Après le discours tenu par le président de la transition guinéenne, colonel Mamadi Doumbouya hier (21 septembre 2023) à la tribune des Nations-Unies à l’occasion de la 78ème session ordinaire de l’Assemblée générale, les acteurs politiques du pays livrent leurs analyses sur cette sortie très attendue dans le pays. Amadou Oury Bah, président de l’Union des démocrates pour la renaissance de la Guinée (UDRG) pour sa part se dit satisfait de l’allocution. Il estime que le président du CNRD a parlé d’une nouvelle approche qui appelle à la responsabilité des élites africaines elles-mêmes, et qui invite les africains à être plus exigeants sur eux avant de trouver des justificatifs sur les autres pour se disculper de ce qui arrive aux populations, rapporte Guineematin.com à travers un des ses reporters.
Si beaucoup d’analystes estiment que le colonel a cherché dans son discours à « justifier » les coups d’État en Afrique et qu’il n’a pratiquement pas parlé de la particularité de la transition guinéenne comme certains l’attendaient, Bah Oury pense plutôt le contraire.
« Je pense qu’il a exprimé une certaine idée de la singularité de la Guinée. Même par rapport à la gestion de la transition telle qu’elle est en train de se dérouler, c’est l’affirmation d’une volonté d’agir en toute autonomie, en conformité avec des intérêts qui sont spécifiques à la Guinée. C’est cela qui est exprimé. Et sur le plan international, éviter un alignement manifeste sur quelques puissances qu’elles soient. Là aussi c’est une affirmation d’une volonté d’équilibre et d’un positionnement équidistant par rapport aux contradictions entre les grandes puissances de ce monde. Cela aussi se pratique dans la manière dont la Guinée gère la transition actuelle. En ce qui concerne la critique sur les causes des coups d’états, c’est évident. C’est la justification du processus par lequel il y a eu le 05 septembre 2021. On a vu des chefs d’État tripatouiller leur constitution, mentir, tricher uniquement pour conserver le pouvoir, et c’est cela qui est dit. Voilà des singularités d’une approche spécifique à la Guinée qui viennent d’être exprimées à travers ce discours à la tribune des Nations-Unies. Donc la singularité de la transition guinéenne est belle et bien reflétée dans cette approche qui souhaite mettre en œuvre une volonté et une détermination d’avoir une attitude autonome, et de privilégier les intérêts nationaux, les intérêts du continents avec responsabilité », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, le chef d’État guinéen a parlé d’un modèle de gouvernance imposé à l’Afrique par l’occident qui n’a pas marché. Pour beaucoup, il a ainsi fait le procès de la démocratie, mais là aussi, le président de l’UDRG pense qu’il n’a fait que dénoncer des pratiques politiques antidémocratiques qui ne correspondent pas aux attentes des populations.
« Ce n’est pas la critique de la démocratie, c’est la dénonciation des pratiques politiques antidémocratique qui ne correspondent ni aux vœux, ni aux attentes des populations. Donc c’est un appel à une remise en cause, à une réflexion pour changer de paradigme et être en conformité avec les aspirations populaires. Au lieu de mentir, de tricher et d’user de la force pour s’imposer tout en se gargarisant avec des vœux pieux de démocratie alors qu’en réalité ce sont des mafias qui s’installent à la tête des pays », a poursuivi l’homme politique.
En conclusion, il se dit satisfait du discours prononcé par Mamadi Doumbouya à New York (États-Unis). « Je suis satisfait parce que dans une certaine mesure c’est une nouvelle approche qui correspond à l’ère du temp, qui appelle à la responsabilité des élites africaines elles-mêmes et qui demande à ce qu’on soit davantage exigeant sur nous avant de chercher le pou sur la tête de quelqu’un et nous disculper de toute responsabilité par rapport à ce qui arrive à nos populations », a-t-il indiqué.
Entretien réalisé par Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com
