Numérique : l’ONG SOS Villages des enfants organise une assise sur la cybersécurité à Conakry

Plusieurs acteurs issus d’organisations non gouvernementales, de structures étatiques, de médias publics et privés ont participé à l’assise sur la cybersécurité organisée par SOS Villages des enfants Guinée, grâce au financement de NET HOPE,  à Yattaya (commune de Ratoma), jeudi 07 mars 2024. L’idée était de sensibiliser ces acteurs à l’adoption et à la mise en œuvre des normes de cybersécurité, de favoriser la collaboration multipartite et de plaider en faveur de la protection du secteur humanitaire, a appris Guineematin.com à travers son équipe reportage.

Pendant cette journée qu’a duré l’assise, des experts  guinéens ont abordé la législation sur le traitement de données personnelles (Loi 037), les meilleures pratiques de protection des données à caractère personnel,  des menaces actuelles dans le domaine de la cybersécutité, les mesures et sanctions, ou encore les outilles disponibles contre les cyberattaques.

Dans un monde qui tend vers le tout numérique, il est donc important de se prémunir contre les attaques des personnes malveillantes, de surcroît lorsqu’on travaille dans un domaine comme l’humanitaire où les ONG collectent beaucoup de données  personnelles. C’est ce que rappelle M. Richard Watchinou, directeur national SOS Villages d’enfants Guinée.

Richard Watchinou, directeur national SOS Villages d’enfants Guinée

 « Aujourd’hui lorsqu’on parle de cybersécurité, en ce qui concerne  les organisations de développement et humanitaire, cela devient de plus en plus une situation cruciale. Parce que lorsqu’on parle de ces organisations, ce sont des entités qui vivent sous la générosité d’autres personnes aussi bien physiques que morales. Et lorsqu’on parle de cyberattaque, ce n’est pas quelque chose qui est soldé par des petits impacts, ça affaiblit beaucoup. Ça n’affaiblit pas seulement par rapport aux moyens financiers, ça affaiblit aussi par rapport à la réputation, ça vous emmène même devant  les tribunaux parce que des données que vous stockées, qui sont par ailleurs des données à caractère personnel, sont désormais détenues par quelqu’un quelque part et qui vous fait la menace. Si vous n’accéder pas à ses exigences, il pourrait en faire ce qu’il veut. Mais ces données-là ont quitté où ? Ça veut dire que notre responsabilité est entière. Donc, il est important étant dans un domaine sensible comme ça que nous ayons une réflexion autour de la question pour voir comment nous nous positionnons ? Quels sont les atouts et les faiblesses à nos différents niveaux ? Et comment ensemble nous allons aborder cela ? C’est pour dire qu’au-delà de ce qu’on vous a partagé dans les termes de références, c’est l’essentiel de ce qui justifie la rencontre de ce jour. Donc mon souhait, c’est que nous profitions, c’est que vous profitiez de cette rencontre pour aborder ces différents aspects de la question dont nous parlons », a-t-il indiqué.

Pour Bakaramoko Kaba, ingénieur réseau système cybersécurité et panéliste lors de cette assise, il est important de sensibiliser les ONG qui sont en contact direct avec les populations sur la façon dont il faut gérer les données personnelles.

Bakaramoko Kaba, ingénieur réseau système cybersécurité

« Elles peuvent être utilisées pour  extorquer des informations dans le but d’avoir de l’argent, dans le but d’atteindre à votre dignité ou à votre intégrité physique ou morale. Et qui parle d’ONG parle des associations qui sont très proches de la population. En général, les ONG partent vers les populations pour récolter des données à caractère personnel (prénom, nom, date de naissance, lieu de résidence et autre), donc il faut les former pour qu’elles puissent savoir quoi faire de ces informations, savoir que ces informations sont confidentielles et l’utilisation de ces informations est circonscrit dans un domaine unique », a-t-il rappelé.

Cette assise arrive à point nommé d’autant plus que les cyberattaques ont été récurrentes en Guinée où des structures étatiques ont été prises pour cibles ces derniers temps. Boubacar Sidy Keita, conseiller juridique à l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) et panéliste également, se réjouit donc d’y prendre part.

Boubacar Sidy Keita, conseiller juridique à l’ANSSIBoubacar Sidy Keita, conseiller juridique à l’ANSSI

« C’est une occasion dans la mesure où c’est une question très sensible avec ce qui prévaut actuellement au niveau de l’actualité nationale et internationale. La recrudescence des actes cybercriminels, ce sont des facteurs qui motivent et justifient de la sensibilisation, de la formation, et aussi de l’implication de tous les acteurs (société civile, acteurs publiques et privés) dans le cadre de la lutte contre les cyberattaques, contre les actes cybercriminels. C’est une belle occasion, c’est une occasion à saluer et à renouveler. Je souhaiterais que toutes les entités privées, publiques et de la société civile acceptent de se déployer pour lutter contre les actes de cybercriminels et assurer la protection des systèmes ainsi que des contenus », a-t-il dit.

Sékou Touré, responsable informatique Childfund international Guinée

 « Je suis très content d’avoir été invité ici. Déjà, c’est un évènement qui est extrêmement important parce qu’il faut savoir qu’aujourd’hui la cybersécurité est une question de tous. Tout le monde doit s’impliquer quel qu’en soit notre niveau parce qu’elle touche toutes les couches. Qu’on soit simple utilisateur, qu’on soit quelqu’un du domaine de la technologie, on doit s’impliquer, on doit s’informer afin de savoir effectivement comment s’y prendre. Les données peuvent être atteintes à travers les utilisateurs, à travers l’entourage de ces utilisateurs, ou à travers les infrastructures. C’est la raison pour laquelle on doit tenir compte de la cybersécurité à tous les niveaux et tout le monde doit s’informer et s’impliquer », a estimé pour sa part Sékou Touré, responsable informatique Childfund international Guinée.

En dehors des ONG, les personnes, notamment  les enfants peuvent être directement concernés par les cyberattaques. D’où justement  la présence de Safiatou Diabaté, membre du Parlement des enfants de Guinée, qui se dit honorée de participer à une activité de ce genre.

Safiatou Diabaté, Parlement des enfants de Guinée

« C’est un grand honneur pour moi d’être là aujourd’hui pour représenter la structure pour discuter de la question de cybersécurité surtout les enfants qui par manque de maturité ou d’information sont en majeur partie victimes de cybercriminalité », a-t-elle indiqué, invitant l’Etat guinéen à faire en sorte que les enfants soient sensibilisés sur la cybersécurité.

Mamadou Yahya Petel Diallo et Thierno Barry pour Guineematin.com

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