CRIEF : sans avocat, Oyé Guilavogui réclame à nouveau sa mise en liberté provisoire !

Oyé Guilavogui, ancien ministre

Le dossier de l’ancien ministre Oyé Guilavogui, poursuivi à la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), ne connaît toujours pas son dénouement. Depuis que ses avocats, initialement constitués, se sont retirés de la procédure, le prévenu n’a toujours pas un avocat pour défendre ses intérêts. Il a comparu ce mercredi, 26 juillet 2023, sans avocats, alors que les vacances judiciaires pointent à l’horizon. Au cours de cette audience, Oyé Guilavogui a personnellement formulé une demande de mise en liberté jusqu’au retour des vacances judiciaires, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Comme lors des audiences précédentes, le ministère public a exprimé son avis sur cette situation. Le substitut du procureur spécial près la CRIEF, Moustapha Mariama Diallo, a fait savoir que des démarches étaient en cours pour désigner d’office des avocats pour défendre les intérêts du prévenu Oyé Guilavogui. « Le parquet a eu des échanges avec le bâtonnier, qui s’était engagé à nous fournir une liste des avocats désignés par le barreau, et c’est cette liste que nous allons transmettre au département pour une prise en charge par rapport à la commission d’office. Ces formalités n’ont pas encore été accomplies, mais les démarches sont en cours. Cependant, monsieur le président, le ministère public sollicite un renvoi. S’il n’y a pas de jour disponible avant le début des vacances judiciaires, nous vous prions de renvoyer cette affaire au premier mercredi du mois d’octobre. Les mois d’août et de septembre étant la période des vacances pour les avocats, et le mois d’août constituant également la période de vacances judiciaires pour les magistrats, il ne serait pas possible de tenir des audiences en dehors de celles qui sont déjà programmées pour cette période de vacances judiciaires. Monsieur le président, cette situation a été créée par le prévenu et ses avocats. Les débats étaient très avancés dans cette procédure », a dit le magistrat.

Seul devant la Cour sans avocats, Oyé Guilavogui a sollicité sa mise en liberté provisoire jusqu’à la prochaine audience. « Monsieur le président, monsieur le procureur, cela fait plus de 5 mois que le procès dure, et nous ne voyons pas la fin. Après avoir constaté l’absence des avocats qui auraient dû être désignés d’office, je vous demande d’accepter ma mise en liberté provisoire jusqu’à la prochaine audience… ».

Le ministère public s’y est aussitôt opposé. « Monsieur le président, j’ai écouté le prévenu. En ce qui concerne sa demande, je pense que cette procédure concernant monsieur Oyé Guilavogui n’a jamais été entravée, car nous n’avons jamais cherché à éviter les audiences. Cette procédure a toujours été prioritaire par rapport aux autres dossiers. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les avocats demandaient souvent des renvois au-delà des jours auxquels cette procédure était programmée. Monsieur le président, cette situation a été créée par le prévenu. Ses avocats se sont retirés parce qu’ils n’ont pas obtenu la liberté provisoire, mais il est de son droit de faire appel et de solliciter des renvois. C’est cela aussi la garantie judiciaire. Un seul juge ne décide pas. C’est un collège de juges qui décide. Nous ne pouvons pas faire fonctionner la Cour au-delà de ce qui est prévu par le code de procédure pénale. Les audiences, une fois programmées, doivent être respectées. Ils ont refusé de venir à plusieurs reprises. Il ne veut pas être jugé. Nous, nous nous opposons à cette demande. Elle est non seulement fantaisiste, mais inopportune. Nous ne pouvons pas permettre d’entraver le bon fonctionnement de la justice. C’est à la Cour de décider. Ce n’est pas au procureur. Le ministère public ne peut que requérir. Et le juge ne peut fonder sa décision que sur des éléments de preuve fournis et discutés contradictoirement lors de l’audience. Monsieur le président, nous vous demandons de renvoyer cette procédure à la reprise des audiences, afin que celle-ci puisse suivre son cours normal. D’ici là, nous aurons probablement des avocats désignés d’office pour assurer sa défense. C’est son droit de mesurer le temps qu’il passe en prison. Cependant, en se fondant sur les dispositions de l’article 235 du code de procédure pénale, monsieur le président, ce prévenu risque une peine d’emprisonnement de 3 ans ou plus. C’est pourquoi sa détention préventive est justifiée », a dit le représentant du ministère public.

Finalement, la Cour a décidé de renvoyer la procédure au 31 juillet 2023 pour statuer sur la demande de mise en liberté provisoire formulée par Oyé Guilavogui.

Depuis la CRIEF, Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Facebook Comments Box