Mauvais résultats aux examens à Koïn (Tougué) : « tout le monde est coupable » (Sous-préfet)

Les résultats des examens scolaires de la session 2023 ont été catastrophiques dans la commune rurale de Koïn, relevant de la préfecture de Tougué. A l’examen d’entrée en 7ème année, il n’y a eu 5 admis à l’Enseignement général, alors que sur 34 candidats au brevet, il n’y a eu aucun admis. La déception née de ces résultats a créé une certaine indignation. C’est pour faire le diagnostic de ce qui n’a pas marché qu’une rencontre a regroupé autorités administratives et communales, encadreurs scolaires, parents d’élèves, imams et plusieurs citoyens. Elle s’est tenue le vendredi, 07 juillet 2023, après la prière de 14h à la devanture du bloc administratif de Koïn, a constaté sur place Guineematin.com à travers son correspondant local.

Alpha Oumar Tombon Baldé, sous-préfet de Koïn

Alpha Oumar Tombon Baldé, le sous-préfet de Koïn, très remonté face à ces résultats catastrophiques, a exprimé sa déception avant de pointer un doigt accusateur. « Je suis très navré pour ces échecs-là. Depuis l’année dernière, depuis même 2020, ces échecs continuent. On a compris effectivement que c’est les maîtres qui composaient pour les élèves, parce que d’habitude, on gagnait 80%. Cette fois-ci depuis que l’Etat a pris du sérieux dans le cadre de l’éducation, a fait jurer les surveillants pour ne pas aider les élèves, on a vu qu’il y a des échecs. C’est pour dire que les élèves n’ont aucun niveau. Je déplore aussi le niveau des enseignants, parce qu’on ne peut pas accepter qu’il y ait zéro admis dans une classe si le maître a un peu enseigné. Pratiquement, est ce que ce ne sont pas les maîtres qui sont zéro. S’ils ont enseigné, au moins il y aurait un admis qui a pu faire un effort, qui a pu franchir le cap. Mais s’ils font zéro admis, en ce moment, c’est tout le monde qui est zéro. Tout le monde est responsable, je ne dis pas moi, autorité, je ne suis pas responsable, mais on a tout fait. Par ce qu’à Koïn, je reconnais qu’il n’y a pas eu grève d’enseignants, j’ai toujours passé par les ressortissants, par les parents d’élèves pour continuer à payer les contractuels d’ici avant que l’Etat les prenne en charge. Pour ne pas que les enfants chôment.  Mais est-ce que les enfants ont reçu la formation qu’il faut ? Donc, moi je pointe du doigt le niveau de formation des propres enseignants, parce qu’il faut connaître beaucoup pour enseigner un peu ».

Poursuivant, le sous-préfet est revenu sur le rôle néfaste de l’Etat dans la prise en charge des contractuels communaux. « Il y a ensuite le manque de conditions des enseignants. Les enseignants eux-mêmes ne sont pas dans les conditions. L’Etat avait promis de les payer, mais ils n’ont été payés que deux fois. Donc, ils n’étaient motivés et encouragés. A cela s’ajoute un délaissement complet des parents d’élèves. Nous, quand on étudiait, on n’osait pas s’asseoir sans bûcher la leçon. Aujourd’hui, on interdit de battre l’élève en classe, les enfants font ce qu’ils veulent. Ils n’étudient pas. Si on dit qu’on a 1000, 2000, 3000 élèves et qu’on n’a pas 100 admis, vous voyez combien de fois c’est dangereux ? ».

Devant cette situation, Alpha Oumar Tombon Baldé propose : « Pour que ça marche, tout le monde doit prendre sa responsabilité face au problème de l’éducation. Que chacun ait sa conscience professionnelle dans le cadre de l’éducation de nos enfants, parce que c’est l’avenir de nos enfants. Et celui de tout le pays. Apprendre aux enfants qu’il n’est plus possible de copier, qu’on ne peut plus les aider, s’ils n’étudient pas, ils ne pourront plus passer. Dire aux parents, s’ils laissent les enfants vadrouiller n’importe comment, qu’ils ne s’intéressent pas à eux une fois en classe. Après la classe, à la maison, comment ils vont apprendre les leçons, ça ne peut pas marcher. En classe, on te donne la clé, c’est à maison que tu vas faire les recherches et bûcher les leçons. Mais si on laisse les enfants à l’abandon, ils font ce qu’ils veulent, voilà pourquoi les échecs sont là. Et les parents et nous les responsables, et les enseignants, nous sommes responsables. Tout le monde est coupable. C’est pour dire que tout le monde doit prendre conscience de ce qui est arrivé. On voulait ouvrir le lycée depuis longtemps, mais même le collège est entrain de ternir l’image de marque de Koïn. On a suffisamment honte du niveau d’avancement de l’éducation à Koïn.  Ça ne marche pas, il faut le reconnaître », a déclaré le sous-préfet.

Prenant la parole, Moustapha Diallo, l’un des délégués scolaires de Koïn, a rejeté les accusations portées par le sous-préfet contre les enseignants. Devant l’assistance, il a pointé un doigt accusateur sur le manque criard d’enseignants et le délaissement des parents. « Nous savons tous qu’aujourd’hui, il faut les moyens pour étudier. On a un problème lié au manque d’enseignants, le ratio n’est pas respecté. Il y a un manque criard d’enseignants qu’on a essayé de combler par les contractuels. On a eu de sérieuses difficultés pour les prendre en charge. Les parents d’élèves ont refusé de payer. Ici à l’école primaire du centre par exemple, il a fallu qu’on revende les vieilles tôles pour pouvoir payer les deux contractuels que nous avions au moins pour un mois. Comment voulez-vous que vos enfants étudient sans mettre le paquet ? Moi ; mes propres enfants et ceux de mon frère, je sais combien je paie par an pour leur scolarité… ».

Il est à préciser que toute la sous-préfecture de Koïn, à l’examen d’entrée en 7ème année, il n’y a que 5 admis à l’Enseignement général, et 19 à l’enseignement Franco-arabe. Au niveau du brevet, l’Enseignement général n’a eu aucun admis. Au Franco-arabe, il y a eu 2 admis sur 15 candidats.

Le taux admission au BEPC au niveau de la préfecture de Tougué est de 9,7%.

Depuis Koïn, Alpha Ibrahima Diogo Baldé pour Guineematin.com

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