Conakry : le banquier guinéen qui voulait multiplier son argent réclame 45 mille dollars et 2 milliards GNF à un marabout malien

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Le procès de Mohamed Kounta, un marabout malien poursuivi pour escroquerie et charlatanisme, s’est poursuivi hier, mardi 21 mars 2023, au tribunal de première instance de Dixinn. L’audience d’aujourd’hui a été consacrée aux réquisitions et plaidoiries. Le ministère public a requis un an d’emprisonnement et une forte amende contre le prévenu, tandis que la partie civile lui réclame 45 mille dollars et 2 milliards de francs guinéens, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui était sur place.

Marabout originaire de Mopti, en République du Mali, Mohamed Kounta est en détention depuis le 18 novembre 2022 à la Maison centrale de Conakry. Il est poursuivi par Mamadou T. Barry, un banquier guinéen, pour des faits d’escroquerie et de charlatanisme. Il lui est reproché d’avoir utilisé la science mystique pour extorquer un montant de quarante cinq mille dollars (45 000 USD) au banquier guinéen. Lors de sa comparution devant le tribunal correctionnel de Dixinn, le prévenu avait rejeté en bloc les accusations portées contre lui. Il a laissé entendre que le montant qu’il a reçu du plaignant a servi à faire des sacrifices, comme convenu par les deux parties.

Mais ce n’est pas l’avis du ministère public, représenté à cette audience par le procureur Mamadou Hady Diallo. Ce dernier a estimé que Mohamed Kounta est effectivement coupable des faits qui lui sont reprochés. Car, dit-il, le prévenu a utilisé une fausse identité en se faisant appeler Chérif au lieu de Mohamed Kounta, mais aussi il a réclamé de l’argent à la partie civile pour des sacrifices qu’il n’a jamais faits. « Il a aussi utilisé un tiers du nom de Almamy pour récupérer les fonds… Donc tous les éléments constitutifs de ces deux infractions (escroquerie et charlatanisme) sont établis à son encontre. Et ces infractions lui sont imputables. C’est pourquoi le ministère public vous demande de le retenir dans les liens de la prévention. Pour la répression, vous le condamnerez à un an d’emprisonnement et 30 millions de francs guinéens d’amende », a requis le procureur.

De son côté, l’avocat de la partie civile a rappelé qu’après avoir extorqué M. T. Barry, le marabout malien avait disparu, et que c’est après plusieurs recherches qu’il a été retrouvé et interpellé à Conakry. Maître Salifou Béavogui sollicite donc la condamnation du prévenu au paiement de quarante cinq mille dollars (45 000 USD) à titre principal et de deux milliards (2 000 000 000) de francs guinéens pour les préjudices causés à son client.

« Les montants escroqués ont été empruntés par mon client. Parce que, à tout moment, Mohamed Kounta lui demandait de l’argent pour faire des sacrifices pour son diable. Il a pris de l’argent par-ci par-là, parce qu’il lui disait que le diable est fâché, il faut faire des sacrifices des coqs rouges, des bœufs. Il a complètement dépouillé mon client. Donc tous les éléments sont réunis pour le retenir dans les liens de la culpabilité. C’est pourquoi nous vous demandons de  condamner Mohamed Kounta au paiement de 45 mille dollars à titre principal et 2 milliards de francs guinéens pour tous les préjudices confondus. Ordonner la saisie de tous ses biens meubles et immeubles au profit de la partie civile pour obtenir le paiement. Lui interdire de séjourner en Guinée pour que d’autres ne soient pas aussi victimes de lui. Ordonner son transfèrement à Kindia pour purger sa peine », a plaidé Me Salifou Béavogui.

Pour sa part, l’avocate de la défense a plaidé non coupable et demandé au tribunal de renvoyer son client des fins de la poursuite.  Pour maître Thérèse, aucune infraction n’est établie à l’encontre de Mohamed Kounta. « On doit se fonder sur des preuves. On parle de bague magique. Où est cette bague ? On parle de bouteille de médicament. Où est cette bouteille ? La bague et la bouteille ont eu quels effets sur la personne de Mamadou T. Barry ? Pour la remise du montant, nous contestons les 45 mille dollars. Aucune preuve n’a été fournie ici par rapport à la remise de ce montant. Je demande au tribunal de faire application de l’article 544 du Code de procédure pénale guinéen, en le renvoyant des fins de la poursuite ».

Finalement, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 4 avril 2023.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com 

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