Condamnation de l’adjudant-chef Moriba Camara : la défense et la partie civile comptent relevées appel

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Comme annoncé précédemment, le procès en première instance de l’adjudant-chef Moriba Camara (accusé du meurtre de Thierno Mamadou Diallo en juin 2022 à Hamdallaye) a connu son épilogue ce lundi, 27 mars 2023, devant le tribunal criminel de Dixinn. Et, sans grande surprise, le tribunal l’a condamné à 10 ans de réclusion criminelle et au paiement de 100 millions de francs guinéens à la partie civile. Mais, ce verdict n’est visiblement pas du goût de la défense et de la partie civile. En tout cas, ces deux parties au procès ont annoncé leurs intentions de relever appel de cette décision du tribunal, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Dans cette affaire, l’adjudant-chef Moriba Camara est en détention de la maison centrale de Conakry depuis le 13 juin 2022. Mais, il a toujours clamé son innocence pour le meurtre de Thierno Mamadou Diallo qu’on lui colle à la peau. Même après sa condamnation ce lundi, cet accusé reste toujours sur sa position. Et, son avocat, Me Kabinet Kourala Keïta, promet de relever appel de cette décision du tribunal.

Maitre Cabinet Kourala Keïta, avocat de l’adjudant chef Moriba Camara

« C’est avec frustration, c’est avec peine, mais je l’ai appris avec beaucoup de courage, parce que je sais une seule chose, à mon avis, les magistrats ont manqué de courage. Parce qu’en réalité, monsieur Moriba n’est coupable de rien. Je parie sur tout ce que je sais, dans ce dossier, monsieur Moriba Camara est un innocent. Du début jusqu’à la fin, le parquet et la partie civile n’ont jamais apporté la moindre preuve d’imputabilité. Nous avons toujours été conscients que le jeune était mort. Nous avons toujours été conscients qu’en se fondant sur le certificat médico-légal, l’origine de sa mort provient d’une balle. Mais, il n’a jamais été rapporté que cette balle a été tirée par Moriba Camara. Jamais… Donc, Moriba Camara et sa famille doivent rester tranquille. Nous allons interjeter appel devant la Cour d’Appel et les hauts magistrats de la Cour d’Appel vont censurer purement et simplement la décision rendue par le tribunal de Dixinn », a indiqué Me Kabinet Kourala Keïta au sortir de l’audience.

De son côté, la partie civile, Alpha Issiagha Diallo, estime qu’une « peine de 10 ans est très petite » contre l’adjudant-chef Moriba Camara. Et, de ce fait, il promet de relever appel dans l’espoir d’avoir une peine plus sévère pour en faire un exemple.

Alpha Issiaga Diallo, partie civile

« Une peine d’emprisonnement de 10 ans est très petite. Il doit avoir une peine plus lourde que ça. Un agent de l’Etat qui est censé protéger les citoyens de son pays, qui fait usage de son arme pour tuer le citoyen de ce pays, qu’on arrive à le juger et à le condamner à un emprisonnement de 10 ans ; ça, nous n’apprécions pas ça. Nous avons voulu que ce genre d’acte ne se répète plus, que cette affaire serve d’exemple pour ne pas qu’il y ait d’autres victimes… Nous avions pensé quand même qu’on allait lui infliger une peine plus lourde. Et, si on arrive à le condamner à 10 ans et on propose un dédommagement à la hauteur de 100 millions de francs guinéens pour une âme, une personne qui pouvait être une personnalité pour cette nation… vraiment nous ne sommes pas satisfaits et nous comptons interjeter appel », a martelé Alpha Issiaga Diallo.

Pour sa part, le parquet se refuse de tout commentaire sur cette décision du tribunal. Mais, Mamadou Hady Diallo, substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn, assure qu’il y aura un entretien au bureau du parquet pour décider de la suite à donner à cette affaire.

Mamadou Hady Diallo, substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn

« Vous savez, le juge est indépendant. Nous nous avons requis une peine sur la base des pièces, des preuves, des documents. Si le tribunal estime que c’est 10 ans, je pense bien que nous nous allons nous revoir au niveau du parquet, on va voir, parce qu’on a le droit d’appel. Je pense bien qu’on n’a pas à commenter la décision d’un tribunal. Tout ce que nous savons, si on n’est pas d’accord de la décision, c’est d’interjeter appel. Donc, on va s’entretenir au bureau du parquet et on va décider de la suite. Comme vous avez suivi, nous avons voulu vraiment montrer la façon dont nous travaillons… », a dit le parquetier.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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