De nombreuses femmes de Conakry quittent l’intérieur des marchés pour venir exposer leurs marchandises aux abords de la chaussée. Le danger est énorme et permanent, mais les femmes évoquent le manque de places et la rareté de la clientèle pour justifier ce comportement. C’est le cas au marché de Taouyah, dans la commune de Ratoma, où les femmes étalent leurs marchandises aux abords des rails avec tous les risques encourus. Tel est le constat fait sur place ce mercredi, 6 septembre 2023, par Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Ce n’est pas un fait caché pour les habitants de Taouyah, dans la commune de Ratoma. La voie ferrée de Taouyah est occupée par des femmes vendeuses depuis des années. Un phénomène qui perdure malgré le danger de cette pratique. Des femmes y étalent leurs marchandises à la quête de nourrir leur famille. Celles qui occupent cet endroit, par peur d’être délogées, ont refusé de parler. Excepté dame Hadja, vendeuse de condiments.
« Nous étalons nos marchandises ici, au niveau des rails, malgré le danger, c’est parce qu’on n’a pas le choix. Nous restons ici parce qu’on n’a pas un autre endroit où étaler nos marchandises. Et il faut nourrir notre famille, vêtir nos enfants, les scolariser et avoir de quoi manger. Nous savons que c’est dangereux et ce n’est pas normal. Mais nous restons ici. Même quand le train passe ici, nous restons sur place en le regardant passé. On s’est habitué. Nous avons plusieurs fois demandé à l’État, de par nos syndicalistes, de nous trouver un endroit où vendre. Mais rien au final. Les autorités savent que nous sommes là, elles connaissent le danger que les femmes traversent quand elles sont assises ici. Mais, elles ne se bougent pas. Mais lorsque l’État nous aidera à avoir un marché quelque part, nous bougerons. Comprenez-le », a lancé dame Hadja, vendeuse de condiments de toutes sortes.
Bangaly Bangoura, enseignant dans les écoles de Taouyah, riverain du marché, affirme que les femmes accusent à tort l’État. « Les femmes accusent inutilement l’État pour leur occupation anarchique des rails pour vendre. Mais, l’État n’est nullement responsable. Parce que si vous inspectez l’intérieur du marché de Taouyah, vous y verrez des places inoccupées. Ces femmes occupent juste les rails parce qu’elles estiment que c’est là-bas qu’elles feront plus de vente », a dit notre interlocuteur.
Par ailleurs, Bangaly Bangoura accuse les agents de sécurité de la voie ferrée de Taouyah d’être complices de cette occupation anarchique des rails par les femmes. « Ceux qui assurent la sécurité au niveau des rails de Taouyah, ceux qui sont les gardes de cette voie ferrée, sont complices des vendeuses. L’État est venu ici déloger les femmes. Mais les agents de sécurité, recevant de l’argent de la part des vendeuses, ont rétabli les femmes. Ils s’arrangent avec elles ici pour les laisser vendre. Par le passé, nous avons évité plusieurs accidents ici. Les agents de sécurité sont témoins de tout cela. Mais ils ne font pas bien leur travail », a laissé entendre monsieur Bangoura.
Les femmes ont pris l’habitude de vite quitter leurs places avec leurs marchandises quand le train arrive. Mais, le danger est permanent et le risque gros. C’est ce qu’a indiqué Mamadou Djan Barry, motard stationné près des rails. « Une fois, le train est venu ici, en ne faisant aucun bruit. Personne n’a été alerté. C’est quand le train s’est vraiment rapproché que les femmes l’ont aperçu. Elles n’ont eu le temps que de se déplacer. Le train est venu détruire plusieurs marchandises. Les femmes se sont mises à pleurnicher après son passage. Malheureusement, elles n’avaient nulle part où se plaindre », explique ce plombier reconverti en taximotard.
Il faut souligner que les agents de sécurité postés sur les lieux pour assurer la sécurité n’ont pas accepté de s’exprimer sur la question.
Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com