Conakry : quand le décès d’un jeune boulanger suscite de nombreuses interrogations à Gbessia

Un jeune boulanger, âgé de 17 ans, est décédé ce vendredi, 5 janvier 2024, à Gbessia Olympio, dans la commune de Matoto. Mais, les circonstances de la mort du jeune Ibrahima Diallo sont encore floues. Si l’Union des boulangers accuse la famille d’avoir passé à tabac le défunt, celle-ci réfute ces accusations. A la clinique où Ibrahima Diallo suivait un traitement, on dément toute administration d’un quelconque traitement inapproprié, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Selon des témoignages recueillis dans la famille, feu Ibrahima Diallo était en conflit avec son père qui l’aurait répudié pour n’avoir pas accepté d’étudier. C’est suite à cette incompréhension qu’il aurait décidé d’aller travailler dans une boulangerie non loin de la concession familiale. Là, il a contracté une maladie avant d’être reçu dans une clinique.

Mais pour Elhadj Alpha Oumar Sacko, président de l’Union nationale et professionnelle des boulangers et pâtissiers de Guinée, ce sont les parents de la victime qui l’ont passé à tabac.

« Dès ce matin, j’ai été informé par le président de la zone de Gbessia comme quoi, on est venu retirer un jeune boulanger à la boulangerie pour aller le battre à la maison par ses parents. Selon nos informations, c’est son grand frère qui est venu le chercher pour le conduire à la maison et c’est après que mort s’en est suivie. Comme maintenant ce n’est pas les bandits ni les autorités c’est les parents qui commencent à tuer leurs enfants, parce qu’ils sont en train d’apprendre la boulangerie, il faut une enquête approfondie pour élucider les causes. Parce que c’est son propre grand frère et sa marâtre qui l’ont tué. Ils l’ont tué parce qu’il est en train d’apprendre le métier de boulangerie. On veut savoir si c’est interdit d’être boulanger », a déclaré Elhadj Sacko.

A quelques mètres de là, à la famille mortuaire à Gbessia Olympio, dans la commune de Matoto, Bintia Camara, présentée comme la mère biologique de la victime, balaye tout d’un revers de main.

« Mon enfant n’était pas d’accord avec son papa parce qu’il refusait d’aller à l’école. Il lui a demandé alors de quitter le foyer et d’aller où il veut. J’ai été au four où il travaillait pour demander au responsable de ne plus le recevoir là-bas parce qu’il n’obéit pas à son papa. Il est resté avec les boulangers jusqu’à ce qu’il est tombé malade. Ils l’ont amené à l’hôpital. Quand on m’a informé, j’y suis allée. J’ai trouvé qu’il a le corps enflé suite à des injections qu’il a prises. Je l’ai laissé à l’hôpital, sous perfusion, pour aller au marché. À mon retour, je l’ai trouvé à la maison. Je l’ai amené dans une autre clinique où on lui a prescrit des produits. Durant un mois il était couché ici. C’est aujourd’hui, aux environs de 6h du matin, qu’il est décédé. Si les boulangers disent qu’il est mort suite à une bastonnade, je laisse entre eux et Dieu. Mon fils n’a jamais été frappé par qui que ce soit dans la famille », a affirmé Bintia Camara.

Accusé par la famille d’avoir administré des injections « inappropriées » au jeune homme, Dr Thierno Amadou Diakité, médecin-chef d’une clinique privée à Dar-es-Salam, dans la commune de Ratoma, se défend.

« C’est un enfant qu’on a reçu très fatigué avec des douleurs au niveau des côtes et une fièvre très élevée de 39,9°. Nous l’avons reçu le 19 décembre dernier ici. Mais c’est un enfant qui n’avait pas de moyens. On a demandé un bilan sanguin à faire, parmi les bilans, il n’a pu faire que le TDR du palu qui était négatif. Au cours de l’interrogation, l’enfant ne nous a pas dit qu’il a été frappé. Il avait dit être malade. Nous, nous avons pensé à un syndrome infectieux ou inflammatoire. À la suite de ça, nous avons fait une prescription. Compte-tenu de sa tension très faible, nous avons prescrit des anti-inflammatoires et des antibiotiques plus un sérum… Après consultation ce jour, puisqu’il n’avait pas les moyens, il est rentré sans aucun traitement.

Deux jours plus tard, il est revenu avec une petite avance. Puisque nous sommes un centre de santé communautaire, on a pris ça pour lui administrer les premiers soins, il est rentré. 5 jours plus tard, c’est-à-dire le 26 décembre, il est revenu sans argent. Nous lui avons dit qu’on ne peut pas continuer ses soins sans argent, il est retourné. Tout le corps lui faisait mal et il y avait des contusions sur le corps. Et c’est aujourd’hui que vous nous apprenez qu’il est décédé. Si vous dites que c’est suite à nos soins qu’il est décédé, c’est seulement l’autopsie qui pourrait déterminer cela. Parce que je pense que le médicament qu’il a pris, il n’y a aucun qui soit contre-indiqué. On a vu aucun parent derrière l’enfant, il était venu seul », a dit le médecin.

À rappeler qu’au moment où nous quittions les lieux, le corps de Ibrahima Diallo était à la morgue de la mosquée du quartier. Il avait été interdit aux médias de prendre des images.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

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