Dr Fodé Oussou sur la Transition en Guinée : « On est en train de perdre inutilement du temps avec des alibis qui ne tiennent pas la route »

Dr Fodé Oussou Fofana, vice-président de l'UFDG

En Transition depuis le 5 septembre 2021 (après le renversement du régime d’Alpha Condé : ndlr), la Guinée devrait renouer avec l’ordre constitutionnel en début 2025. Et, pour ce faire, les autorités de la Transition ont élaboré un budget de 600 millions de dollars pour financer les différentes activités contenues dans le chronogramme de la Transition. Ce chronogramme s’articule autour de dix points, dont l’organisation des élections. Ces élections doivent avoir lieu courant 2024, mais jusqu’à date, le gouvernement n’a réussi à mobiliser que 40 millions de dollars. Une situation qui laisse penser à un possible glissement de calendrier pour une prolongation de la Transition. Mais, pour Dr Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’UFDG (union des forces démocratiques de Guinée), ce retard dans la mobilisation des fonds est un argument stérile qui ne peut pas empêcher la tenue des élections dans le pays.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce mardi, 22 août 2023, ce proche collaborateur de Cellou Dalein Diallo (ancien Premier ministre et président de l’UFDG) a estimé qu’« on est en train de perdre inutilement du temps ». Il assure que la Guinée dispose de tout le matériel nécessaire pour organiser des élections et demande que les élections se tiennent dans les délais requis.

Dr Fodé Oussou Fofana dénonce aussi « les partis politiques qui sont devenues des mouvements de soutien du CNRD » et les accuse d’avoir fait de « la CEDEAO un bailleur de fonds pour l’organisation des élections » aux yeux de la junte militaire du CNRD.

« L’UFDG et l’ANAD ont fait une proposition de chronogramme que nous avons déposé avec tous les éléments en expliquant qu’on pouvait organiser les élections en seize mois. Nous avons demandé que l’article 77 de la charte [de la Transition] soit respecté (…) pour qu’on puisse se retrouver et dialoguer. Nous n’avons pas été écoutés. Nous n’avons pas participé à l’élaboration de tout ce qui s’est passé (le chronogramme de la Transition) et nous ne sommes pas concernés par son contenu. Donc, tout ce qui concerne ce chronogramme de la Transition et ses dix points, il faut le demander au CNRD et aux partis politiques et coalition qui ont participé à son élaboration… Ceux qui ont pensé que la CEDEAO est devenue bailleur de fonds pour l’organisation des élections dans des pays, c’est eux qui sont concernés. Parce que ce n’est pas à la CEDEAO d’organiser des élections ou de sortir chercher le financement pour l’organisation d’une élection. Nous demandons et souhaitons que les élections soient organisées dans les délais requis. Dans ce pays on a organisé beaucoup d’élections depuis 2010 et on a tous les éléments (fichier électoral, urnes…) qu’il faut. On a du matériel pour travailler, on en a même prêté à la Sierra Leone… Donc, si on veut organiser les élections qu’on les organise pour qu’on en sorte, parce que nous avons la preuve qu’on peut organiser ces élections sans avoir besoin de quoi que ce soit ou de la CEDEAO… On est en train de perdre inutilement du temps, aller chercher des alibis qui ne tiennent pas la route. Mais, ces coalitions qui sont allées faire de la mamayah, prendre du jus d’orange, qui pensaient qu’elles aimaient la Guinée mieux que les autres, qui sont devenues des mouvements de soutien du CNRD, c’est elles qui sont responsables de tout cela. Parce que si elles avaient adopté un comportement responsable pour expliquer que la Transition n’a pas pour rôle de faire un recensement général de la population, de développer un pays (…), on pouvait organiser les élections en seize mois », a martelé Dr Fodé Oussou Fofana.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tél. : 622 97 27 22

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