Homicide involontaire à Conakry : Fodé Momo, candidat au bac, condamné… à 3 jours du début des épreuves

Fodé Momo Camara, candidat au baccalauréat session 2023, a comparu ce mardi, 13 juin 2023, devant le tribunal correctionnel de Kaloum pour homicide involontaire, coups et blessures par accident de la circulation au préjudice de Bintou Cissé. Les faits se sont produits dans la nuit du 26 mai dernier à Kaloum, en face du palais du peuple de Conakry. À la barre, le prévenu a reconnu les faits. Dans son interrogatoire, il a expliqué qu’il roulait à vive allure lorsqu’il est entré en collision avec le motard Sékou Soumah, blessé, qui transportait la victime, feue Bintou Cissé. Il a écopé d’une peine assortie sursis. Ce qui fait qu’il ne va pas rater les évaluations du bac, prévues vendredi prochain, rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était au tribunal de Kaloum.

Âgé de 19 ans, Fodé Momo Camara, candidat au baccalauréat de la session 2023, recouvre la liberté à quelques jours du lancement des épreuves prévu le vendredi, 16 juin. Il a comparu à la barre du tribunal correctionnel de Kaloum ce mardi pour répondre des faits d’homicide involontaire, coups et blessures par accident de la circulation au préjudice de Bintou Cissé. Les parents de la victime ont d’ailleurs adressé une lettre de désistement au parquet de Kaloum.

« Je reconnais les faits. C’était vers 22h Je quittais le quartier Camayenne pour me rendre en ville parce que ma mère m’avait appelé. Arrivé au pont 8 novembre, je suis descendu vers l’autoroute.  Mais, je roulais à vive allure dans une voiture Toyota Corolla. Je pensais qu’il n’y avait personne sur la route. C’est arrivé au niveau du palais qu’un motard est apparu devant moi et je ne pouvais plus l’éviter. J’ai essayé, mais c’était trop tard. Quand il y a eu l’accident, j’ai garé, j’ai regardé en arrière, j’ai vu un corps couché. J’ai eu peur parce que les gens fonçaient sur moi. Et comme souvent, quand tu fais un accident pareil, les gens foncent sur toi pour te frapper. Je suis allé garer quelque part pour appeler mes parents en les informant que j’ai eu un accident grave. C’est ainsi que mon père est venu et on est allé se déclarer à la police. La personne qui est morte dans l’accident, est une jeune étudiante. Mais aujourd’hui, je suis désolé. Parce que si je savais que j’allais faire l’accident, je n’allais pas rouler ce jour. Je demande pardon aux familles du motard et celle de la jeune étudiante qui est décédée. Je dis au tribunal que je suis sincèrement désolé. C’était involontaire », a expliqué Fodé Momo Camara.

Le Ministère public, représenté par la procureure Joséphine Widoh Béavogui, a requis 1 an d’emprisonnement avec sursis et le paiement d’une amende de 3 millions GNF contre Fodé Momo Camara. « Madame la présidente, le prévenu a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Il a lui-même répété fidèlement ce que la police routière a constaté sur le terrain. Puisqu’il y a eu un cas de mort, nous pouvons résumer que les infractions sont imputables au prévenu Fodé Momo Camara. C’est pourquoi, nous requérons de déclarer coupable Fodé Momo Camara pour homicide involontaire. Ce prévenu que vous voyez là, il a à peine 19 ans. Mais cela doit être une leçon pour les parents du prévenu. C’est difficile pour ce jeune de 19 ans d’avoir sur sa conscience un cas de mort. Les engins roulants n’ont pas d’yeux. Ils sont manipulés par l’être humain. Madame la présidente, le prévenu a dit dans ses déclarations qu’il doit passer le bac. En plus, la partie civile a adressé une lettre de désistement au parquet en pardonnant… Ils ont fait savoir qu’ils ont perdu leur fille, mais ne vont pas entraver l’avenir du prévenu. Ils ont agi en croyants. C’est pourquoi pour la condamnation, nous requérons un an d’emprisonnement assorti de sursis ainsi qu’au paiement de 3 millions GNF d’amende. Pour la peine, nous prenons toujours le temps d’observer le prévenu. Et nous prions d’accorder une chance à ce prévenu pour lui éviter les récalcitrants de la maison centrale qui pourraient avoir un impact négatif sur son avenir », a-t-elle requis.

Abondant dans le même sens, l’avocat de la défense, Me Amadou Oury Bah, a demandé au tribunal des circonstances atténuantes contre son client vu le désistement de la partie civile. « Je pense que le ministère public a un peu marché sur ma langue. Madame la présidente, nous demandons votre clémence, d’accorder de larges circonstances atténuantes… En prononçant la peine, je vous prie de lui accorder sur la base des articles 135 et 136 du code de procédure pénale, un sursis. C’est sa toute première fois d’être confronté aux autorités judiciaires. Consciencieusement, il doit être suivi sur le plan médical. Parce qu’à son âge, cela risque de peser sur sa conscience. En tenant compte de la magnanimité de la partie civile, je vous prie d’accorder une circonstance atténuante à mon client », a-t-il plaidé.

Appelé une dernière fois à se prononcer sur tout ce qui a été dit, Fodé Momo Camara a plaidé la clémence du tribunal. « Mon dernier mot, c’est de présenter mes condoléances à la famille de la victime et demander pardon au tribunal. Je suis désolé ».

La décision a été rendue sur siège. Fodé Momo Camara a été reconnu coupable des faits. Il a été condamné à 3 ans d’emprisonnement, assortis de sursis. Le retrait de son permis de conduire a été ordonné. Il a été également interdit de conduire pendant 2 ans sur le territoire guinéen.

Mohamed Guéasso DORÉ pour Guineematin.com

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