Conakry : Médecins sans frontières (MSF/Belgique) célèbre ses 20 ans de lutte contre le VIH en Guinée

Pour célébrer les 20 ans de sa présence et de sa lutte contre le VIH en Guinée, Médecins sans frontières (MSF/Belgique) organise plusieurs activités. C’est dans cette dynamique que la structure a organisé ce mardi, 20 février 2024, à Kipé, dans la commune de Ratoma, une exposition à la villa des arts. Pendant une semaine, des photos vont être exposées et des témoignages de personnes vivant avec le VIH vont ponctuer cette célébration, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

C’est en 2003 que Médecins sans frontières (MSF/Belgique) a commencé la lutte contre le VIH en République de Guinée en prenant en charge les personnes vivant avec le VIH. A l’occasion de ses 20 ans de présence sur le terrain, MSF a organisé cette activité.

Dans son intervention, Hippolyte M’Boma, coordinateur du projet VIH en Guinée, a fait un rappel de cette odyssée.

Dr Hippolyte M’boma, coordinateur du projet VIH

« Pour la petite histoire, MSF a ouvert le projet VIH en 2003, au CMC de Matam, dans la ville de Conakry, et à Guéckédou, en Guinée forestière. Neuf ans plus tard, le projet de Guéckédou a été fermé. 2007 sera le début de la décentralisation de Matam. Le projet sera étendu vers le centre de santé de Wanindara, puis G’bessia en 2011.C’est au cours de cette année que l’équipe de patients-experts va commencer les témoignages à visage découvert. Par leur courage, le VIH ne sera plus une maladie de honte, mais au même titre que le paludisme et autres maladies. En 2014, avec l’épidémie d’Ebola, MSF va mettre en place un modèle de soins permettant aux personnes vivants avec le VIH des rendez-vous de six mois pour prendre les antirétroviraux dans les centres. En 2015, la décentralisation va se poursuivre dans trois nouveaux centres de santé, dont le CMC de la Minière, le CMC de Coléah et le centre de santé de Tombolia », a rappelé Hippolyte M’Boma, coordinateur du projet VIH.

Par ailleurs, monsieur M’Boma est revenu sur les actions en cours dans le cadre de la prise en charge des personnes vivant avec le VIH.

« Nous hospitalisons 80 patients par moi pour une durée moyenne de séjour variant entre 10 et 12 jours. En termes de ressources humaines, dans cette unité, nous avons au total 69 staffs, dont 62 sous contrat MSF, et 7 avec contrat de la fonction publique, dont l’objectif est de réduire la mortalité des patients vivant avec le VIH avancé. Au quatrième trimestre 2023, la file active comptait 16 661 personnes vivant avec le VIH, dont 1 1942 étaient de sexe féminin, avec 1 081 femmes qui étaient suivies… Ces chiffres représentent les onze cinquièmes de la file active nationale des adultes sous traitement antirétroviraux et 22% de la file active pédiatrique nationale et les un tiers de la file active nationale de la prévention-transmission mère et enfant. La couverture de la charge virale est de 83% ».

Cependant, des difficultés persistent encore dans l’exécution de plan d’action de MSF qui sollicite des efforts concertés pour y mettre fin.

« Malgré ces succès, nous restons confrontés à certaines difficultés telles que la faible mobilisation des ressources financières, la faible disponibilité de traitement pédiatrique, la forte stigmatisation et le faible accès au statut VIH chez les enfants. Ces défis exigent un engagement fort et une synergie d’actions de la part du gouvernement, des partenaires et de la société civile », a laissé entendre Hippolyte M’Boma, coordinateur du projet VIH de MSF.

Pour sa part, David Thérond, le chef de mission de Médecins sans frontières en Guinée, a parlé d’un succès du projet même si tout n’est pas rose.

David Therond, chef de mission MSF Belgique

« Nous avons beaucoup de succès dans ce projet. Cependant, les succès ne font pas tout. Le succès nous encourage à continuer à toujours faire de grands efforts qui sont faits par les équipes de Médecins sans frontières et du Ministère de la Santé dans la lutte contre le VIH. Les succès ne font pas tout car il y a toujours une très forte stigmatisation qui existe dans les communautés. Dans le pays aussi, pour toutes les personnes qui ont le VIH et surtout pour ceux qui n’osent pas aller se faire dépister, parce qu’ils ont peur de la réaction de leurs familles ou de leurs conjoints/conjointes, de leurs frères, leurs sœurs. Nous avons un très grand nombre d’ambassadeurs qui osent témoigner à visage découvert, de tout ce qu’ils ont vécu comme défis après avoir annoncé leur positivité à leurs communautés, à leurs familles. Ils sont passés par des défis, mais ils ont réussi à les surmonter. Lutter contre la stigmatisation reste très important. Il est important de se faire dépister parce qu’on peut vivre avec le VIH, avoir des enfants qui vont naître négatif ; et ça, c’est uniquement si on prend son traitement après avoir été dépisté », a fait savoir David Thérond, chef de mission de Médecins sans frontières.

Amadou Lama Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 669 681 561

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