Allocution de Mamadi Doumbouya à l’ONU : « il a dénoncé un modèle qui a un bilan sur le continent africain », dit le leader du BL

Dr Faya Millimouno, président du Bloc Libéral

Comme annoncé dans nos précédentes dépêches, le président de la Transition guinéenne s’adressé à l’assemblée générale des Nations Unies hier, jeudi 21 septembre 2023. Mais, son discours est sujet de multiples interprétations actuellement en Guinée. Chacun y va de son chef pour dénoncer ou apprécier le contenu de ce grand oral du colonel Mamadi Doumbouya. Certains y voient « un discours creux », alors que d’autres saluent un discours panafricain.

Dans un entretien accordé à Guineematin.com cet après-midi, vendredi 22 septembre 2023, le président du Bloc Libéral (BL), Dr Faya Millimouno, a évoqué un discours qui exprime la continuité du positionnement géopolitique de la Guinée depuis 1958. Une Guinée qui a très tôt refusé d’avoir un chaperon.

« Nous avons suivi avec intérêt le discours. Les interprétations des uns et des autres diffèrent parce que les attentes étaient différentes. Il s’agit de la tribune de l’assemblée générale des Nations Unies, je ne m’attendais pas trop à ce que ce soit une tribune où il fallait aller dans les questions monétaires. Il s’agissait là d’affirmer ce que la Guinée était, et par ricochet ce que l’Afrique était. Et, je crois que le discours s’inscrit dans la continuité du positionnement géopolitique de la Guinée depuis son indépendance. Nous n’avons pas voulu avoir un parrain de qui on devait dépendre et qui devait nous dire quoi faire. La Guinée a choisi depuis 1958 la souveraineté pour avoir la capacité de faire le choix de ses partenaires en fonction de ses intérêts stratégiques », a-t-il indiqué.

A la tribune des Nations Unies, le président de la Transition guinéenne a dressé un tableau sombre de la démocratie en Afrique. Le colonel Mamadi Doumbouya a dénoncé « un modèle de gouvernance qui a été imposé à l’Afrique » par l’occident et qui a du mal à s’adapter aux réalités africaines. « La greffe n’a pas pris… De façon très claire, sans hypocrisie, sans faux semblant, les yeux dans les yeux, nous sommes tous conscients que ce modèle démocratique que vous nous avez si insidieusement et savamment imposé après le sommet de la Baule, en France, presque de façon religieuse, ne marche pas », a-t-il martelé.

Par ces mots, de nombreux acteurs politiques et sociaux guinéens estiment que le colonel Mamadi Doumbouya remet en cause les acquis démocratiques en Afrique. Ils le soupçonnent même de préparer « sa dictature » pour s’éterniser au pouvoir. Mais, pour Dr Faya Millimouno, voir ce discours sous cet angle est une façon de réduire la démocratie à la simple organisation des élections.

« Par rapport à la question de la démocratie, je suis beaucoup de commentaires là-dessus. C’est comme si pour les uns Mamadi Doumbouya désormais s’inscrirait dans la voie antidémocratique. Non ! Il a dénoncé un modèle de démocratie qui a un bilan sur le continent africain. Et, quand on parle de démocratie, on parle d’un ensemble de choses. On parle d’abord du contrat social. Et ce contrat-là dans nos pays a toujours été mal défini. Nous sommes en train aujourd’hui de parler de la constitution dans notre pays. Mais, comment nous l’élaborons ? Qu’est-ce qui nous inspire ? Sur la base de quoi nous choisissons de créer telle institution ou tel gouvernement ? Qu’en est-il de la régulation entre toutes ces institutions au regard des spécificités qui sont les nôtres pour aller à un équilibre sur la base duquel le développement du pays peut se réaliser. Le fait de calquer un modèle sans tenir compte des spécificités des pays, du continent africain, c’est cela qu’il dénonce. Finalement, c’est comme si la démocratie en Afrique se réduisait simplement à une question d’élection. Alors qu’on sait que les élections qui y sont organisées dans des conditions beaucoup plus frauduleuses. Donc, finalement, qu’est-ce qui reste du modèle de démocratie qui est en usage en Afrique ? L’interpellation ici, c’est non seulement par rapport aux occidentaux qui crient à corps et à cris qu’il fait appliquer ce modèle de démocratie, mais aussi à l’élite politique intellectuelle africaine de travailler à faire une meilleure lecture des réalités qui sont les leurs pour concevoir le contrat social que nous appelons sur le continent africain ici les constitutions. Ceci est extrêmement important à savoir… Donc, pour moi ce discours doit être vu sous cet angle-là. Et, j’ai trouvé ces éléments-là très intéressants », a déclaré le leader du BL.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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