Crise de carburant à Conakry : « Je me suis levé depuis 3 heures du matin, je suis allé dans 3 stations… »

Des files interminables de véhicules, tricycles motos se forment aux alentours des stations-service de la capitale guinéenne pour la quête du carburant, l’essence en particulier. Cette situation illustre la crise de carburant qui s’installe dans le pays avec acuité 19 jours après l’incendie du dépôt des hydrocarbures de Kaloum. Ce qui ne manque pas d’irriter les détenteurs des engins roulants qui n’en peuvent plus de cette crise qui entame sérieusement leurs activités, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

À Kipé, la file de véhicules va de la gendarmerie de Kaporo-marché jusqu’à la station-service en face de l’école française. De l’autre côté, celle formée par les motos arrive jusqu’au rond-point centre-émetteur. Là, les conducteurs de Taxi Motos y ont passé des heures sans encore avoir ce précieux liquide rare désormais.

« Depuis 5 heures du matin on est là mais jusqu’à présent ça ne marche pas. Je quitte jusqu’à Cosa comme ça mais jusqu’à présent je n’arrive pas à voir le carburant », a confié Amara Soumah, constructeur de Taxi Moto, aux alentours de midi.

Même son de cloche chez Mamadou Saïdou Diallo, également conducteur de Taxi Moto qui est venu à Kipé après avoir sillonné plusieurs autres stations.

« Que le gouvernement nous aide sinon on souffre énormément. Je me suis levé depuis 3 heures du matin, je suis allé dans 3 stations mais je n’ai pas eu, donc je suis venu ici mais jusqu’à présent je n’en ai toujours pas eu », s’est-il lamenté sous un fort soleil. À l’intérieur de la station total, les pompistes s’activent pour servir le carburant mais les clients trouvent le rythme assez lent.

Un peu après le pont de Kaporo en provenance de Kipé, la ligne de véhicules s’étire jusqu’aux environs de l’université Kofi Annan. Contrairement aux stations précédentes, celle se trouvant après le carrefour Cosa aucun pompiste n’est présent, comme dans plusieurs autres où nous nous sommes rendus, alors que là aussi les véhicules sont stationnés jusqu’au dit carrefour. Certains y ont même passé la nuit.

« Depuis hier 17 heures je suis arrivé, je suis tombé en panne à quelque 50 mètres d’ici. Donc ma voiture a passé la nuit ici parce que je n’ai plus de carburant, je l’ai même poussée jusqu’à la station. Hier, ils (les pompistes) avaient dit qu’ils allaient commencer à opérer depuis 8 heures et je suis là depuis 6 heures du matin mais jusque-là, il n’y a pas de service. Mais là, je suis obligé de rester parce que ma voiture ne peut plus bouger. Il n’y a pas de marché noir, on ne trouve de carburant nulle part », a regretté Malick Fofana, détenteur d’un véhicule.

De l’autre côté, ce sont les tricycles qui sont garés, et là également la file est longue tout comme l’attente.

« Je prie l’Etat de prendre ses dispositions, la population souffre, elle souffre vraiment. Il doit se mettre à l’idée que la vie dépend du carburant parce que s’il n’y a pas de carburant, il n’y a pas de déplacements. Et quand on vient dans certaines stations, il y a le carburant, ils refusent de nous servir. Le manque de carburant est devenu comme un business, les gens font ce qu’ils veulent. Ma femme est en état de famille et on a plus de quoi manger », a dit Théa Cécé, conducteur de tricycle par ailleurs diplômé en gestion des ressources humaines.

Après l’incendie du dépôt des hydrocarbures à Kaloum, le gouvernement a dit prendre toutes les mesures pour éviter une pénurie, mais visiblement les effets ne se font pas encore ressentir puisque la crise de carburant se pose désormais sérieusement.

Pour M’bany Sidibé, président de l’union pour la défense des consommateurs de Guinée, le gouvernement est en train de mal gérer cette crise dont les conséquences se font déjà sentir sur les consommateurs.

« Il y a une communication opaque du gouvernement, parce qu’il faut dire jusqu’à maintenant ’il n’est pas en train de faire une bonne gestion de cette crise. Et, il y a des effets collatéraux qui se font ressentir sur le marché avec des augmentations de certains produits. Tout ça, ce sont des problèmes sur lesquels le gouvernement devait travailler il y a longtemps. Le gouvernement est en train de très mal gérer la crise et elle est en train d’avoir assez de conséquences sur les consommateurs guinéens », a-t-il expliqué.

Mamadou Yahya Petel Diallo pour Guineematin.com

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