Facteurs de risque, conséquences, prévention… Dr Bob Souaré dit tout sur le Cancer de la prostate

Dr Mamadou Bobo Souaré, médecin en service de cancérologie au CHU de Donka

Le cancer de la prostate est une maladie connue chez les hommes à partir de l’âge de soixante ans. Cette maladie est le premier cancer de l’homme au monde et le 4ème en Guinée, disent des spécialistes. Pour parler de cette maladie, un reporter de Guineematin.com a donné la parole au Docteur Mamadou Bobo Souaré en service à la cancérologie du CHU de Donka dans la journée d’hier, mardi 13 décembre 2022. Il a été question entre-autres des facteurs de risque, des manifestations, des conséquences et de la prévention du cancer de la prostate.

Selon Dr Mamadou Bobo Souaré, le cancer de la prostate évolue longtemps sans bruit. « Le cancer de la prostate est une maladie qui se développe au niveau des cellules de la prostate. Ces cellules se multiplient et envahissent toute la prostate. C’est en ce moment qu’on parle de cancer de la prostate. C’est une maladie qui évolue longtemps à bas bruit. Les signes du cancer de la prostate ne sont pas forcément spécifiques au cancer de la prostate. Les signes, également, apparaissent de façon tardive, le plus souvent il peut s’agir d’une douleur, quand on a envie d’uriner, ou bien des urines qui viennent difficiles ou alors ça peut être également un besoin de pousser en urinant ».

Il n’y a pas de causes évidentes, soutient Dr Souaré. « En matière de cancer, il n’y a pas de cause évidente. Il y a des facteurs de risque. Il y a trois types de facteurs de risque pour le cancer de la prostate. Il y a des facteurs de risque individuels, il y a des facteurs de risque comportementaux, il y a des facteurs environnementaux. Alors, pour les facteurs individuels, c’est le premier facteur incriminé, c’est l’âge. Parce que le cancer de la prostate survient le plus souvent sur les personnes âgées autour de 60 ans, plus l’âge monte, plus le risque du cancer est élevé parfois autour de 40 % après 75 ans. Egalement nous avons l’hérédité et les antécédents de cancer de la famille, si on a un parent qui a fait déjà un cancer du sein ou de la prostate ou un autre cancer on est à risque de faire un autre cancer. Il y a également les facteurs génétiques, notamment certains gènes retrouvés dans certains cancers, s’ils sont présents chez l’individu, il a un fort potentiel de développer un cancer de la prostate. Il y a également l’origine ethnique, les personnes noires sont plus exposées à faire le cancer de la prostate par rapport à la race blanche par exemple. Les facteurs comportementaux, c’est le surpoids, c’est l’obésité, c’est la consommation d’aliments riches en gras, c’est la consommation d’alcool. Et dans certaines études également, on met en évidence l’implication d’une consommation excessive de calcium et également de vitamine D dans la survenue du cancer. Alors, les autres facteurs environnementaux, ce sont des facteurs liés à l’exposition de certains éléments radioactifs le plus souvent, ou encore des peintures qui contiennent du sélénium, ces facteurs peuvent induire la survenu de cancer de la prostate », explique Dr Mamadou Bobo Souaré.

Une certaine opinion pense que l’absence de rapports sexuels peut être un facteur de risque. Dr Souaré apporte des précisions. « Certaines études ont montré plutôt que ceci est un facteur protecteur, que l’activité sexuelle intense pourrait protéger un individu contre le cancer de la prostate. Mais ceci encore reste à prouver par les études. Il n’y a pas suffisamment d’études pour détailler cette hypothèse, mais il est quand même établi que les rapports sexuels fréquents au moins pour l’homme, 21 éjaculations par mois, pourraient protéger contre le cancer de la prostate. Il reste à savoir également, parce que les personnes les plus atteintes, ce sont des personnes âgées autour de 60 ans. Est-ce qu’une personne qui a 60 ans peut faire 21 éjaculations par mois ? C’est ça la grosse question. Ce n’est pas vérifier scientifiquement, donc on prend ça avec des pincettes », indique-t-il.

Parlant des statistiques de la maladie, Dr Bobo Souaré a levé un coin de voile. « Il faut savoir que c’est le premier cancer dans le monde chez les hommes. Chez nous ici, la proportion est encore très faible… Il y a des cas de cancer de la prostate, mais en 2020, on avait enregistré 699 nouveaux cas. C’est le 4ème cancer en termes de chiffres chez nous, après celui du foie, du col de l’utérus et du sein. Donc, c’est quand même important sa fréquence bien qu’il soit sous notifié, c’est-à-dire ce n’est pas tous les cas qui sont enregistrés au niveau du service hospitalier ».

Dr Mamadou Bobo Souaré, médecin en service de cancérologie au CHU de Donka

Que dire des conséquences du cancer de la prostate ? « Il faut savoir que cette maladie a plusieurs conséquences. Tant sur le plan socio-psychologique, parce qu’un cancer quand même, ça affecte la personne dans ses émotions. Il y a des troubles émotionnels qui peuvent intéresser la personne, il y a également les douleurs physiques qui sont présentes, il y a également la gêne que cela pourrait entraîner pour une personne de se promener avec une sonde régulièrement, ou alors ne serait-ce que l’impact économique de cette maladie. Parce que pour traiter un cancer il faut beaucoup de moyens », explique-t-il.

Pour éviter le cancer de la prostate, Dr Mamadou Bobo Souaré conseille : « il faut avoir une bonne hygiène de vie, il faut généralement utiliser la règle de 0-5-30 : c’est-à-dire 0 alcool, ne pas consommer d’alcool du tout, et puis si c’est possible également, consommer régulièrement au moins 5 fruits et légumes par jour ; à côté de ça, faire une activité régulière de 30 minutes d’exercice physique et surtout éviter de manger trop gras, trop salé et trop sucré.

Que faire pour le traitement du cancer de la prostate ? « D’abord avant de traiter, il faut faire le diagnostic. Le diagnostic généralement se fait à travers un examen physique, c’est le toucher rectal qui apprécie l’état clinique de la prostate, ensuite il faut faire d’autres examens biologiques pour déterminer le taux de PSA et également faire des biopsies pour confirmer le cancer de la prostate. En matière de traitement, il y a toute une panoplie de traitements de la prostate, ça dépend du stade.  Il y a la chirurgie qui est possible au stade précoce, il y a également la radiothérapie, la chimiothérapie et l’hormonothérapie qui est entré en jeu dans le traitement du cancer de la prostate », a-t-il fait savoir.

A la question de savoir pourquoi les jeunes sont moins touchés, notre interlocuteur répond et donne des conseils : « Ça peut s’expliquer par le fait que la prostate, au cours de la vie normale d’un individu, augmente progressivement de volume. Au départ, elle a la taille d’une balle de ping-pong, vers les 60-70 ans elle a la taille d’un ballon de tennis. Donc, ce sont ces modifications structurelles de la prostate qui peuvent entraîner des dégénérescences sous l’influence des facteurs qu’on a cités tout à l’heure… La première des choses que je vais demander aux personnes autour de 60 ans, c’est-à-dire 50 ans jusqu’au-delà, c’est d’abord avant tout de se faire dépister. C’est important de connaître son statut. Ce dépistage n’est pas compliqué, tout médecin peut le faire, il faut faire un toucher rectal, un taux de PSA. Et si le taux de PSA est élevé ou le toucher rectal est anormal, vous continuez les investigations à travers la biopsie prostatique. Et également à tout le monde d’effectuer une activité physique régulière et d’avoir en gros une vie saine », conseillé Dr Bobo Souaré, du service Cancérologie de Donka.

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com

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