Manque d’infrastructures et de logistique, situation de la prison de Koundara : le Procureur, Patrice Koma Koïvogui, à Guineematin

Patrice Koma Koivogui, procureur de la République près le tribunal de première instance de Koundara

Malgré d’énormes efforts consentis, les infrastructures publiques de notre pays sont souvent en très mauvais état. C’est le cas au tribunal de première de Koundara qui occupe de nos jours un bâtiment appartenant à la mairie locale. Dans un entretien accordé à l’envoyé spécial de Guineematin.com dans la préfecture, le procureur Patrice Koma Koïvogui est revenu sur les difficultés d’ordre infrastructurel et logistique mais aussi sur les perspectives.

Les infrastructures publiques, aussi bien à Conakry qu’à l’intérieur du pays, présentent un mauvais visage. Des efforts sont fournis mais beaucoup reste à faire pour changer la donne.

Interrogé à ce sujet, le procureur est revenu sur ces difficultés. « Parmi les premières difficultés que nous avons, il y a celles liées aux infrastructures. Le bâtiment dans lequel nous servons ici est un bâtiment qui appartient à la commune, qu’elle a prêté à la justice, au tribunal de première instance, pour pouvoir exercer ses activités. Il y avait un palais de justice qui, malheureusement, a fait l’objet de saccage pendant les événements de 2006 et 2007. Et depuis lors, il n’y a pas eu de palais de justice. Il y a un palais en construction, mais il y a un retard des travaux à ce niveau. Donc aujourd’hui, par rapport aux infrastructures, le tribunal se trouve dans une situation très difficile. Cependant, on fait le service avec les moyens du bord pour rendre service à cette population de Koundara, leur délivrer des actes dont elle a besoin. Au-delà du côté infrastructures, il y a également le problème logistique. Vous savez, pour être efficace, surtout au niveau du parquet ici, il faudrait que le procureur se déplace dans les zones les plus reculées pour pouvoir procéder à des inspections. Malheureusement, il n’y a pas un véhicule de service affecté à ça. Ce sont généralement nos propres voitures qu’on prend pour nous rendre dans ces endroits éloignés, comme Termessé, Guingan, Youkounkoun et autres, avec l’état des routes notamment. Donc, ce sont les difficultés que nous avons et que nous tentons tant bien que mal de remonter », a indiqué le procureur Patrice Koma Koïvogui.

Par ailleurs, le procureur est revenu sur la maison d’arrêt de Koundara et sur les conditions de détention des prisonniers. « La maison d’arrêt de Koundara se trouve dans un état de vétusté totale. C’est un constat qu’on peut faire dans toutes les juridictions. Il y a ce problème qui nous assaille. Ce qui fait qu’en longueur de journée, on est obligé de colmater cette maison pour permettre au moyen aux détenus d’y rester. C’est tout un calvaire. Il n’y a pas d’eau, pas d’électricité. Les cellules sont exiguës, il y a une surpopulation carcérale. Mais puisqu’il n’y a pas un autre endroit pour les détenir, nous sommes obligés de faire avec ces moyens du bord », a déclaré Patrice Koma Koïvogui.

Pour ce qui est des perspectives, le magistrat a promis que beaucoup d’actions sont en vue pour améliorer les choses au tribunal de Koundara et aux services rattachés. « Nos perspectives consistent à chercher toujours à redorer l’image de la justice dans cette préfecture, malgré les difficultés que nous rencontrons. C’est en cela d’ailleurs que nous avons projeté dans les jours à venir de pouvoir électrifier la maison centrale de Koundara. Et cela, le fonds viendra du tribunal. Nous allons également essayer de faire une adduction d’eau pour permettre aux détenus d’avoir suffisamment d’eau. Au niveau tribunal aussi, nous avons envisagé d’autres activités qui permettront peut-être d’augmenter le nombre de bancs, parce qu’aujourd’hui, il y a de l’affluence lorsque nous tenons les audiences. Malheureusement, on n’a pas assez de bancs pour donner la place aux citoyens qui viendront. Histoire de changer un peu l’image, en attendant qu’on nous donne les moyens nécessaires pour le bâtiment qui est en construction. En ce qui concerne les procédures, nous ferons en sorte, comme toujours d’ailleurs, que les procédures se passent dans le respect des règles de l’art. Que les citoyens ne soient pas victimes de violations de leurs droits. C’est en cela, en longueur de journée, nous sommes au niveau de la police et de la gendarmerie pour effectuer des contrôles, pour que les agents qui tenteraient de s’aventurer dans la violation des droits des citoyens ici, soient ramenés à l’ordre. Et s’ils ne comprennent pas, éventuellement, ils vont s’exposer à des sanctions. Le tout, pour le bien de la population de Koundara. Le mot de la fin, ce sont les remerciements à l’endroit de ma hiérarchie. A commencer par mon Procureur général, et également le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, qui à date, continuent de placer leur confiance en nous pour la gestion de ce tribunal. Et nous les rassurons que nous mettrons tout en œuvre pour que leur politique initiée au niveau pénal ici soit exécuté à la lettre dans le ressort du TPI de Koundara », a-t-il lancé.

De retour de Koundara, Amadou Baïlo Batouala Diallo de Guineematin.com

Tél. : (00224) 628 516 796

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