Le Colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition guinéenne, est le seul putschiste à avoir pris part au 78ème sommet ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York. Dans l’après-midi d’hier, jeudi 21 septembre 2023, le tombeur d’Alpha Condé y a tenu un discours diversement apprécié dans l’opinion. Au lendemain de ce discours, un reporter de Guineematin.com a donné la parole à des citoyens de Conakry. Si d’aucuns partagent certains pans de son discours, d’autres dénoncent des incohérences et disent être insatisfaits.
Ousmane Diallo, artiste de profession, approuve le contenu du discours du Colonel Doumbouya. « Il faut que le Guinéen s’habitue à la vérité. Je ne suis pas politicien, Doumbouya est mon président, et ce qu’il a dit hier ; le plus souvent, quand les chefs d’États élus changent de Constitution, c’est ce qu’on appelle coup d’État. En Europe, ça n’existe pas. Quand tu fais tes deux (2) mandats, tu quittes. Il l’a signalé au siège des Nations Unies ; ça, c’est très important. Il a ressorti le combat de Sékou Touré, la responsabilité de la jeunesse africaine face à son destin. Il a osé dire la vérité. Les questions politiques, c’est un problème interne, tout ne peut pas être rose, il peut y avoir des lacunes. Donc, qu’il essaie de continuer sur le chemin de son discours du 05 Septembre 2021. On a confiance en lui et on espère qu’il va respecter ses engagements. Il ne s’est pas attaqué aux blancs, il a dit leurs défauts ».
Aboubacar Conté, peintre de son état, fustige ce qu’il appelle agenda caché du chef de la junte. « Ce que la population attendait de lui, c’était de parler de la date des élections. Mais aucun Guinéen n’a pu entendre ça, c’était le plus important. Il a un agenda caché, il communique avec tous les militaires qui sont parvenu à prendre le pouvoir par les armes que la population ne connait pas, c’est comme une association de ceux qui ont fait les coups d’État. Et il les a représentés, en oubliant ses propres problèmes, qui est la date des élections en Guinée. Sa conviction personnelle prouve déjà qu’il n’est pas prêt à organiser les élections. Si déjà il affichait cette intention de ne pas durer au pouvoir, les partenaires de la Guinée pouvaient aider le pays à obtenir des fonds pour nous sortir de la transition… ».
Mamadou Tanou Diallo, diplômé et entrepreneur, estime que le Colonel Doumbouya a raté une partie de son discours. « Il a parlé pour ne rien dire. Il n’a fait que parler de panafricanisme tout le temps, pour se victimiser, comme toujours. Ce que le peuple attend, ce n’est pas ce qu’il a dit. Le seul point que j’ai vu d’essentiel, c’est le fait qu’il ait indexé les puissances étrangères de jouer avec l’Afrique. Mais ce que je déplore, il n’a pas touché aux questions d’élections. Je n’apprécie jamais les coups d’État, les civils sont plus crédibles que les militaires. Si vous voyez qu’ils se rapprochent de la Russie, c’est juste pour imposer la dictature parce-que celle-là fournit des armes, mais pas pour développer les pays », pense-t-il.
Mohamed Lamine Barry, marchand de son état, soutient que Colonel devait profiter de cette occasion pour demander l’aide aux partenaires de la Guinée. « Il y a beaucoup d’incohérences dans son discours. Nous, on l’attendait beaucoup sur les affaires internes du pays au lieu de prôner le panafricanisme. Il est président de la transition, pas un élu. Donc, il doit éviter de dénigrer la démocratie. En prenant le pouvoir, il a dit qu’il veut restaurer la démocratie. Il aurait dû s’accentuer sur le retour à l’ordre constitutionnel. Normalement, au lieu de critiquer la communauté internationale, il devait faire son possible en amenant les bailleurs à financer les élections en Guinée, surtout qu’il a dit qu’ils ont besoin de 600 milliards de francs guinéens ».
Ismaël Diallo pour Guineematin.com
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