Décès de Sadio Baïlo Diallo suite à un avortement à Conakry : le gendarme Abdoulaye Camara et une sage-femme poursuivis

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La sage-femme Assiatou Camara et le gendarme Abdoulaye Camara, étaient au tribunal criminel de Mafanco hier, mercredi 14 juin 2023. Ils sont poursuivis pour complicité d’avortement, coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Des faits sont prévus et punis par les articles 262, 239 et 243 du code pénal.

Selon des informations recueillies par un reporter de Guineematin.com, c’est le 24 novembre 2022 que le sieur Abdoulaye Camara, gendarme de son état, a conduit sa petite amie, Sadio Baïlo Diallo, chez la sage-femme Assiatou Camara pour interrompre sa grossesse de 3 semaines. 

« Ils sont venus me dire que Sadio est fiancée et qu’elle doit se marier le 1er janvier 2023. Ils m’ont dit de procéder à l’avortement. C’était une grossesse de 3 semaines. J’ai dit à Sadio que je suis fatiguée. Elle est rentrée à la maison. Elle est revenue le soir en saignant. Abdoulaye m’a donné 150 000 francs guinéens pour acheter le sérum. J’ai procédé à l’avortement dans l’intention de sauver sa vie. Je l’ai fait à l’aide du caoutchouc. Le lendemain, Abdoulaye m’a rappelé pour m’informer que Sadio ressent des douleurs. Je lui ai dit de l’accompagner à Matam pour poursuivre les soins. Ils ont été là-bas. Le samedi, ils sont venus me chercher en me disant que Sadio est décédée. Sans avortement, elle allait perdre beaucoup de sang. C’était nécessaire parce qu’elle saignait », s’est défendue la sage-femme, Assiatou Camara.

À la question du procureur de savoir pourquoi la patiente n’a pas été référée dans un centre spécialisé, dame Assiatou Camara a répondu que le gendarme et sa défunte petite amie avaient dit n’avoir pas assez d’argent.

Également interrogé par le tribunal, Abdoulaye Camara a reconnu avoir facilité l’interruption de la grossesse de son amante, Mariama Sadio Bailo Diallo. Mais, il jure l’avoir fait sous la pression de cette dernière. « Elle était ma petite amie. Un jour, elle m’a informée qu’elle est tombée en grossesse, en précisant qu’elle veut avorter. Je lui ai dit que je ne suis pas partant. Elle a raccroché mon appel. Après, on a échangé. Elle m’a fait savoir qu’elle veut avorter pour ne pas faire honnir sa famille parce qu’elle est financée. Je lui ai dit que je n’ai rien. Elle a pris l’argent de leur tontine, 200 000 francs guinéens, on s’est rendu chez la sage-femme. Elles sont entrées dans la chambre et moi je suis resté au salon. Peu de temps après, la sage-femme nous a dit de renter à la maison. Entre temps, la fille m’a donné 150 000 francs guinéens pour remettre à la sage-femme et elle a gardé les 50 000 francs guinéens. Le lendemain, Sadio m’a rappelé pour m’informer que son ventre lui fait mal. J’ai rappelé la sage-femme, elle m’a dit d’aller à Matam. On s’est rendu là-bas. Les médecins m’ont demandé de payer 240 000 francs guinéens, j’ai payé la somme. Après la consultation, on nous a suggéré d’aller à l’hôpital Ignace Deen. Arrivée là-bas, mon ami m’a donné une somme de  900 000 francs guinéens. J’ai utilisé cette somme pour effectuer les dépenses. C’est ainsi qu’elle est décédée. Après, le commandant m’a envoyé à l’escadron », a-t-il raconté

Pour sa part, Mamadou Saliou Diallo, le père de la victime, a décidé de désister. Ce, grâce à l’implication de l’imam de son quartier. « C’est ma première fille. Pour cette procédure, j’ai décidé de désister. La raison de mon désistement s’explique par l’implication de notre imam. Je vous prie de pardonner. Aucun membre de ma famille n’a accepté le désistement, c’est une décision personnelle. Je ne peux pas confirmer le désistement des autres », a-t-il précisé.

Appelée à la barre, Mme Adama Hawa Diallo, la maman de la victime, s’est constituée partie civile. Elle a rappelé que le jeune gendarme a été la cause du divorce du premier mariage. « J’ai dit plusieurs fois à Yamoussa Bangoura (c’est comme ça on l’appelle dans le quartier), de cesser de suivre ma fille, tu as une femme militaire. On ne peut pas se bagarrer ; mais, il n’a pas accepté. J’ai envoyé ma fille à Gaoual où elle était mariée, il est allé la chercher là-bas. Après j’ai envoyé Sadio à Labé, il est allé la rejoindre là-bas aussi. Lorsque ma fille est revenue de Labé, il a continué à la fréquenter encore. Je lui dit que chez nous, les peuls, si un homme sort avec une fille, ils ne peuvent plus se marier. Un jour, il a frappé ma fille et gâté son téléphone. Mon mari, ma fille et moi avions porté plainte contre lui à la gendarmerie. Avec tout cela, il suivait ma fille. Je lui ai proposé de chercher ma fille en mariage, il n’a pas fait cela jusqu’à ce qu’un autre homme a demandé la main de Sadio en mariage. Un mardi, ma fille nous a quitté à la maison en bonne santé. Le mercredi matin, j’ai tenté son numéro à maintes reprises, personne ne décrochait mes appels. Le jeudi, le petit de Sadio et son prétendant ont mené des démarches. Ils sont venus me dire que ma fille se trouve au service des urgences de l’hôpital Ignace Deen. Personne ne m’a informée de son décès. J’ai juste vu les gens venir présenter leurs condoléances à notre domicile. Je m’interrogeais sur ce qui s’est passé ? Entre temps, la jeune sœur de Sadio Baïlo Diallo est venue en pleurant, c’est comme ça que j’ai appris son décès… Je ne pardonnerai jamais à ce jeune. Il a tué ma fille… ».

Après cet émouvant témoignage de cette mère de famille, le président du tribunal, Souleymane I Traoré, a renvoyé cette affaire au 20 de ce mois pour la suite des débats.

À suivre !

Kaïn Naboun TRAORÉ pour Guineematin.com 

Tel : 00224 621144891 

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