Joachim Baba Millimouno sur les 2 ans du CNRD au pouvoir : « l’espoir suscité s’est estompé… »

Joachim Baba Millimouno, politologue, Coordinateur de la cellule de communication de l'UFDG

Dans moins d’une semaine, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) va commémorer l’an 2 de son accession au pouvoir en Guinée. Cette junte militaire dirige la Guinée depuis le 5 septembre 2021 (après le coup d’Etat contre le régime d’Alpha Condé : ndlr). Elle est venue au pouvoir avec la promesse de faire « la justice la boussole », mais elle s’est aussi engagée à conduire une transition qui va déboucher sur des élections pour le retour à l’ordre constitutionnel dans le pays. Mais, où en est-on aujourd’hui face à toutes ces promesses de refondation et d’égalité ?

Dans un entretien accordé à Guineematin.com ce vendredi, 1er septembre 2023, le coordinateur de la cellule de communication de l’UFDG, Joachim Baba Millimouno, a peint en noir le bilan du CNRD. Il estime que la junte n’est pas en adéquation avec ses engagements de départ.

Joachim Baba Millimouno, politologue, Coordinateur de la cellule de communication de l’UFDG

« Les motifs évoqués de ce coup d’État faisaient mention de l’arbitraire, de la difficile relation entre le pouvoir et les acteurs politiques. Il a fait mention aussi de l’État regrettable de la justice guinéenne et des détenus politiques. Les guinéennes ont reçu la promesse de Mamadi Doumbouya de rétablir l’indépendance de la justice. L’impression que tout le monde avait eue, c’est que la justice sera la boussole de la transition. Où en est-on avec la justice ? Les magistrats sont en grève, combien de citoyens subissent de l’arbitraire et peinent encore à obtenir des décisions justes. Je prends l’exemple de Monsieur Sidya Touré qui s’est vu exproprié de sa maison et qui a saisi la justice ? Qu’en est-il de Monsieur Cellou Dalein Diallo qui s’est vu aussi exproprié, son domicile complètement rasé, qui a également saisi la justice ? Parlant de la CRIEF, des 24 ans du règne de Lansana Conté, il n’y a qu’un seul fonctionnaire qui est poursuivi comme s’il était le seul ministre… Il s’agit de Cellou Dalein Diallo. Et, ça émet des doutes… Beaucoup de responsables de la société civile, des acteurs politiques se sont fait arrêter ici et ont été embastillés et qui continuent à subir le même sort », a-t-il indiqué.

A en croire ce cadre de l’UFDG, l’espoir suscité par le CNRD le 5 septembre s’est estompé et le peuple vit aujourd’hui dans la « désillusion » à cause de la gestion solitaire de la Transition.

Joachim Baba Millimouno, politologue, Coordinateur de la cellule de communication de l’UFDG

« Y a-t-il un dialogue inclusif, à date, qui permet à l’ensemble des acteurs sociopolitiques de la transition et les tenants du pouvoir de convenir d’un contenu de durée, du fait de refus systématique du CNRD de conjuguer avec tout le monde ? Il préfère conjuguer ou faire un semblant de conjugaison avec des entités qui sont à leur solde, la manipulation continue, l’exclusion elle est visible. Que dire des manifestations réprimées dans le sang. Aujourd’hui nous avons 25 morts sous le CNRD, alors qu’il a été promis que personne ne mourrait pour ses opinions politiques. Je me fiche éperdument de ce que le CNRD envisage de faire le 05 Septembre… Nous retenons que les promesses n’ont pas été tenues, l’espoir qui a été suscité s’est estompé, nous sommes dans une désillusion totale. Et, c’est pourquoi nous appelons les Guinéens à cette manifestation du 05 Septembre pour rappeler au CNRD ses engagements pour qu’ils les tiennent et leur dire que le peuple de Guinée veille au grain et leur dire qu’il n’y aura pas un jour de plus. Eux-mêmes l’ont martelé, ce n’est pas nous qui avons écrit la charte, ils l’ont écrite en toute liberté et nous exigeons que cette charte soit respectée. Ils ont signé un accord avec la CEDEAO, ce n’était pas sous pression quelconque, nous n’y étions pas. Eux seuls sont arrivés à un accord dit dynamique de 24 mois avec des activités précises. Pourquoi aura-t-on un glissement ? Il ne peut y avoir de glissement s’il y a volonté. On a un fichier électoral qui existe, mettre celui-là à jour ne coûte pas 6 mois. La Guinée a une expérience de l’organisation électorale, on a été capable de prêter du matériel à la Sierra-Leone, on n’est pas alors incapable d’organiser une élection », a martelé Joachim Baba Millimouno.

Joachim Baba Millimouno, politologue, Coordinateur de la cellule de communication de l’UFDG

Ismaél Diallo pour Guineematin.com

Tel : 624693333

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