Oury Diallo, concepteur d’un avion « Airbus » à Guineematin : « je n’ai pas appris ça dans une école, c’est Dieu qui m’a fait ce don »

Loin des ateliers d’assemblage modernes de Toulouse (France) où les avions Airbus sont fabriqués, un jeune Guinéen sort d’une terrasse à la Cimenterie, commune de Dubréka, un « Airbus » qu’il a appelé Air Guinée. Pourtant, ce jeune homme passionné d’engins roulant et volant, n’a jamais fréquenté une école technique pour apprendre ce métier très ingénieux. Lorsqu’on lui demande comment il a fait pour fabriquer son petit avion, il estime que c’est un don de Dieu, rapporte Guineematin.com à travers son équipe de reportage.

Après avoir échangé brièvement au téléphone avec Hothia Oury Diallo dans la matinée de ce lundi, 08 mai 2023, nous avons pris la direction de la Cimenterie, quartier situé à la périphérie de Conakry, commune de Dubréka. Arrivés sur le lieu de rendez-vous, le jeune homme accompagné d’un des ses amis nous a pris au bord de la route le Prince pour nous amener dans une concession à côté de laquelle il a conçu son Airbus. Quelques instants après, c’est pratiquement en pièces détachées qu’il apporté Air Guinée aidé de deux amis. Sur place, il a fait l’assemblage de l’avion pour le faire rouler au bas d’un immeuble qui lui sert de piste d’essai.

Hothia Oury Diallo, concepteur d’un Airbus

Hothia Oury Diallo, âgé de 21 ans, explique depuis quand et comment il a conçu son avion. « J’ai commencé à faire ce genre de choses depuis l’enfance, mais c’est à partir de 2015 que j’ai commencé à fabriquer des avions, un avion de guerre d’ailleurs. Et petit à petit j’ai commencé à faire des avions un peu plus grands, notamment les Airbus. Dans cet avion j’ai utilisé beaucoup de tôles, en ce qui concerne les moteurs, j’ai cherché des bobines pour communiquer afin qu’il puisse rouler. Mais tout le reste, ce sont des tôles, des vis, des batteries pour l’allumage des moteurs, des ampoules. Donc sans ces batteries, cet avion ne peut pas rouler puisqu’il n’a pas de moteur. Il y a une télécommande (reliée à l’avion par un fil) avec des boutons qu’il faut appuyer pour l’allumer », dit-il, expliquant le temps mis pour la fabrication d’air Guinée par un manque de moyens.

Alors sans moyens financiers, Hothia Oury Diallo utilise l’argent qu’il gagne dans son métier de staffeur pour pouvoir accomplir sa passion.

« Je n’ai pas appris ça dans une école, c’est Dieu qui m’a fait ce don. J’aimerais bien aller dans une école dédiée à cela mais je n’ai pas les moyens. J’étudiais dans une école publique mais arrivé en 8ème année comme il n’y avait pas de soutenance, mon père est tombé malade et il est allé au village, alors j’ai abandonné. Depuis lors je n’ai pas eu quelqu’un qui me soutient, c’est ce qui a fait que j’ai abandonné l’école pour apprendre le métier de staffeur. Donc c’est là-bas que je me débrouille, si je gagne un peu là-bas, je viens financer ici un peu. C’est comme ça que j’ai évolué jusqu’à ce jour », souligne-t-il.

Des rêves pleins la tête, ce jeune passionné d’avions demande du soutien pour aller plus loin dans ses projets.

« Si j’ai des soutiens, je peux faire plus que ça mais je manque de moyens financiers et d’accompagnement. Si j’arrive à avoir le soutien du gouvernement ou du président, je peux fabriquer un avion qui peut voler avec une personne à l’intérieur, je pourrais faire beaucoup de choses. Je peux aussi fabriquer des véhicules, des bateaux. Je demande à tous ceux qui ont les moyens de m’aider parce que si on m’aide, je peux faire beaucoup de choses », Hothia Diallo, adulé dans son quartier.

Mamadou Yahya Petel Diallo et Abdoulaye Sow pour Guineematin.com 

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