Cacophonie au sein du Gouvernement : le RPG-AEC charge le ministre Charles Wright

Depuis quelques jours, le torchon brûle entre le Premier ministre, Dr Bernard GOUMOU, et le ministre de la justice et des droits de l’Homme, Alphonse Charles Wright. Pour cause, le Garde des Sceaux a récemment instruit l’ouverture des enquêtes contre les DAF (directeurs administratifs et financiers), les Directeurs Généraux des EPA (Etablissement public à caractère administratif) et les gestionnaires des budgets des Collectivités Décentralisées. Ne partageant pas ces injonctions faites par Alphonse Charles Wright, le chef du gouvernement a demandé la suspension de toutes les procédures engagées dans cette affaire et de soumettre un dossier complet au Conseil des Ministres comportant tous les éléments factuels. Une demande à laquelle le ministre de la justice a refusé de donner satisfaction.

Réuni en assemblée hebdomadaire ce samedi, 17 février 2024, le parti d’Alpha Condé a déploré ce « dysfonctionnement au sommet de l’État. Marc Youmbouno, membre du bureau politique national du RPG-AEC et ancien ministre de l’Agriculture, y voit une « insubordination » du Garde des Sceaux face au Premier ministre.

« La brouille qui existe entre le Premier ministre et le ministre d’État de la justice, garde des Sceaux. Nous n’allons pas commenter, c’est des faits que nous avons vécus. Ça veut dire qu’il y a un dysfonctionnement au sommet de l’État qui se manifeste par l’insubordination au sein du gouvernement, qui se manifeste aussi par la présence des clans et la démonstration des égos. Ce qui n’est pas normal. En tant qu’ancien membre du gouvernement, nous regrettons très sincèrement ce qui se passe. Même si ce n’est pas notre gouvernement, mais ils parlent au nom de la Guinée et du peuple de Guinée. Donc, la honte à la place publique touche tout le peuple de Guinée. Au sein d’un gouvernement il n’y a pas un électron libre, aucun ministre ne peut se prévaloir d’être libre sans être sous une autorité. Une fois que tu dis que toi le Premier ministre ne te commande pas, donc tu ne gères plus un département. Parce que tous les départements sont coordonnés par le Premier ministre. Il ne faut pas mélanger les genres. Quand on parle du judiciaire, il faut parler du judiciaire. Quand on parle de l’exécutif, il faut parler de l’exécutif. Un ministre est dans l’exécutif. Tu ne peux pas être au gouvernement et parler de ton corps d’origine », a-t-il lancé.

Poursuivant, l’ancien ministre de l’agriculture d’Alpha Condé, après analyse du courrier du Premier ministre adressé au ministre Alphonse Charles Wright, a dressé son analyse.

« J’ai fait trois remarques autour de ça. D’abord, dans son courrier, le Premier ministre a demandé de suspendre toutes les injonctions qui ont été prises sans sa connaissance. Mais qu’est-ce qu’on a remarqué, le visé a tenu un point de point de presse pour insister sur sa position (rire). Mais où on va ? Dans son courrier, le Premier ministre a rappelé que depuis le 21 septembre 2021, il avait été demandé au ministre de la justice de faire l’état des lieux, s’il faut même analyser le dossier des comptes bancaires bloqués des hauts cadres de l’État pour faire le distinguo entre ceux qui sont impliqués dans les malversations financières et ceux qui ne le sont pas à l’effet de libérer ceux qui sont transparents. Et il (Premier ministre) regrette que ce travail ne soit pas fait jusqu’à présent. Il a aussi dit que si ces injonctions tenaient compte de la partie judiciaire, ça ne devrait pas se limiter seulement aux DAF, que ces injonctions devraient s’étendre aux ordonnateurs (ministres). C’est le Premier ministre qui l’a dit dans son courrier. C’est une remarque fondamentale. L’autre remarque fondamentale, c’est que le Premier ministre a dit que la notification d’une injonction par voie de presse, livrant les personnes à la place publique, n’est pas normale. Ça y va dans la dégradation de leur image, alors que la preuve n’est pas produite », a-t-il expliqué.

Enfin, ce cadre de l’administration de l’ancien président Alpha Condé tire un enseignement de la gouvernance du CNRD. Pour lui, le CNRD ne voit que du mal au sein du gouvernement d’Alpha Condé.

« Ça veut dire qu’on ne voit que du mal au sein du gouvernement d’Alpha Condé. Mais pour eux, il n’y a rien, ils ne peuvent pas toucher. Je vous pose la question : nos camarades qui sont en prison et nous-mêmes, est-ce que nos noms n’ont pas été vilipendés par les médias à travers ce ministère de la justice ? Qu’est-ce qu’on n’a pas dit sur Alpha Condé et ces ministres ? Est-ce qu’il y a eu jugement avant de nous traiter ainsi ? C’est du deux poids deux mesures », a-t-il conclu.

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

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