Nouvelle sanction de la CEDEAO contre la Guinée : « on est en train de mettre notre pays en retard », déplore Dr Zoutomou

Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou, président de l'UDRP

En sommet extraordinaire à Addis-Abebas (en marge du sommet ordinaire de l’Union africaine) avant-hier, samedi 18 février 2023, la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) s’est montrée plus ferme face à la Guinée, le Mali et le Burkina Faso. Ces trois pays sont actuellement en Transition et sont dirigés par des juntes militaires qui peinent à rassurer la CEDEAO. Et, l’organisation sous-régionale vient d’annoncer de nouvelles sanctions à leur encontre. Elle a notamment annoncé une « interdiction de voyager » contre les membres du gouvernement et des hauts fonctionnaires de ces trois pays.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce lundi, Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou, acteur guinéen et président de l’UDRP (Union démocratique pour le renouveau et le progrès) a regretté ces sanctions qui s’accumulent contre son pays. Il assure que ces sanctions de la CEDEAO étaient prévisibles eu égard de la situation sociopolitique en Guinée. Mais, il a aussi attiré l’attention sur les conséquences de telles sanctions sur la vie de la Guinée.

« Moi, je ne suis pas du tout surpris, parce que c’est ce que nous avons toujours martelé ici… La résolution des crises qui existent aujourd’hui dans ces trois pays (Guinée, Mali et Burkina Faso) passe nécessairement par la CEDEAO. A un moment donné, surtout en Guinée, nous avons pensé que la résolution passait par la création ou la mise en place d’un dialogue inclusif suivant les recommandations de la CEDEAO. Mais, on ne peut pas faire unilatéralement, faire semblant de créer ce cadre, alors qu’on est en train d’imposer quelque chose en réalité. Et, aujourd’hui, la CEDEAO a balayé du revers de la main ce que le CNRD est en train de faire en Guinée… Alors, si on a pensé que la CEDEAO a oublié les sanctions, moi j’ai toujours dit que ce sont des gens qui sont en train de prendre leur temps parce qu’ils savent qu’ils sont en train de jouer leur crédibilité. Et, aujourd’hui, la CEDEAO vient de prouver qu’elle a pris à bras le corps ce problème… Il ne faut pas qu’on se leurre. Nous sommes à une phase où on doit mettre fin à l’unilatéralisme. Ce pays (la Guinée) n’appartient pas au CNRD ou aux partis politiques, il appartient à tous les Guinéens. Donc, si nous sommes en Transition, il faut qu’on fasse en sorte que tout le monde fasse partie du problème et des solutions. Mais, je ne suis pas surpris de ces sanctions ; et, c’est quand même dommage pour notre pays. C’est un camouflet. Parce que ces sanctions auront des conséquences énormes sur notre pays. Il y a des rencontres internationales qui se font et autour desquelles on décide des projets, des politiques d’aide au développement. Et, il faut y être pour comprendre ce qui s’y passe. Or, avec cette interdiction de voyager, le principe de subsidiarité peut bien s’appliquer. Si la CEDEAO vous interdit de voyager, cette interdiction va au-delà des frontières de l’Afrique. Donc, c’est notre pays qu’on est en train de mettre en retard », a indiqué Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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