Protection de la forêt de Kakimbo : Idiatou Baïlo Barry lance un plaidoyer pour délocaliser le projet de village numérique

Idiatou Baïlo Barry, la Coordinatrice du Collectif Pour Sauver la forêt de Kakimbo

Située à Kipé (un quartier de la commune de Ratoma), la forêt de Ka kimbo est de moins en moins dense. Ces dernières années, elle a surtout été victime de déboisement et de l’urbanisation anarchique. Aujourd’hui, elle a perdu près de trois quarts de sa superficie initiale. Et, avec le village numérique en construction au CFP (centre de formation professionnelle de Kipé), cette forêt urbaine de Conakry devrait encore être grignotée. Une chose que déplore profondément Idiatou Baïlo Barry, la coordinatrice du ‘’Collectif pour sauver la forêt de Kakimbo’’. Cette défenseuse de la nature appelle à la délocalisation de cet ambitieux projet numérique pour préserver cette forêt.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com avant-hier, mardi 22 août 2023, Idiatou Baïlo Barry a laissé entendre que la forêt de Kakimbo a déjà perdu près de trois quarts de sa superficie initiale.

« C’est avec un grand regret que j’ai appris le projet du village numérique à l’intérieur de la forêt de Kakimbo. C’est un regret, parce que la forêt de Kakimbo couvrait au début une superficie de 115 hectares. Avec tous les morcellements et les agressions, nous nous sommes retrouvés à 29 hectares. Et, ces 29 hectares sont encore menacés. Aujourd’hui l’Etat est en train de proposer un projet de village numérique qui va prendre à peu près 4 hectares sur la forêt. Demain ça serait quel projet sur la forêt ? Et si ça continue, nous nous retrouverons avec une zone complètement déboisée. Conakry souffre actuellement d’un syndrome de nature qui est le syndrome de manque de nature. Hier c’était le littoral, nous sommes complètement privés de la mer. Donc, maintenant c’est la forêt, des graines de beauté qui nous restent à l’intérieur de la ville de Conakry. Et, ces graines de beauté sont les 4 forêts : Kakimbo qui est la plus grande, la forêt d’Entag, de Dabompa et le jardin botanique de la Camayenne. Ces forêts sont aujourd’hui très menacées. L’Etat n’accorde pas d’intérêt à ces forêts. Nous les considérons comme des zones inutiles. Et, par conséquent, si ce n’est pas les jets d’ordures à l’intérieur de ces forêts, c’est des morcellements anarchiques qui se terminent par la disparition complète des forêts de Conakry… Il y aura plusieurs conséquences si ces forêts disparaissent dans la ville. D’abord, nous savons tous l’avantage d’un seul arbre, à plus forte raison si on a une forêt. Les arbres constituent les poumons verts de la ville, ils purifient l’air, ils évitent aussi les inondations et participent au bien-être de la population. Puisque ça constitue des endroits calmes, paisibles où on peut aller se reposer, se détendre, des lieux de loisirs en quelque sorte », a-t-elle indiqué.

Par ailleurs, Idiatou Baïlo Barry fait un plaidoyer à l’endroit du ministère de l’environnement et du développement durable pour la délocalisation du projet de construction du village numérique.

« Mon message au ministère de l’environnement, c’est de proposer des aménagements adéquats pour permettre de protéger, de valoriser des forêts en milieu urbain. Protéger sans pour autant les valoriser, ça ne pourra pas permettre leur pérennisation. En ce qui concerne le projet de la construction du village numérique, c’est un bon projet pour la population. Mais, c’est son emplacement qui cause problème pour nous. On peut trouver mille et une places pour le village numérique, mais Kakimbo ne peut pas être déplacé. Le ministère doit essayer de protéger pour permettre aux autres générations de voir ces forêts », a-t-elle dit.

Il faut rappeler que cette forêt de Kakimbo regorge en son sein 87 têtes de sources d’eau. En plus de ces merveilles, elle abrite la grotte de Kakinbo.

Mohamed Gueasso DORÉ pour Guineematin.com

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