Justice : des grévistes de l’usine Grands Moulins de Conakry (GMC) à la barre pour menaces, violences…

Foussény Sacko, Mamoudou Touré et Moustapha Camara sont jugés pour menaces, violences, et voies de fait au tribunal de première instance de Kaloum. La partie dans cette affaire est Ali Roumani, ressortissant Libanais, Directeur général de l’usine Grands Moulins de Conakry (GMC). Les faits se sont produits à Coronthie suite à une grève déclenchée par les employés de cette usine. A l’audience de ce mardi, 20 février 2024, Les prévenus nient en bloc les faits qui leur sont reprochés., a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Des travailleurs de Grands Moulins de Conakry (GMC), usine de production de bouillon, située à Coronthie, dans la commune de Kaloum, ont enclenché une grève depuis mars 2023 pour réclamer une augmentation de salaire. Au cours de cette grève, Ali Roumani, Directeur général de GMC, dit avoir été pris à partie par les grévistes. Des accusations que les prévenus ont niées durant leur audition.

S’exprimant à la barre ce mardi, Ali Roumani a raconté ce qui s’est passé. « Ils ont fait une grève au mois de mars. Ils ont fait un préavis qu’ils n’ont pas d’abord respecté. Ils sont venus faire une entrave, empêchant les travailleurs de pénétrer à l’usine, ils ont agressé et tabasser d’ailleurs certains. Moi-même, ils m’ont empêché d’entrer dans l’usine et ils scandaient mon nom en me qualifiant de zéro. Ils ne m’ont pas violenté, mais ils m’ont juste empêché de rentrer et menacé ainsi que tous les non-grévistes. Je suis venu ici représenter mes travailleurs non-grévistes qu’ils ont brutalisés. Quand ils ont demandé une augmentation de salaire, on a accepté de négocier avec eux, parce que c’était dans leur droit. Mais durant les négociations, nous les avons conviés à plusieurs réunions, ils ont refusé de venir… »

Répondant aux questions de l’avocat de la défense, la partie civile dit avoir été victime de de propos racistes. « Je n’ai pas été blessé. Pratiquement d’ailleurs, on ne m’a rien fait. Sinon, je me rappelle une fois que l’un d’eux, avec racisme, m’a traité de libanais et m’a dit que c’est moi qui vais quitter la Guinée et non lui. Je suis venu ici représenter l’entreprise qui a des travailleurs qui ont été tabassés. J’ai des photos et vidéos qui déconstruisent leurs propos ici. Des images qui montrent qu’ils étaient sur les lieux, qu’ils manifestaient et qu’ils ont attaqué les non-grévistes », a-t-il déclaré.

Ousmane Camara, superviseur de l’entreprise de nettoyage, présent lors des jours de grève, a été sollicité pour être entendu comme témoin. Compte tenu du tiraillement entre les deux avocats de la défense et de la partie civile, ainsi que du procureur sur sa crédibilité et sa non subordination à Ali Roumani, vu qu’ils sont venus tous les deux dans la même voiture au tribunal, le président de l’audience a décidé de l’entendre à titre de simples renseignements. « Lorsque le groupe syndicat a déclenché la grève, j’étais au sein de l’entreprise. Nous, comme la grève ne nous convenait pas, l’entreprise nous a dit venir travailler. Après la grève, je suis venu avec mon équipe, on a trouvé un blocus. Je suis descendu pour aller constater les choses, j’ai croisé Moustapha Camara, qui a dit que si je dépasse là-bas, qu’on me casse la gueule. Tous les trois étaient présents là-bas, je les ai vus. Il y a des messieurs qui m’ont arrêté devant, l’un d’eux m’a donné des coups. Je suis tombé par terre et je me suis relevé pour fuir. Après ma plainte, j’ai reçu plusieurs coups de fil sur fond de menaces. Des expressions comme « petit méfie-toi, sinon ça va te coûter de la quinine » ont été employés », a dit le jeune homme.

Le dossier a été renvoyé au 27 février 2024 pour la visualisation des images fournies par la partie civile et la suite des débats.

Mamadou Baïlo Diallo pour Guineematin.com

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