Sanction de la CEDEAO contre la Guinée : « ce n’est pas normal », dénonce Ibrahima Sory (ADC-BOC)

Dr Ibrahima Sory Diallo, président de l'ADC-BOC

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) vient d’accentuer la pression sur les juntes militaires au pouvoir en Guinée, au Mali et au Burkina Faso. L’organisation sous-régionale –en sommet extraordinaire à Addis-Abebas- a imposé avant-hier, samedi 18 février 2023, « une interdiction de voyager aux membres du gouvernement et autres hauts fonctionnaires » de ces trois pays. Une sanction de plus qui vient alourdir le poids sur les militaires en vue d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Mais, pour Dr Ibrahima Sory Diallo, acteur politique guinéen et président de la coalition ADC-BOC, cette nouvelle sanction de la CEDEAO n’est pas opportune.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce lundi, cet ancien député guinéen a trouvé « pas normal » cette interdiction de voyager. Et, il a demandé à la CEDEAO de revoir cette décision pour éviter de créer d’autres problèmes.

Dr Ibrahima Sory Diallo a aussi émis un doute sur la fidélité du rapport transmis à la CEDEAO par la « comité de suivi » de la transition en Guinée et a invité l’organisation sous-régionale à éviter d’être « un soutien à certaines personnes » qui ternissent l’image de la Guinée depuis l’étranger.

« La Guinée est un pays membre de la CEDEAO et on a les mains liées par rapport à toutes les dispositions prises par la CEDEAO. Donc, je n’encouragerais pas la junte (le CNRD) de braver ou d’engager un bras de fer avec la CEDEAO. Déjà, avec la CEDEAO il y a eu des avancées où la commission technique est venue travailler avec la junte et un accord tripartite a été trouvé avec un chronogramme de 24 mois. Cela est en train d’être évacué, parce que le chronogramme a commencé le 1er janvier 2023. Et, aujourd’hui, si la CEDEAO se retrouve pour prendre des décisions, je me demande si le comité de suivi a fait un rapport fidèle par rapport à ce qui se passe ici. Parce que nous nous sommes dans un cadre de dialogue qui a pris en compte toutes les préoccupations de la CEDEAO. Si aujourd’hui on interdit aux membres du CNRD et du gouvernement de voyager, ça constitue vraiment un problème. Il faut que la CEDEAO fasse très attention avec les pays francophones se trouvant aujourd’hui dans ces crises (Transition). Parce que ce sont des pays très proches et chacun connaît les problèmes chez les autres. Nous avons toujours eu des problèmes de gouvernance dans ces pays-là. Et, si les militaires sont venus au pouvoir, ce que la CEDEAO doit faire, c’est de nous aider à ce que ces militaires quittent le pouvoir sans qu’il n’y ait de problème. Mais, si on vient créer des problèmes pour engager des sanctions à une phase où il faut régler les choses, je crois que ce n’est pas normal. J’interpelle la CEDEAO à revoir cette décision qui sera très difficile à gérer. Parce que la junte militaire ne va jamais accepter de se laisser faire ; et, c’est le bas peuple qui va en souffrir. Pour nous, l’essentiel est de faire respecter ces 24 mois de Transition… La CEDEAO doit mesurer certaines dispositions. Il ne faut pas être un soutien pour certaines personnes qui sont en train de chercher à ternir l’image du pays à l’étranger. Vous savez, si les membres du gouvernement ne voyagent pas pour aller chercher des financements, des projets et vendre l’image de la Guinée pendant la Transition pour qu’il y ait un partenariat bilatéral, ça constitue un souci majeur », a indiqué Dr Ibrahima Sory Diallo.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

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