Mois des femmes : entretien avec Hadja Djiba Diallo, ex sous-préfète à Gougoudjé et Brouwal (Télimélé)

Le mois de mars est dédié aux femmes à travers le monde. L’occasion est opportune pour promouvoir le respect des droits de la gent féminine, de jeter le regard sur ce qui est fait et sur les perspectives. A l’occasion de la célébration de la journée internationale des Droits des femmes, deux reporters de Guineematin.com sont allés à la rencontre de Hadja Issagha Djiba Diallo.

Cette fonctionnaire à la retraite a marqué des générations dans la préfecture de Télimélé. D’abord, plusieurs fois secrétaires sous la première République, Hadja Issagha Djiba Diallo a été sous-préfète dans deux localités de Télimélé, avant de prendre sa retraite.

Nous vous proposons, ci-dessous, l’intégralité notre entretien

Guineematin.com : l’humanité a célébré la journée internationale de la femme le 8 mars. Nous sommes au mois de mars, vous avez été une dame exemplaire dans la préfecture de Télimélé. Vous avez pris votre retraite. Est-ce que vous pouvez nous raconter un peu votre parcours académique et professionnel ?

Hadja Issagha Djiba Diallo : d’abord, j’ai fait mes études scolaires à Télimélé ; pour le secrétariat, à Bamako (au Mali). Après, je suis revenue en Guinée, j’ai travaillé à la fédération de Télimélé jusqu’à la fermeture des fédérations. J’étais secrétaire particulière du secrétaire fédéral de Télimélé, Elhadj Aboubacar Camara, pendant longtemps. Après la prise du pouvoir par l’Armée, le 3 avril 1984, on m’a affectée à la préfecture comme secrétaire particulière. J’ai été secrétaire particulière de monsieur le gouverneur d’abord. J’ai été présidente des femmes de Télimélé. Ensuite, j’ai été nommée sous-préfète en 1999 à Gougoudjé. Ce qui était rare à l’époque. J’étais la seule femme sous-préfète. Pendant 13 ans, j’étais sous-préfète à Brouwal après avoir été pendant 8 ans sous-préfète à Gougoudjé. Puis de Brouwal, on m’a ramenée encore à Gougoudjé. J’ai pris ma retraite ; et, depuis que j’ai pris ma retraite, je me repose chez moi.

Guineematin.com : aujourd’hui, le combat qui se mène à plusieurs niveaux en Guinée et ailleurs en Afrique et dans le monde, c’est contre la discrimination basée sur le genre. Que dites-vous de la situation de la femme d’aujourd’hui par rapport à votre époque ?

Hadja Issagha Djiba Diallo : aujourd’hui, je peux dire qu’il y a eu de l’évolution du côté des femmes. Puisque nous, quand on était dans les mouvements, on pouvait compter les femmes responsables ou bien les femmes intellectuelles. Aujourd’hui, je peux maintenant féliciter les femmes. Parce qu’avant, les femmes souffraient. Tu ne pouvais avoir que peu de femmes qui ont fait des études à notre époque. Mais maintenant, les femmes se prennent en charge. Elles sont dans toutes les instances de prise de décisions. Aujourd’hui, ce que peuvent faire les hommes, les femmes aussi le font. Donc, personnellement, je remercie les femmes de maintenant. Avant, les femmes ne pouvaient rien faire. Les femmes ne faisaient rien, sauf ce que font leurs maris. Mais, actuellement, les femmes sont autonomes. Les hommes d’avant n’acceptaient pas que leurs femmes soient libres. Même pour être fonctionnaires en ce temps, les hommes n’acceptaient pas. Peu d’hommes acceptaient que leurs femmes travaillent à la fonction publique. Mais maintenant, les hommes ont compris qu’on épouse que les femmes travaillent et gagnent pour les aider à prendre en charge les enfants et aider leur mari dans le foyer. Je peux dire aux hommes que tout ce que les hommes font, c’est pour les aider et s’occuper de leurs enfants.

Guineematin.com : faites-nous un peu le parallèle, le taux de scolarisation des jeunes filles à votre temps et celui de maintenant.

Hadja Issagha Djiba Diallo : à notre époque, il n’y avait pas beaucoup de filles qui étudiaient. Je les remercie aujourd’hui et les encourage à prendre les études au sérieux. Aujourd’hui pratiquement, toutes les filles de Télimélé sont soit dans les métiers où bien à l’école. Contrairement à notre temps. Tu rencontres rarement une fille ou une femme qui n’est pas à l’école ou dans un métier. Quand nous, on étudiait à Télimélé, on était 8 filles. Mais on a étudié jusqu’en 6è année, il ne restait plus que deux filles : Kadiatou qui est aujourd’hui l’épouse de l’honorable James Dean et moi-même. Toutes les 6 autres ont abandonné les études et ont été mariées très tôt.

Guineematin.com : pour votre message de fin, que pouvez-vous dire aujourd’hui par rapport aux viols et aux violences dont sont victimes certaines filles et femmes dans leur vie ?

Hadja Issagha Djiba Diallo : aujourd’hui, j’encourage les filles et les femmes à s’épanouir, à s’émanciper, à prendre beaucoup plus de courage. En ce qui concerne les violences faites aux filles et aux femmes, je peux dire que les choses ont changé. Avant, à notre temps, une fille ne pouvait pas marcher seule. A notre temps, tout était serré. Les filles ne sortaient pas comme maintenant là. Je demande aux filles et aux femmes d’être beaucoup plus courageuses et de chercher à savoir comment préparer leur avenir.

Propos recueillis par Mamadou Laafa Sow et Hassanatou Kanté pour Guineematin.com

Tél : 622919225

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