Falsification de dates de péremption de produits alimentaires : 3 indiens de la société CSK distribution jugés à la CRIEF

Le procès de Bharat Lakhani, Dinesh Jotwani et Harsh Verna tous informaticiens de formation a débuté lundi 24 juillet 2023 à la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). Les trois jeunes ressortissants indiens sont jugés pour les faits de « faux et usage de faux en écriture de commerce et atteinte à la santé publique ». Les deux premiers ont sans ambages reconnu les faits articulés contre eux alors que le troisième les réfute, rapporte le reporter de Guineematin.com dépêché se trouvant sur place.

Ces trois ressortissants indiens sont accusés d’avoir changé des dates de produits alimentaires (jus, fruits et poulets) arrivés à expiration en vue de les revendre dans la supérette « le bon choix » située à Coléah dans la commune de Matam (Conakry). Ils y ont été surpris par l’Office national de contrôle qualité (ONCQ) au mois de mai 2023 en train de procéder à ce changement de dates à travers une machine consacrée à cela. Et 68 produits sont saisis à cet effet.

Bharat Lakhani, âgé de 30 ans et gérant principal de la supérette appartenant à la société CSK distribution Sarl installée en Guinée depuis août 2022, est passé le premier devant la chambre de jugement de la CRIEF pour faire sa déposition.

« Oui une seule fois il y a environ 2 mois, ils ont trouvé la machine de production là-bas qui sert à changer les dates. Quand ils sont arrivés, ils ont automatiquement saisi la machine. Selon moi, ce n’est pas bon de changer les dates des produits expirés », a-t-il avoué, précisant que les dates sont changées pour leur éviter de perdre leur marchandise.

Lors de son second passage devant la Chambre de jugement, Bharat Lakhani lâche : « Je suis coupable et je demande pardon à la Cour. C’est une première et une dernière fois », a-t-il dit.

Il sera succédé à la barre par Dinesh Jotwani, le magasinier âgé également de 30 ans. Non seulement il reconnaît les faits, mais explique que c’est à la troisième falsification qu’ils ont été pris. « Nous avons changé des dates 3 fois (janvier, février et mars 2023) dans le but de revendre les produits mais nous n’avons pas vendu », a-t-il indiqué. Il est souvent rappelé à l’ordre par la Cour qui l’accuse de refuser de répondre aux questions. Mais pour Me Djibril Kouyaté, avocat de la défense, son client n’a pas un bon niveau en anglais raison pour laquelle il ne comprend pas les questions de la Cour relayées par l’interprète.

À deux jours des dates de péremption des produits concernés, elles sont prolongées pour deux mois grâce à la fameuse machine. Pour se justifier, les mis en cause disent avoir goûté les produits pour en juger la bonne qualité et assurent qu’ils sont restés dans leur magasin de stock.

S’agissant de Harsh Verna, le troisième prévenu âgé de 25 ans, ils affirment qu’il est arrivé deux jours avant la descente de l’ONCQ. Donc pour eux, il n’est pas mêlé à l’affaire. « Deux jours après mon arrivée, l’Office est allé à la supérette. Ils m’ont trouvé en train de ranger les marchandises. Je ne sais rien dans cette affaire », a-t-il assuré.

Me Djibril Kouyaté, avocat

Avant la fin de l’audience, Me Djibril Kouyaté a demandé à la Cour d’ordonner le retrait des produits prohibés et la réouverture de la supérette. « Nous sollicitons humblement la Cour d’autoriser que le magasin soit ouvert pour que nos compatriotes qui sont là-bas et qui ne sont pas concernés par cette procédure de pouvoir travailler et mériter leur rémunération », a-t-il plaidé.

Moustapha Mariama Diallo, procureur

Mais pour le procureur, Moustapha Mariama Diallo, la demande de l’avocat n’est pas opportune à ce stade de la procédure car les faits sont graves. « C’est une demande qui n’a pas sa place parce que le ministère public estime en tenant compte de la gravité des faits, une décision de fermeture même de la supérette est possible pour avoir exercé en toute illégalité, pour avoir posé des actes qui ont porté atteinte et qui continuent de porter atteinte à la santé publique », a-t-il fait savoir, demandant à la Cour de joindre la demande de l’avocat au fond. C’est-à-dire la réponse à cette demande fera partie de la décision à entreprendre au fond dans cette affaire.

Ce que la Cour, présidée par Francis Kova Zoumanigui, a accepté. La Cour a ainsi joint la demande de destruction des produits incriminés et de réouverture du magasin concerné au fond avant de renvoyer l’affaire au jeudi 27 juillet 2023 pour la suite des débats avec la possibilité des réquisitions et plaidoiries.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com 

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