Un officier de police jugé pour le meurtre d’un jeune à Conakry : « la balle est partie accidentellement »

En détention depuis le 22 septembre 2022 à la maison centrale de Conakry, le commandant de police, Alpha Kabinet Kaba, a comparu ce mercredi, 10 janvier 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la mairie de Ratoma). Cet officier de l’anti-drogue est poursuivi pour le meurtre d’un jeune à Taouyah, dans la commune de Ratoma. Et, à la barre, il a reconnu les faits mis à sa charge. Et, pour sa défense, il a dit avoir tiré par inadvertance sur sa victime, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.

Devant cette juridiction de première instance, cet accusé est largement revenu sur les circonstances dans lesquelles il a ouvert le feu sur sa victime à Taouyah. Il assure que c’était lors d’une descente des services anti-drogue sur les lieux. Et, c’est quand il a trébuché que son doigt a touché la gâchette de son arme.

« Nos hommes sont sortis en patrouille. A la 2ème sortie, j’ai décidé de partir avec eux, ils nous ont informés que vers Taouyah il y a des vendeurs de chanvre indien. À notre arrivée sur les lieux, je suis resté avec le chauffeur, les autres sont descendus et les jeunes ont fui. Mais, ils ont arrêté certains. Au retour, le groupe des jeunes est venu en jetant des cailloux, c’était des enfants excités. Moi je faisais face à la foule, j’ai fait marche arrière. Et, c’est là que j’ai trébuché. En me relevant, mon doigt a touché la détente, la balle est partie. Dès qu’on a replié à la base, j’ai reçu un appel : c’est vous commandant Kaba ? J’ai répondu : oui. Celui-ci m’a dit que là où vous étiez, il y a quelqu’un qui a été atteint par balle, il est au bloc.

On est restés à notre base, déjà j’ai informé l’adjoint Kaba qui a informé le directeur adjoint. Lorsque le jeune est mort, le lendemain ils ont ordonné de nous envoyer à l’escadron moi et les 9 autres policiers. Nous agissons sous l’ordre du directeur de l’Office anti-drogue. La patrouille, ce n’est pas comme une mission, c’est si on nous informe, nous partons. Il n’y a pas une zone ciblée, on patrouille jusqu’à Coyah. L’enfant est mort, celui qui détenait l’arme en première position, c’est le brigadier-chef Mohamed Lamine. C’est moi qui commande, les gradés ne détiennent pas l’arme, on le donne aux hommes de confiance. C’est des armes chargées de mission. C’est une pratique que j’ai trouvé, on porte l’arme pour la dissuasion. On était une dizaine de policiers, les enfants étaient excités, Mohamed avait engagé l’arme, du coup je l’ai retiré, mais quelque temps après, les enfants sont revenus avec des armes blanches, des cailloux…

J’étais avec le chauffeur et Mohamed Lamine, celui qui détenait l’arme. On était à terre, j’ai pu embarquer les éléments, je suis resté seul. Je suis vraiment dépassé, dans toutes mes prières, c’était toujours d’éviter le sang. Ils ne m’ont jamais dit s’ils ont été à la famille du défunt. Néanmoins, mon grand frère avait tenté d’entrer en contact avec la famille du jeune décédé, mais elle n’a pas accepté. J’ai fait des tirs de sommation 3 fois avant de trébucher. L’enfant qui est décédé, c’est comme mon enfant, il a droit à la vie. Depuis 1993, je suis à la police. La balle est partie accidentellement, c’est lorsque je suis tombé au sol, la 4ème balle est partie », a-t-il indiqué.

Après cette déposition, le tribunal a renvoyé l’affaire au 24 janvier prochain pour la comparution de la famille de la partie civile et des autres prévenus.

Ismaël Diallo pour Guineematin.com

Tel : 624693333

Facebook Comments Box