant de voir clair dans le dossier. Et, finalement, il a renvoyé l’affaire au 21 décembre 2022 pour la suite des débats.

Malick DIAKITÉ pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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