Bilan du CONOR en 2022 : « nous n’allons pas dire qu’il est élogieux, mais… » (Lanciné Kabassan Kéita)

Kabassan Lancinet Keïta, Secrétaire général de la FEGUIFOOT

En 2022, le football guinéen a continué à supporter les effets de la dissolution en 2021 du Comité exécutif de la Fédération guinéenne de football (Féguifoot) et la mise en place d’un Comité de normalisation (CONOR). La démarche visait à permettre à ce comité de gérer les affaires courantes, en toilettant les textes avant d’organiser des élections pour sortir de l’impasse. Bien que le football guinéen soit aujourd’hui dans des difficultés, le CONOR a réussi, bon an mal an, à réaliser des activités courant 2022. Lancinet Kabassan Kéita, secrétaire général de la FEGUIFOOT, interrogé par un reporter de Guineematin.com, se dit satisfait de ce qui a été fait durant l’année écoulée.

Participation des équipes nationales de football aux différentes compétitions africaines, formation des entraîneurs pour l’obtention des Licence B CAF ; formation des arbitres ; construction d’infrastructures sportives, sont entre-autres les grandes lignes qui ont marqué les activités du CONOR au cours de l’année 2022. C’est qu’indique Kabassan Lancinet Keïta, Secrétaire général de la FEGUIFOOT.

Guineematin.com : quel bilan pouvons-nous tirer de la gestion du CONOR du 1er janvier au 31 décembre 2022 ?

Kabassan Lancinet Keïta : merci de l’opportunité que vous m’offrez pour parler du bilan du Comité de Normalisation de la Fédération Guinéenne de Football (CONOR) de l’année qui vient de s’écouler. Vous vous souviendrez que le CONOR pour la FEGUIFOOT a été installé le 1er décembre 2021. Donc avec un mandat, c’était de gérer les affaires courantes et puis de voir, avec l’administration de la FIFA et de la CAF, comment organiser les élections pour mettre en place un nouveau comité exécutif pour la FEGUIFOOT. Pour le mandat avec le premier point qui est la gestion des affaires courantes, le CONOR, avec l’administration fédérale, les deux institutions ont eu à travailler sur la participation de la Guinée à la CAN 2022 au Cameroun et malheureusement la Guinée a été éliminée en huitièmes de finale. Suite à cette élimination, il y a eu l’appel d’offres pour le recrutement d’un entraîneur. Il y a un staff qui est mis en place. Aujourd’hui, nous avons une équipe nationale avec un staff qui participe aux éliminatoires de la CAN, Côte d’Ivoire 2023. Aujourd’hui, nous sommes 3ème, c’est-à-dire deuxième ex-aequo dans notre poule (composée de l’Egypte, du Malawi et de l’Ethiopie, ndlr) et tout se passe pour le moment dans les meilleures conditions avec le Syli A. Les autres équipes ont participé à leurs compétitions, à savoir les filles en Cadets et en Senior. Les Juniors ont participé à leur tournoi. Malheureusement, ces différentes équipes ont été éliminées. Ça, c’était sur le plan sportif. Nous avons cherché à renouer avec le Maroc par rapport à la convention qui existait entre la Guinée et le Maroc. Heureusement, cette convention a été réchauffée. Ça nous a permis de former des entraîneurs de la Licence B. Vous savez qu’actuellement, pour officier en Ligue des champions, il faut avoir la Licence A CAF. La Guinée n’avait même pas autant d’entraîneurs en Licence B. Aujourd’hui, on a qu’un seul entraîneur en Licence A. Et donc, il fallait former des gens en Licence B. Nous avons mis l’accent sur la formation. Nous sommes heureux de vous informer qu’aujourd’hui, nous avons 25 nouveaux entraîneurs qui ont la licence B-CAF ; donc, qui s’ajoutent aux 5 qui sont actuellement en fonction en Guinée. Ça peut nous permettre d’organiser la formation pour la licence A. Pour faire une telle formation, il faut avoir 25 candidats. Donc, à partir de l’année prochaine, nous comptons nous projeter pour former les entraîneurs de Licence A. Ce qui va permettre à nos clubs d’avoir des entraîneurs de Licence A qui sont des locaux. En plus de cela, nous avons eu à continuer des formations. Plusieurs arbitres ont été formés. Nous avons eu à faire des stages avec des arbitres internationaux et avec les instructeurs nationaux qui ont eux-aussi été formés. Les compétitions au niveau local ont été organisées. Nous avons pu terminer le championnat des filles en Ligue 1 et en Ligue 2. Nous avons entamé le championnat professionnel de la Ligue 1 avec le changement du comité exécutif de la Ligue guinéenne de football professionnel (LGFP). C’est vrai que ce changement a eu à retarder un peu le démarrage du championnat, mais nous sommes fiers aujourd’hui des clubs qui participent à ce championnat, et qui se joue dans de meilleures conditions.

Guineematin.com : on constate que notre pays est en manque criard d’infrastructures sportives. Est-ce que le CONOR a mené des démarches pour résoudre ce problème ?

Kabassan Lancinet Keïta : sur le plan des infrastructures, aujourd’hui, le centre technique de Nongo est en rénovation. Vous savez, ce centre abrite aussi l’académie nationale de la FEGUIFOOT. Donc, nous avons eu un accord avec la FIFA pour la rénovation du centre technique de Nongo. Et donc, cette rénovation est en cours. Le deuxième terrain du centre technique de Nongo est presqu’en finition. Il va être inauguré en fin janvier avec électrification. Donc, ce qui va permettre à nos académiciens qui sont là-bas de bien suivre leur cours à l’école et venir faire des entraînements nocturnes. On pourra même organiser des matchs nocturnes au centre technique de Nongo. La deuxième pelouse du centre technique va être aussi remplacée, vue sa vétusté. En Guinée, il y a eu des contrats sportifs. Mais ce que le CONOR a pu débloquer avec la signature de la convention avec GUICOPRES, était une première. 15 milliards GNF par an sur 4 ans. Les 15 milliards ne sont pas tous en numéraires. C’est-à-dire que nous avons les 50% ce qui veut dire, 7 milliards 500 millions en cash et les autres 7 milliards 500 millions vont être en équipement et en infrastructures. Donc, nous avons pu avoir avec notre partenaire qui est GUICOPRES, nous avons eu des équipements pour nos arbitres. Nos arbitres vont avoir des équipements. Donc, on va avoir des oreillettes pour la première fois dans le championnat. Et puis des tableaux électroniques de changements. Donc, nous avons eu tout ça avec notre partenaire GUICOPRES. Le centre d’hébergement de Nongo qui est en construction depuis 2013, nous avons eu un accord avec notre partenaire pour la finalisation des travaux de ce centre d’hébergement avec ses dépendants. C’est-à-dire qu’on va avoir une piscine à l’intérieur, une buanderie, une cuisine. Tout ça, pour permettre d’héberger nos équipes nationales parce que l’hébergement de nos équipes nationales coûte excessivement cher à l’État. Donc, avec notre centre d’hébergement, on espère que ça va réduire les différents coûts. Le stade annexe du stade 28 septembre aussi est une partie des propriétés de la FEGUIFOOT. Donc, un accord a été trouvé avec le même partenaire pour reprendre la pelouse du stade annexe, construire les vestiaires et faire un amendement de ce stade annexe. Donc en gros, c’est ce bilan que je peux vous donner. Nous n’allons pas dire qu’il est élogieux, mais je sais que pour les amoureux du football, ils savent qu’un grand travail a été fait.

Guineematin.com : avez-vous enregistré des difficultés dans la gestion au cours de l’année ?

Kabassan Lancinet Keïta, Secrétaire général de la FEGUIFOOT

Kabassan Lancinet Keïta : en harmonie avec la FIFA et la CAF, un chronogramme a été mis en place. Un travail a été fait pour amender les textes. Les membres statutaires ont été consultés. Il y a eu un travail qui a été fait, et la FIFA et la CAF avaient des principes et des directives qui ont été ajoutés à ce texte. Malheureusement, ces textes ont été rejetés par les membres statutaires, mais nous continuons toujours à travailler pour que les gens comprennent que le football a évolué et que les textes aussi doivent évoluer. Donc, on ne peut plus se cramponner à ses anciennes dispositions qui étaient dans les anciens textes. Donc, il faut faire évoluer les choses. Ça, c’est une grosse difficulté. Parce que le travail du CONOR, c’est d’amender les textes et d’aller vers les élections. Les textes qui sont amendés, qui sont pour la FIFA, la CAF et le CONOR, c’est un texte qui est vraiment moderne et qui est là pour développer le football et qui a été enregistré par la grande majorité des membres statutaires. Il faut se dire que c’est un échec. Il ne faut pas se le cacher. C’est un échec mais vous savez, nous sommes des grands sportifs. C’est à travers un échec qu’on rebondit pour avoir de belles victoires. C’est pourquoi nous continuons à travailler avec la FIFA, la CAF et absolument avec les membres statutaires pour leur faire comprendre que ces textes doivent être votés pour nous permettre de mettre un bureau exécutif rapidement en place qui va continuer le travail. La FIFA rentre dans le projet FORWARD 3.0 qui a démarré le 1er janvier 2023 jusqu’au 31 décembre 2026. Et cela doit être mis en place par un comité de normalisation. La Guinée, nous serons obligés de démarrer et le comité exécutif qui sera mis en place continuera avec le projet. Et nous sommes très fiers de notre bilan. Mais nous regrettons cet échec qui est le rejet des statuts, mais nous sommes aussi ragaillardis parce qu’avec tous ces résultats, nous allons continuer à travailler avec les membres statutaires pour que ces textes soient adoptés le plus rapidement que possible pour qu’on puisse mettre un comité exécutif en place.

Guineematin.com : Pour cette année 2023, quels sont les principaux défis à relever ?

Kabassan Lancinet Keïta : les perspectives, elles sont de plusieurs ordres. Sur le plan compétition, il faut rapidement se mettre au travail pour préparer les éliminatoires de la CAN Côte d’Ivoire 2023 pour permettre à notre équipe, le Syli, de se qualifier. Nous avons nos Espoirs, les U23, qui sont en compétition pour la CAN de leur catégorie, qui est aussi une compétition qualificative pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Ils sont en préparation, ils doivent être bientôt à Conakry. Mais les perspectives vont dans la formation des cadres administratifs à l’intérieur, les arbitres, les entraîneurs. Il y a eu beaucoup de formations à Conakry pour la Licence B. À partir de l’année prochaine, nous allons vers l’intérieur du pays pour que les entraîneurs de l’intérieur du pays soient formés pour la licence 2. Ce qui est surtout primordial, c’est qu’en fin d’année qu’on puisse avoir des entraîneurs avec la licence A CAF. Ça, c’est une obligation. Dans un an, ça doit être organisé pour permettre à notre pays d’avoir des entraîneurs de Licence A pour que nous puissions avoir des entraîneurs pour nos clubs en compétence africaine. Sur le plan des infrastructures, ce que nous préparons est donc la pose des pelouses synthétiques à Nongo et au stade du 28 septembre. Il y a le centre technique rénové, il y a le centre d’hébergement qu’il faut finaliser rapidement. Et puis nous venons d’avoir avec la ligue de Labé un domaine de près de 3 hectares que nous allons proposer dans le projet FORWARD 3.0. Pour qu’un centre régional de formation soit à ce niveau, avec les logements, des terrains pour permettre la vie d’une académie là-bas. Il faut obligatoirement, avant la fin de ce projet FORWARS 3.0, que la région forestière soit aussi dotée d’un terrain de compétition. Parce qu’aujourd’hui, nous avons Kankan qui a ses gazons, il y a Labé et Kindia. Mais la région de la Forêt n’a pas un terrain gazonné. Donc, ça c’est une de nos perspectives que nous tenons à réaliser.

Interview réalisée par Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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