La situation des prisonniers devrait bientôt changer en Guinée. Ils pourraient être amenés à faire des travaux d’intérêt général, notamment la mise en valeur de champs de riz et de fonio. C’est le ministre de la Justice et des droits de l’homme qui l’a annoncé ce jeudi, 15 décembre 2022, lors d’une visite qu’il a effectuée à la Maison centrale de Conakry.
Alphonse Charles Wright s’est rendu à la Maison centrale de Conakry pour deux raisons : échanger avec le régisseur la rénovation et l’extension de la plus grande prison du pays, et s’entretenir avec les prisonniers sur leurs conditions de détention. Au sortir de sa visite, le ministre de la Justice et des droits de l’homme a fait savoir que le projet de rénovation et d’extension de la Maison centrale vise à créer des conditions de détention respectant les standards internationaux. Selon lui, les travaux vont débuter la semaine prochaine et s’étendre sur trois. Il s’agira de construire un nouvel immeuble sur l’espace non occupé, avant de rénover les bâtiments existants. Le ministre reconnaît que la prison est actuellement pléthorique, mais il se félicite des efforts déployés par les autorités de la transition dans le cadre du respect des droits des détenus.
« Il n’y a pas de rupture entre les gens qui sont détenus à la Maison centrale et le ministère de la Justice. Pour preuve, aujourd’hui, ils m’ont chargé de remercier monsieur le président de la Transition d’avoir pris toutes les mesures qu’il faut par rapport au respect de leurs droits en milieu carcéral. Nous avons eu un entretien avec Honorable Damaro, Capitaine Moussa Dadis Camara, M. Claude Pivi, mais aussi avec le médecin chef pour ce qui est des soucis de santé que les uns et les autres ont exprimés. Globalement, leur prise en charge est assurée par le département de la Justice, et ils nous ont dit qu’ils vont mieux », a-t-il assuré, ajoutant qu’il va rencontrer également l’ex Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, et les responsables du FNDC, Oumar Sylla, alias Foniké Menguè et Ibrahima Diallo.
Par ailleurs, Charles Wright annonce que son département ambitionne de faire participer les détenus à des travaux d’intérêt général. Ce qui aura, selon lui, un double avantage : permettre à l’État d’avoir une main d’œuvre et faciliter la réinsertion des prisonniers après leur sortie de prison. « Si vous regardez combien ça coûte à l’administration pénitentiaire pour nourrir un détenu, c’est neuf mille (9000) francs par jour. Neuf mille francs par jour pour nourrir un détenu. Donc, combien nous déployons en termes de subvention par rapport à la nourriture ? Parce qu’il n’y a pas que la Maison centrale de Conakry, il y a aussi celles de l’intérieur du pays.
Cela est tout à fait normal, parce que les gens ne peuvent pas être détenus sans avoir à manger. Mais qu’est-ce qu’on a vu comme expérience ailleurs ? Les gens qui sont en conflit avec la loi, ce sont des bras valides, on peut mettre en valeur des champs de riz, de fonio, et mettre ces gens-là à contribution pour les travaux d’intérêt général. Les primes qu’ils vont gagner en faisant ces travaux, que ça puisse aussi les aider à pouvoir faire quelque chose à leur sortie de prison. La fonction de la prison n’est pas que punitive. Elle a aussi une fonction de préparation pour une meilleure réinsertion sociale. Comment voulez-vous qu’on réinsère quelqu’un qui est désœuvré, qui n’a pas de boulot ? ».
Dans ce même cadre, le ministre de la Justice et des droits de l’homme ajoute que les mineurs détenus pourront poursuivre leurs études en prison. « Comme le président l’a dit, même les enfants mineurs qui sont là, à partir du 1er janvier, il faut qu’ils suivent des formations comme les enfants qui sont dans les autres écoles. Quelqu’un qui doit passer le brevet, doit avoir la possibilité d’avoir un professeur ici pour qu’il passe le brevet. Parce que s’il arrête les études, il reste en prison pendant quelques années, qu’est-ce qu’il va faire à sa sortie ? On va préparer un délinquant potentiel », a dit Alphonse Charles Wright.
Le ministre espère que les partenaires financiers vont appuyer le gouvernement guinéen pour lui permettre de réaliser ses ambitions en matière des droits de l’homme.
Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com
