Un gendarme se fait passer pour le procureur Ousmane Sankhon : « j’ai envoyé des messages à KPC, Antonio Souaré… pour de l’argent »

Ousmane Sankhon, procureur au tribunal de première instance de Pita

Djiba Kourouma est un officier de la gendarmerie nationale. Il a comparu hier jeudi, 6 avril 2023, devant le tribunal de première instance de Kaloum. Il est poursuivi par le magistrat Ousmane Sankhon pour usurpation de titre et tentative d’escroquerie. Devant cette juridiction de première instance, le prévenu a sans ambages reconnu les faits qui lui sont reprochés, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

« J’ai envoyé des messages à KPC, Antonio Souaré, au PDG de la société THIANGUI pêche…en me faisant passer pour M Sankhon… », a notamment dit le gendarme à la barre.

Ces faits remontent au mois de décembre 2022 à Conakry. Le prévenu se faisait passer pour le plaignant Ousmane Sankhon, magistrat, actuel procureur au tribunal de première instance de Pita. Le prévenu est accusé d’avoir utilisé son téléphone pour envoyer des textos à des personnalités publiques comme : Kerfalla Camara KPC, Antonio Souaré et le PDG de la société THIANGUI pêche, tous homme d’affaires, mais aussi au magistrat Alpha Seny Camara, pour leur demander de l’aide suite au décès de sa maman. Il voulait se faire de l’argent en se faisant passer pour le procureur.

A la barre, il a reconnu les faits. « J’ai envoyé le message à KPC, Antonio Souaré, au PDG de la société THIANGUI pêche…en me faisant passer pour M Sankhon. Je leur ai dit que je viens de perdre la mère à Mamou, de m’aider à avoir un peu de sou pour faire face aux obsèques de celle-ci », a expliqué Djiba Kourouma.

Appelé à la barre à son tour, Ousmane Sankhon a expliqué au tribunal les circonstances dans lesquelles il a été alerté par son entourage. Il se dit touché dans sa dignité. « En fait, c’est le Président de l’Association des magistrats qui m’a alerté de cette situation. Je n’étais au courant de rien. Du coup, je suis allé voir son commandant qui m’a dit qu’ils étaient même à sa recherche pour avoir détourné le salaire de ses collègues gendarmes. C’est ainsi que j’ai porté plainte contre lui à la DPJ. Un jour, pendant qu’on était à sa recherche, il est venu me trouver dans mon bureau, disant qu’il a commis une erreur grave. Il s’est agenouillé pour me demander pardon. Moi, je lui ai dit qu’il faut expliquer d’abord ce qu’il a fait. C’est ainsi qu’il m’a laissé entendre que ce sont ses enfants qui ont manipulé son téléphone pour envoyer tous ces messages. Je lui ai dit que j’avais déjà porté plainte à la DPJ, d’aller répondre à ça d’abord. C’est comme ça qu’il a été arrêté quelques jours après. Après, je suis allé voir monsieur Alpha Seny Camara, dont j’étais le substitut au tribunal de Kaloum, pour le lui expliquer. Après son interpellation, c’est le ministre de la justice qui m’appelle pour me dire qu’il est au courant de ce que je suis en train de manigancer avec Djiba. Les gens m’appelaient pour me demander si j’avais perdu ma maman. Je leur ai dit non, ma maman vit encore. J’ai été atteint dans mon honneur dans cette affaire », a expliqué l’ancien substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de Kaloum.

En se prononçant sur les intérêts civils, l’avocat de la partie civile a, à l’entame de ses plaidoiries, sollicité du tribunal de bien vouloir prendre acte de la constitution de partie civile. En ce qui concerne les intérêts civils, l’avocat a tout simplement demandé le payement d’un franc symbolique au profit de son client à titre de dommage et intérêts. Il a en outre demandé la publication de la décision qui va en découler dans les journaux de la place aux frais du prévenu. Ce, conformément à l’article 56 du Code pénal.

En prenant la parole pour ses réquisitions, le ministère public a demandé au tribunal de retenir le prévenu Djiba Kourouma dans les liens du délit d’escroquerie et d’usurpation de titre. Pour la répression, le substitut du procureur, Mohamed Bangoura a requis un an d’emprisonnement assorti de sursis et au payement de 2 millions GNF d’amende.

L’avocat, qui est le voisin direct du prévenu, s’est dit surpris du comportement de quelqu’un qu’il sait responsable dans le quartier. Mais, tout peut arriver dans la vie, estime-t-il. Pour la défense de son client, il a demandé la clémence du tribunal. Au cas où le tribunal entrerait en condamnation, l’avocat demande d’accorder une peine assortie de sursis à son client.

Ainsi, au terme des réquisitions et plaidoiries, le tribunal a tout d’abord rejeté la demande de mise en liberté provisoire formulée par l’avocat de la défense avant de renvoyer le délibéré au jeudi 13 avril 2023.

Malick Diakité pour Guineematin.com

Tel : 626-66-29-27

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