CRIEF : Souleymane Traoré, ex DG du FER tente de justifier l’origine des milliards trouvés dans ses comptes

Souleymane Traoré, ancien directeur général du fonds d'entretien routier FER

L’ancien Directeur général du fonds d’entretien routier (FER) a une nouvelle fois comparu hier, lundi 3 avril 2023, devant la chambre de jugement de la Cour spéciale de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Souleymane Traoré est poursuivi pour des faits de détournement de deniers publics, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux. A la barre, le prévenu a donné des explications sur l’origine des fonds domiciliés dans certaines banques et pour lesquels il est poursuivi, a constaté un journaliste de Guineematin.com qui a suivi cette audience.

Il est reproché à Souleymane Traoré plusieurs infractions. Il s’agit, entre-autres, de l’acquisition du nouveau siège du Fonds d’entretien routier (FER) dont il était le directeur général jusqu’à son départ ; l’acquisition de plusieurs bâtiments à Conakry et à l’intérieur du pays, ; et d’importantes sommes d’argent en devises et en monnaie locale dans des comptes bancaires dont la justification reste attendue.

Souleymane Traoré, ancien directeur général du fonds d’entretien routier FER

Dans ses explications, Souleymane Traoré a fait savoir à la Cour que ses fonds investis dans ses biens immobiliers sont tirés de ses activités personnelles, et qui selon lui, ne sont nullement liés à son service au niveau Fonds d’Entretien Routier. C’est notamment ses champs de riz à Siguiri, la location des engins agricoles, les machines qui détectent de l’or, ses primes de missions et les cadeaux qu’on lui fait en guise de reconnaissance de son travail.

Me Bernard Saa Dissy Milimouno, avocat

Au sortir de la salle d’audience, l’avocat de la partie civile (dont de l’Agence judiciaire de l’Etat), en la personne de Me Bernard Saa Dissy Millimouno, est revenu sur les débats. « Le prévenu Souleymane Traoré, ancien DG du Fonds d’entretien routier (FER) a été effectivement interrogé par la Cour représentée par le président Francis Kova Zoumanigui assisté de M. Mamadou Tahirou Baldé et de M. Mohamed Samoura ; le ministère public, représenté par le procureur spécial près la CRIEF, M. Aly Touré ; et la partie civile, représentée par moi-même. Les questions ont tourné autour l’argent qui se trouve dans ses comptes, la source de cet argent, l’acquisition de ses biens immobiliers, la manière dont il a acquis tout cet argent, l’acquisition du nouveau siège du FER qu’il dirigeait à l’époque des faits. La chambre de l’instruction a pris une ordonnance de renvoi de M. Souleymane Traoré devant la chambre de jugement avec des charges qui méritent d’être examinées par la Cour. C’est à l’issue des débats que nous menons maintenant qu’on saura si les accusations que nous avons formulées contre le prévenu seront maintenues, requalifiées ou rejetées. Mais en attendant, les charges avec lesquelles M. Souleymane Traoré est renvoyé devant la chambre de jugement sont maintenues par la partie civile, représentée par l’État guinéen dans ce dossier. En ce qui concerne par exemple l’acquisition du nouveau siège du FER, pour nous, c’est la procédure qui pose problème. Non seulement la procédure pose problème, mais aussi nous avons estimé que le montant de 80 milliards GNF est assez élevé pour l’acquisition de ce siège. L’autre aspect, c’est que nous avons trouvé de l’argent dans les comptes du prévenu pour lesquels nous avons voulu qu’il donne des justifications de ces ressources. Et les questions liées à cet argent, il a déclaré qu’il a des activités qu’il exerce dans les domaines miniers et agricoles dont les revenus seraient aussi importants. Il déclare avoir fait des prestations pour lesquelles des privés lui auraient versé des paiements et que ces différents comptes ont été alimentés par ses diverses ressources ainsi que l’économie des ressources qui obtient avec ses voyages à l’extérieur et à l’intérieur du pays. Mais pour l’instant, nous, nous ne sommes pas convaincus que ces montants viennent de ces sources qu’il a énumérées », a dit Me Bernard Saa Dissy Milimouno.

Me Mountagha Kobélé Kéita, avocat

Me Mountagha Kobélé Keita, un des avocats du prévenu, après une demande de renvoi pour mieux assurer sa défense, dira pour sa part qu’à travers les explications données par Souleymane Traoré, toutes les accusations sont tombées dans l’eau. « Il y a une bagatelle d’infractions reprochées à notre client, en la personne de M. Souleymane Traoré. C’est la 2è audience aujourd’hui Il a répondu sereinement à toutes les questions qui lui ont été posées. Cela veut dire que, ce qu’on lui reproche, il estime que les faits ne sont pas établis. Sinon, on ne peut pas reprocher plusieurs infractions et qu’on arrive à le coller. C’est ce qui veut une fois encore que toutes les infractions tombent aujourd’hui dans l’eau. Nous avons demandé le renvoi pour qu’on se retrouve et qu’on se prépare de façon sereine parce que nous avons estimé qu’à cette heure, on ne peut pas continuer à poser des questions à notre client puisque depuis le matin, il était à la barre. Donc c’est pourquoi, nous avons demandé le renvoi, pour que nous puissions nous préparer davantage à défendre ses intérêts sereinement », a dit Me Mountagha Kobélé Keita.

La Cour a renvoyé le dossier au 20 avril 2023 pour la suite des débats

Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

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