Guinée : la DSV/BI publie la liste des victimes des violences d’Etat sous le régime d’Alpha Condé

Remise du rapport d'identification et catégorisation des victimes au Colonel Abel Haba du ministère de la défense nationale

Les droits de l’homme ont connu des périodes très difficiles en Guinée et ont été marqués par des violations souvent très graves. Comme on le sait, notre pays n’a pas connu que les crimes perpétrés le 28 septembre 2009 où plus de 150 Guinéens ont perdu la vie, une centaine de femmes violées et violentées ; et dont le procès est en cours depuis plus d’un an. De 2018 à 2020, plus de 3 400 personnes ont été victimes des violences politiques dans le pays et plus de 164 personnes ont perdu la vie dont 107 par balles, pendant les 4 dernières années de gouvernance du président Alpha Condé.

Pour changer cette tendance et dans le cadre de la promotion de l’Etat de droit et de la démocratie en Guinée, l’ONG Démocratie sans violence/ baïonnette intelligente (DSV/BI) a procédé ce jeudi 16 novembre 2023, dans un réceptif hôtelier de la place, à la publication des résultats d’identification et de catégorisation des victimes des violences politiques de 2018 et 2020.

Une activité menée  en collaboration avec la plate-forme des jeunes de l’axe pour la démocratie et le développement, PJDD avec l’appui technique et financier de  WFD (une ONG allemande Weltfridensdienst E.V) qui est un service mondial pour la Paix basée à Berlin, bénéficiant elle-même du financement du Ministère Allemand de la Coopération et du Développement (BMZ), rapporte un journaliste de Guineematin.com qui a couvert la cérémonie.

Dr Aminata Germer, la représentante pays en Guinée de la DSV/BI, dans son souhait de bienvenue a planté le décor dans un langage mesuré et responsable.

Dr Aminata Germer, représentante pays de DSV BI en Guinée

« Cet évènement est une activité de la DSV/BI qui est un programme guinéo allemand qui s’occupe de la promotion d’une démocratie pacifique en Guinée. C’est dans ce cadre qu’on a pris l’idée d’identifier les personnes qui ont été victimes des violations politiques en Guinée. C’est un premier pas. On espère qu’après cette étape, les organisations spécialisées vont aider les victimes à jouir de leurs droits », a dit Dr Aminata Germer.

Avant de donner la parole au Président de la PJDD, Kaly Diallo, le responsable du Bureau de la DSV/BI à Conakry a rendu un hommage mérité au couple Souaré (Aboubacar et et son épouse Suzane) qui été à l’initiative de la naissance de l’ONG Démocratie sans violence en Guinée/Baïonnette intelligente.

Kaly Diallo, responsable du Bureau de la DSV/BI à Conakry

« C’est lui, pour la première fois, en 2013, a eu l’idée d’approcher, d’organiser et de sensibiliser les jeunes de l’axe. Pour la première fois et au sortir d’une réunion à Bambéto le 13 juin 2013, nous avons même été attaqués par certains de ces jeunes. Mais au lieu de dire que ce sont des jeunes violents, il a dit qu’on va les approcher, discuter avec eux et savoir pourquoi ils sont violents. Puisque nous sommes convaincus que le développement ne peut se réaliser que dans la paix. Nous allons discuter avec eux et voir les pistes de solution pour lutter contre la violence. Grâce à lui, la PJDD est présente dans tout le pays et compte en son sein des jeunes qui sont convaincus de la lutte non violente », a rappelé Kaly Diallo, en marge de la cérémonie.

Pour sa part, Kabiné Yansané, Président de la PJDD est revenu sur le résumé de la liste des victimes des violences politiques pour la période 2018-2020 marquée par un scrutin communal, un référendum couplé des élections législatives et une élection présidentielle.

Kabiné Yansané, président de la PJDD

« Les violences politiques entre 2018-2020 ont fait au total 3 437 victimes reparties comme suit : 164 morts dont 107 par balles, 599 blessés dont 198 par balles, 1932 victimes de dégâts matériels, 740 victimes d’arrestations  et de déportations souvent arbitraires dont 2 victimes de viol. Le document en question est résultat du travail d’équipes qui ont sillonné et rencontré les victimes à travers tous le pays où des violences ont été enregistrées pendant cette période. Le rapport contient les victimes des violences des élections communales de 2018, du scrutin référendaire, des élections législatives et la présidentielle de 2020 », a précisé Kabiné Yansané.

Pour ce responsable des jeunes de l’axe, trois principales recommandations sont formulées en direction de l’Etat et des partis politiques pour éviter au pays de pareille situation.

«La poursuite judiciaire des auteurs et commanditaires des violences et crimes politiques de violation des droits de l’homme à tous les niveaux pendant la période 2018-2020 ; l’exigence aux partis politiques d’éduquer et de former permanemment leurs militants au civisme et à la non-violence en abandonnant les attaques réciproques, les invectives et lethnostratgie qui ne font que détruire le tissu social de notre nation et aux forces de défense et de sécurité tout comme les magistrats de rester neutres et républicaines lors des campagnes électorales , des scrutins, des dépouillements et de la publication des résultats », a demandé Kabiné Yansané.

Aimé Akolo Ntumba, le représentant du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) en prenant la parole a salué l’engagement de l’ONG Démocratie sans violence/Baïonnette intelligente pour son engagement pour la promotion des droits de l’homme.

Aimé Kakolo Ntumba, représentant pays du HCDH en Guinée

« Je tiens à exprimer notre reconnaissance envers le réseau SDV/BI Pour son engagement en faveur de la démocratie, des droits de l’homme et de la paix en Guinée. Votre travail a été essentiel dans la collecte et l’analyse des données qui ont permis l’élaboration de ce document initial. La situation des droits de l’homme en Guinée a été une occupation constante pour les Guinéens. Il est essentiel de reconnaître et d’aborder les violations qui ont eu lieu au cours de ces périodes difficiles » a fait savoir cet expert des Nations Unies qui a rappelé que ce rapport ne doit pas se limiter à sa publication.

« Ce rapport que vous publiez ne devrait pas seulement être un recueil de faits mais devrait être un appel à l’action et à la justice. Il représente la voix de ceux qui ont été affectés par les violences politiques mettant en lumière les défis qu’ils ont dû surmonter. La DSV/BI nous rappelle que la la protection des droits de l’homme et la promotion de la démocratie sont des objectifs communs qui nécessitent la collaboration de tous. Ce document ne devrait pas être une liste de nom mais plutôt une manifestation tangible de votre engagement envers la justice, la vérité et la réconciliation. Il nous donne une voix à ceux qui ont été privés de la leur enregistrant des expériences souvent douloureuses qui ont été touchés par des évènements politiques tumultueux », a souligné Aimé  Akolo Ntumba.

Justement avant ces séries de discours, un documentaire retraçant les témoignages des violences qu’ont subi les populations de l’axe et récits glaçants des victimes et de parents de victimes, qui ont fait couler des larmes aux âmes sensibles ont mis le doigt sur ces violences aveugles qu’ont subi les habitants de cette partie de la capitale et du grand Conakry.

Faut-il indiquer qu’à cette cérémonie, le PNUD, l’Union Européenne, le HCDH, le ministère de la défense nationale, le ministère de la sécurité, celui de la justice, l’organisation guinéenne des droits de l’homme, un nombre considérables de victimes et parents de victimes ont pris part à cette cérémonie organisée par la DSV/BI en collaboration de la PJDD. A présent, la balle est dans le camp du gouvernement qui fait de la lutte contre l’impunité son cheval de bataille.

Abdallah BALDE pour Guineelatin.com

Tél. : 628 08 98 45 

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