Lamine Camara lance une grenade qui a fait un mort : « on a passé toute la nuit à boire. Le lendemain aussi, j’ai beaucoup bu »

C’est suite à l’explosion d’une grenade à Conakry, causant la mort d’une personne et faisant plusieurs blessés à Conakry, que Mohamed Lamine Camara est jugé au tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la mairie de Ratoma. L’accusé, célibataire de son état, domicilié au secteur 1 du quartier Dar-Es-Salam 2, dans la commune de Ratoma, a comparu hier, lundi 20 mars 2023, pour répondre des faits d’assassinat, de coups et blessures volontaires. A la barre, Mohamed Camara a reconnu les faits qui lui sont reprochés, mais parle d’un accident, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

L’explosion de cette grenade est survenue à l’occasion d’un match de football du Syli national. Elle a coûté la vie à un jeune homme, du nom de Naby Laye Sylla, alias Sancho.

Appelé à la barre, il a raconté ce qui s’est passé. « À la veille du match du Syli national, on a passé toute la nuit à boire ; et le lendemain aussi, j’ai beaucoup bu de l’alcool. J’ai pris cette grenade avec un bidon de 20 litres dans le but de taper dessus en cas de victoire du Syli. J’ai l’habitude de taper, en rangeant mes tables et mes fauteuils. J’ai eu la grenade à travers un enfant à Combosse. Au début, je lui ai dit de me la donner, mais il a refusé. Ensuite, j’ai acheté la grenade à cinq cents (500) francs guinéens. Ce jour-là, je me suis bien habillé pour aller suivre le match. Je suis allé d’abord à notre lieu habituel. Puis, je suis parti commander des bouteilles de bières, dont du whisky, au bar de mon grand. Après, je me suis retourné là où je venais de quitter pour suivre le match. Là-bas, mon grand Sancho a pris la grenade que j’avais, sans que je m’en rende compte. Quand j’ai fait un pas pour la récupérer, c’est là que la grenade a explosé. J’ai reçu des coups sur mon pied, mon bras et mon visage. Je me suis retrouvé sur la route. Les gens disaient « il est mort ». Quand je me suis retrouvé, je suis directement parti chez ma sœur. Le soir, des agents sont venus, mais je ne me retrouvais pas. J’étais blessé et je saignais. Ils m’ont envoyé à Donka. Mais, il y avait beaucoup de monde là-bas, ils m’ont alors envoyé dans une clinique… ».

Après la version des faits de l’accusé, le président du tribunal, Sékou Ibrahima Soumah, a fait la lecture de la déposition de l’une des victimes de l’explosion. « Quand il est venu, Sancho lui a dit de sortir. Il a accepté ; mais quelques temps après, il est rentré de nouveau et a jeté la grenade sur les pieds de Naby Laye Sylla, alias Sancho, qui est mort sur place et les autres personnes blessées », a lu le juge à l’attention de l’accusé.

Ensuite, il a expliqué que l’accusé avait reconnu à l’enquête préliminaire avoir suivi une formation au camp Boiro au temps de Lansana Conté pendant trois (3) ans au compte de la garde républicaine. L’accusé a réfuté cette explication, soutenant n’avoir jamais fait de telles déclarations à l’enquête préliminaire.

Répondant aux questions des avocats de la défense, Mohamed Lamine Camara soutient que l’explosion de la grenade était un accident. « Je ne savais pas qu’il s’agissait d’une grenade. L’objet avait la forme d’un instrument de musique, le balafon. Je ne savais pas que c’était une grenade, sinon je n’allais pas l’amener chez moi, dans ma chambre, et réparer mes chaises avec ça. J’ai pris cette grenade pour taper sur un bidon au cas où le Syli aurait gagné. Ce qui s’est passé, c’est un accident et je le regrette. Je demande pardon au tribunal. Cela ne va jamais se répéter », a-t-il souligné, en précisant avoir un problème mental. « A la maison centrale, je loge dans la cale pour les fous ».

La partie civile étant absente à l’audience, le Président du tribunal, Sékou Ibrahima Soumah, a renvoyé l’affaire au 03 avril 2023 pour la comparution d’Abdoulaye Sylla ou d’une procuration attestant que son père le représente.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

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