Sévices corporels au Camp Alpha Yaya Diallo en 2009 : « chaque jour, ils nous bastonnaient 3 fois », révèle Mamadou Bobo Diallo

Beaucoup de manifestants arrêtés le 28 septembre 2009 ont été incarcérés par les services spéciaux chargés de la lutte contre la drogue et des crimes organisés, commandés par Colonel Moussa Tiegboro Camara, au camp Alpha Yaya Diallo. Ils ont subi dans ce camp militaire, qui abritait la junte d’alors, des sévices. Justement, Mamadou Bobo Diallo y a séjourné durant 3 jours pendant lesquels lui et ses codétenus sont régulièrement molestés.

Dernier à comparaître au compte des audiences publiques devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à Kaloum) ce mardi, 23 octobre 2023, ce chauffeur âgé de 37 ans est revenu sur les différentes bastonnades dont il a fait l’objet le 28 septembre 2009 et les jours suivants, a appris Guineematin.com à travers deux de ses reporters.

Après les premiers crépitements d’armes au stade ce jour, il réussit à en sortir à la troisième tentative. Mais à peine le nez dehors, il est tombé sur des bérets rouges qui lui ont infligé sa première bastonnade.

« Nous avons quitté l’intérieur du stade on est venus jusqu’à la sortie mais nous n’avons pas pu sortir, on s’est retourné. Avec toute la foule qu’il y avait, on s’est perdu de vue (avec ses amis). Je suis reparti vers le portail mais je n’ai pas encore réussi à sortir. Alors je suis une nouvelle fois retourné à l’intérieur en cherchant mes amis, je ne les ai pas vu. J’ai tenté une troisième fois de sortir. Dehors, il y avait des gendarmes, policiers et bérets rouges, mais on était nombreux et nous avons levé les mains en l’air en disant Allahou Akbar. Les bérets rouges nous ont regroupé vers l’autoroute. Ils nous ont battus et nous ont fait monter dans leur camion », a indiqué Mamadou Bobo Diallo.

Les militaires les ont emmenés au camp Alpha Yaya dans deux camions afin de les livrer aux gendarmes qui relèvent des services de l’anti-drogue.

« Ceux-ci nous ont beaucoup battus, parce que ce sont eux qui m’ont blessé à la tête et sur le bras droit. Nos familles venaient nous rendre visite, après ils ont demandé qu’elles n’y aillent plus. Et même si quelqu’un va là-bas, ils n’acceptaient qu’on puisse se voir. On est restés là-bas 3 jours, mais chaque jour ils nous frappaient 3 fois. Ensuite ils nous ont transférés dans leurs pick-up en ville ici, et leur chef de mission a dit que quiconque essaie de s’enfuir de tirer sur lui. Ils nous ont enfermés mais en ce moment le fils de l’ancien président Ansoumane Conté était là. Il a dit à nos parents de ne pas nous envoyer à manger et de ne pas s’inquiéter. Il a acheté des nattes pour nous les mettre en prison. On est restés là-bas 4 jours, le chef qui commandait a dit qu’on serait bientôt libérés mais qu’il ne le ferait pas sans la présence de nos familles. Ils ont remis chacun à sa famille », a expliqué cette partie civile.

À la fin de sa position, le tribunal a ordonné le huis clos en vue d’entendre deux femmes victimes de violences sexuelles.

Mamadou Yahya Petel Diallo et Thierno Hamidou Barry pour Guineematin.com 

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