Vol avorté pour le Nicaragua : Abdoulaye Condé jugé à Conakry dans une affaire de 17 mille dollars US

Une affaire de « faux billets » d’avion pour des guinéens voulant se rendre aux USA en passant par le Nicaragua oppose deux camps au tribunal correctionnel de Dixinn, délocalisé à la mairie de Ratoma. Abdoulaye Condé, né en 1995, domicilié à Lambanyi, est jugé pour escroquerie et abus de confiance. Il aurait vendu des faux billets d’avion pour le Nicaragua à Hamidou Sanoh (6 000 dollars), Ibrahima Touré (5 500 dollars) et Kadiatou Diallo (5 500 dollars). Ces 3 parties civiles ont voyagé jusqu’à Istanbul (Turquie) avant de se faire refouler en perdant ainsi leur vol pour la suite du voyage. A la barre ce mardi, 31 octobre 2023, Abdoulaye Condé a nié les faits, rapporte un journaliste que Guineematin.com avait dépêché au tribunal.

Abdoulaye Condé, indexé dans cette affaire de faux billets, nie les faits. « Je ne connaissais pas Hamidou Sanoh. C’est l’un de ses parents vivants aux États-Unis qui m’a contacté pour me parler de son frère qui aspire à voyager pour le Nicaragua. Le lendemain, Sanoh est venu me voir, on a parlé. On n’a pas discuté de visa, c’est seulement le billet qui est entre nous… Sanoh est venu me voir à ma boutique, je lui ai dit que le prix est de 6 000 dollars. Je lui ai dit qu’après la boutique, je vais à l’agence chercher le billet, mais bien avant, je lui ai bien demandé s’il a le visa. Il m’a dit qu’il n’y a pas de visa entre la Guinée et le Nicaragua et que son frère aux Etats-Unis va se charger de ça. A la veille de son voyage, il m’a appelé pour me demander de l’aider à avoir quelqu’un qui va l’héberger à Dakar, je lui ai dit que je n’avais pas de relation là-bas. Le jour j, ils ont bougé. Tous les autres m’ont appelé, mais pas lui. Même à Istanbul (Turquie), je n’ai pas vu son appel. Les autres m’ont appelé pour m’informer qu’ils sont arrivés. Je m’inquiétais. C’est ainsi que j’ai appelé sa femme pour lui demander de ses nouvelles, parce que je devais lui envoyer les deux autres tickets qu’il va présenter à Istanbul, parce qu’il y a plusieurs étapes, après Istanbul, c’est Bogota (Colombie), de là-bas, ils s’embarquent pour le Nicaragua… Le lendemain dimanche, ils m’appellent pour me dire qu’ils n’ont pas pu voyager. Sur le coup, j’ai commencé à me renseigner sur les billets, je suis retourné à l’agence, j’ai demandé à monsieur Camara, il m’a dit que les billets sont authentiques. Je n’étais pas rassuré. Après, je suis allé à Turkish Airlines avec le parent de l’un d’entre eux. Ceux qui sont là-bas nous ont dit que les billets étaient authentiques… Je me suis dit que s’ils n’ont pas réglé le problème de visa, ils vont les retourner, parce que pour le Nicaragua, il faut avoir le visa. Or moi et eux, on n’a pas parlé de visas, c’est seulement pour les billets… Monsieur le président, je sollicite ma libération provisoire en attendant la fin des débats et je promets de me présenter », a-t-il indiqué.

Appelés à leur tour à la barre, les parties civiles dans cette affaire ont expliqué ce qui s’est passé dans cette affaire.

Ibrahima Touré, né en 1993, marchand résidant à Lambanyi, commune de Ratoma : « Je ne le connaissais pas avant. C’est mon ami, qui est aux Etats-Unis, qui nous a mis en contact. Lorsque je suis venu le voir, il m’a dit qu’à ce moment-là, il n’y avait pas de billets, d’attendre. Après quelques jours, il m’a contacté pour dire que le billet était disponible. Je suis venu pour lui remettre les 5 500 dollars. Je lui ai dit de faire un acte et de signer… Nous avons été bloqués à Istanbul. Il n’y a pas de visa entre la Guinée et Nicaragua. Il suffit juste de payer le billet. J’ai mené plusieurs démarches pour voir comment régler ça, mais comme ça n’a pas marché, je me suis dit de laisser tomber… ».

Kadiatou Diallo, née en 2000, élève domiciliée au quartier Taouyah, dans la commune de Ratoma : « Monsieur Condé nous a donné un billet pour le Nicaragua. On s’est embarqué le 06 septembre à Dakar, et on est arrivés le 07 Septembre à 06 h à Istanbul. On a fait escale là-bas pendant 24h, et le lendemain à 10h on devait partir. Malheureusement à notre arrivée, on a été refoulé. On l’a appelé pour l’informer. Il nous a dit d’attendre le lundi pour qu’il vérifie. C’est le dimanche qu’on devait quitter Istanbul, et pourtant, à l’aéroport, on te donne un temps court pour partir. L’immigration nous a dit partir voir Turkish Airlines. Nous y sommes allés et ceux-ci nous ont dit que les billets étaient des faux. Lui, le lundi nous a dit que les billets n’ont pas de souci et qu’il a vérifié… Les hommes d’affaires peuvent faire des billets n’importe où. Là-bas, ils ne nous ont pas posé de problème de visa. Les autres sont partis devant nous, sans qu’on leur demande le visa. A notre retour ici à Conakry, on a mené les enquêtes dans les autres agences. Mon billet est un faux… Moi, je veux mon argent », a-t-elle lancé.

Dans ses réquisitions, le procureur Siba Toupou, outré par cette situation, a brandi des menaces. « Quiconque désormais va s’impliquer dans ce trafic pour le Nicaragua pour aller illégalement aux Etats-Unis, le parquet de Dixinn va prendre sa responsabilité, l’accusé et le plaignant seront tous envoyés en prison, parce que la loi l’interdit. Pour aller aux États-Unis, c’est l’ambassade qui délivre le visa », a martelé le procureur.

En outre, le procureur Siba Toupou a sollicité le renvoi de l’affaire, tout en demandant que Mr Condé présente une garantie solide pour toute liberté provisoire, tout en facilitant la comparution de Monsieur Camara de l’agence de voyage.

Dans sa décision, le président du tribunal a ordonné au parquet de relancer l’enquête de la police judiciaire dans l’agence de voyage de Mr. Camara, en collaboration avec Abdoulaye Condé. Il a renvoyé l’affaire au 16 novembre 2023 tout en mettant le prévenu Abdoulaye Condé dans les mains de Fanta Kaba comme garantie pour sa comparution à l’audience prochaine.

Ismaël Diallo pour Guineematin.com

Tél : 624 693 333

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