Braquage d’une boutique d’Orange Money à Bambéto : 4 accusés à la Cour d’Appel de Conakry

C’est une affaire de vol à main armée qui a eu lieu le 9 février 2012 dans une boutique d’Orange Money à Bambéto, dans la commune de Ratoma. Elle avait coûté la vie à une personne. Parmi les sept accusés dans cette affaire, quatre avaient été reconnus coupables et condamnés à 15 ans d’emprisonnement, avec 10 ans de sûreté, au tribunal de première instance de Dixinn. Ce sont : Ibrahima Bah, Mamadou Djouma Diallo, Sékouba Keita et Ibrahima Ly. Leur procès en appel s’est ouvert dans la journée d’hier, jeudi 19 janvier 2023, à la Cour d’Appel de Conakry, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Le dossier avait été jugé au tribunal criminel de Dixinn. Le 27 mai 2019, les 4 accusés en détention : Ibrahima Bah, Mamadou Djouma Diallo, Sékouba Keita et Ibrahima Ly sont condamnés à 15 ans d’emprisonnement, avec une période de sûreté de 10 ans.

Dans cette affaire, ce sont au total sept (7) personnes qui sont mises en cause. Ibrahima Bah, Mamadou Djouma Diallo, alias Faouzi, Sékouba Keita, Ibrahima Ly alias Mouzby, ont été entendus ce jeudi. Deux (2) autres, Mamadou Saïdou Diallo, dit Tos, et Amadou Sadio Barry ont pris la fuite après avoir été placés sous mandat dépôt à la maison de Conakry. Le 7ème accusé, Ibrahima Sow, dit Général, est décédé.

A la barre de la Cour d’Appel, les accusés ont opté pour la négation des faits. L’affaire remonte au 9 février 2012 quand des individus armés ont attaqué une boutique d’Orange Money à Bambéto. Selon l’accusation, ils avaient emporté deux cartons de cartes de recharge et un montant de 5 millions GNF. Selon le procès-verbal de la victime fait au cabinet d’instruction et lu ce jeudi par le président de la chambre criminelle de la Cour d’Appel, le plaignant a déclaré avoir perdu 254 millions 848 mille GNF.

A cette audience, la partie civile, Elhadj Nouhou Diallo, a brillé par son absence. Par contre les 4 accusés, tous en détention à la maison d’arrêt de Conakry, ont comparu devant le juge Mohamed Cissé. Interrogé sur ces faits qui ont coûté la vie à une personne, Ibrahima Bah, considéré comme étant le cerveau de cette opération, dit n’y avoir jamais pris part. Faisant lecture de son procès-verbal fait au cabinet d’instruction, le juge le fait citer en ces termes : « je reconnais avoir participé à l’attaque. On s’est retrouvé chez moi à Bomboli avant de procéder à l’opération. Au cours de l’opération Mamadou Saïdou Diallo dit Tos a tiré sur un homme et cet homme est décédé. C’est Tos qui avait l’arme. Moi je n’avais de l’arme. Pendant trois ans on organisait des vols à main armée mais celui de Bambéto est notre plus grande réussite ».

Mais ces propos, il les a rejetés en bloc à la barre devant le juge de la chambre criminelle. Pour lui, ces propos ne sont pas de lui, même s’il reconnaît avoir été interrogé sans torture, ni injures et avoir signé. Même son de cloche chez les 3 autres coaccusés, à savoir Mamadou Djouma Diallo, Sékouba Keita et Ibrahima Ly qui ont juré eux-aussi n’avoir jamais pris part à cette attaque du 9 février 2012 à Bambéto. Ils affirment avoir été torturés lors de l’enquête préliminaire par des gendarmes avant d’être conduits devant le juge d’instruction.

Au terme des débats, les plaidoiries et les réquisitions s’en sont immédiatement suivies. Le ministère public a tout simplement sollicité la confirmation de l’ordonnance en date du 27 mai 2019 du tribunal criminel de Dixinn qui a condamné les 4 accusés à 15 de prison dont 10 ans de sûreté chacun.

Dans ses plaidoiries l’avocat de la défense, Me Elhadj Madiou Barry a demandé de rejeter les réquisitions du parquet et d’ordonner l’acquittement pur et simple de ses clients. « Monsieur le président, vous avez vu le contenu des procès-verbaux des accusés ici présents devant vous. Ce sont des procès-verbaux où il y a des irrégularités notoires. Par le disfonctionnement du service d’instruction, les droits de ces accusés ici à la barre ont été violés et c’est pourquoi, cette affaire est en appel devant votre Cour. Les accusés ont décidé d’interjeter appel parce qu’il y a beaucoup d’irrégularités dans leurs procès-verbaux. Ces irrégularités ont porté une atteinte grave aux droits des accusés ici présents. Monsieur Ibrahima Bah a été arrêté à son domicile sur dénonciation. Monsieur Ibrahima Ly a été arrêté à son lieu de travail par le fait que son numéro de téléphone se retrouve dans le téléphone quelqu’un. C’est qui est constant dans les déclarations des accusés, c’est qu’on dit : on m’a dit, j’ai entendu. Il n’y a jamais eu des témoins qui ont dit qu’ils ont vu un d’entre eux sur les lieux lors de l’opération de vol à main armée qu’on les reproche. Il y a eu une violation des dispositions de l’article 143 du code de procédure pénale en ce qui concerne cette affaire. Sinon, pourquoi les cartons de cartes de recharge n’ont pas été déférés en même temps que les accusés ? Nous savons qu’en matière pénale, ce sont les preuves matérielles et morales. Alors dans ce dossier, il n’y a eu aucune preuve contre les clients. Ces gens-là ont passé plusieurs années de leur vie en détention. Ils vous ont déclaré ici qu’ils été torturés avant d’être déférés. Vous voyez qu’ils ont perdu une partie de leur jeunesse en prison. Nous, nous ne contestons pas qu’il y ait eu vol à main armée à Bambéto. Mais nous contestons la culpabilité de ces accusés dans cette affaire. C’est pourquoi monsieur le président, nous plaidons non coupables et vous demandons d’ordonner leur acquittement pur simple en infirmant purement et simplement l’ordonnance prise par le tribunal de première instance de Dixinn. Et si par miracle, vous allez entrer en condamnation, nous plaidons qu’il vous plaise de les condamner au temps qu’ils ont mis en prison », a plaidé maitre Barry.

La Cour a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 2 février 2023.

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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