N’Zérékoré : les enseignants contractuels dénoncent « une magouille » sur leurs listes et menacent de boycotter les cours

Moriba Doualamou, coordinateur régional des enseignants contractuels de N'Zérékoré

Le nombre d’enseignants contractuels aurait été augmenté en Guinée, passant de 18 000 à 21 000. Des accusations portées par les principaux concernés qui peinent toujours à accéder au bout du tunnel, à savoir leur engagement à la fonction publique. Malgré un recensement effectué il y a quelques mois, les obstacles demeurent et inquiètent les contractuels qui menacent de boycotter les cours. C’est ce qu’a indiqué ce samedi, 16 mars 2024, Moriba Doualamou, coordinateur régional des enseignants contractuels de N’Zérékoré, interrogé par un des reporters de Guineematin.com basé dans la préfecture.

La signature en octobre 2023 du dernier protocole d’accord tripartite entre l’Etat, les syndicats et les enseignants contractuels, prévoyait leur enrôlement biométrique sur la plateforme FUGAS (Fichier unique de gestion administrative et de la solde) du Ministère de la Fonction publique. Ce qui devait aboutir à leur engagement à la fonction publique.

Mais, un autre obstacle semble surgir, avec une hausse étonnante du nombre de contractuels. « J’ai appris la nouvelle comme un coup de foudre qui s’abattait sur moi. Lorsque je me suis informé au niveau de ma hiérarchie syndicale, j’ai compris que c’était une réalité. Le nombre des enseignants contractuels se trouvait autour de 21 000 contractuels », a introduit le coordinateur régional des enseignants contractuels de N’Zérékoré, Moriba Doualamou.

Poursuivant, Moriba Doualamou porte un doigt accusateur sur les structures déconcentrées de l’éducation. « Lorsqu’on a mené les enquêtes, on s’est rendu compte que les structures déconcentrées de l’éducation avaient procédé à des remontées au niveau du MEPU-A, et que le MEPU-A les avait balancés au niveau de la fonction publique. Et, selon les informations, la fonction publique a voulu opposer un niet, mais qu’ils leur ont fait comprendre que ceux qu’ils ont ajouté-là sont les vrais contractuels qui tiennent cours à l’intérieur. Donc, vouloir les enlever, les élèves vont chômer à l’intérieur. Alors, ils étaient contraints d’ajouter cette liste. Après, les listes ont été affichées dans toutes les DPE à travers le pays, et devant les noms de ces nouvelles personnes, c’est écrit « non identifié ». Or, en décembre passé, une mission d’identification avait sillonné tout le pays et qui avait recensé les vrais enseignants contractuels en situation de classe, dont le total faisait un peu plus de 18 000 enseignants contractuels. Bien avant ça, lorsque le ministre d’alors, Guillaume Hawing nous avait convoqués au MEPU-A, en septembre passé, il nous avait fait savoir qu’ils avaient déjà fini l’opération d’authentification des diplômes des enseignants contractuels. Et là, le chiffre se trouvait autour de 13 000 enseignants contractuels. Ensuite, qu’ils n’attendaient que le feu vert de la hiérarchie pour l’engagement. Mais depuis lors, ce qui n’a jamais été fait. Chose qui nous avait amené à partir en grève avant la rentrée, et de la grève, nous avions signé un protocole d’accord qui tenait en compte l’enrôlement biométrique des enseignants contractuels sur la plateforme FUGAS du Ministère de la fonction publique et leur engagement. Donc, après les enquêtes menées, nous avons compris que ce n’est pas un diable qui est descendu du ciel pour augmenter cette liste, mais plutôt les autorités à la base qui ont fait des remontées que le MEPU-A a pris en compte, chose qui a de nouveau gonflé la liste des enseignants contractuels », accuse Moriba Doualamou.

Par ailleurs, le coordinateur régional des enseignants contractuels de N’Zérékoré considère cette attitude comme un manque de volonté de l’Etat à s’occuper de leur situation. « Je qualifie ça comme un manque de volonté de notre État à s’occuper de la situation des enseignants contractuels. Comme ils ont l’habitude de le faire, ils veulent encore faire traîner ces pauvres contractuels jusqu’aux vacances et que pendant les vacances, ils cherchent à prendre une autre décision. C’est pourquoi je dis qu’il est temps que les enseignants contractuels se réveillent et de dire que cette situation ne doit pas demeurer ainsi. Car selon ce que j’ai appris, il y a une nouvelle mission qui doit sillonner l’intérieur du pays pour procéder à un nouveau recensement. L’expérience des recensements passés nous a montré que chaque fois qu’il y a mission d’identification ou d’enroulement des enseignants contractuels, le nombre ne fait qu’augmenter. C’est pourquoi dans la sortie des coordinateurs des enseignants contractuels, nous avons fait savoir à nos amis et à l’Etat, que nous ne sommes pas prêts pour un énième recensement, puisque nous avions déjà travaillé avec une mission tripartite, dont l’État et la coordination des contractuels. Nous avons demandé à l’Etat de prendre en compte cette liste. Jusqu’à preuve du contraire, nous connaissons nos enseignants contractuels avec qui nous avons bataillé et dont certains avaient été omis pendant la mission d’identification. Ce n’est pas la peine d’ajouter à notre liste des gens qui n’ont jamais été en classe ou qui viennent à peine de commencer il n’y a même pas cinq (5) mois. En le faisant, c’est vraiment une insulte à la situation des enseignants contractuels… Ce que nous reconnaissons, est que le nombre des enseignants contractuels tourne autour de 18 000 et non 21 000, et pour ceux dont les diplômes ont été authentifiés, c’est environ 13 000 », a-t-il précisé.

En outre, Moriba Doualamou demande à l’Etat de rétablir les enseignants contractuels dans leur droit, et à ses pairs enseignants contractuels de se tenir prêts. « Je dis que trop c’est trop. Des enseignants contractuels sont décédés dans le service pour la nation, mais sans récompense. Je demande aux autorités d’avoir la crainte de Dieu pour rétablir les enseignants contractuels dans leurs droits. Et de l’autre côté, mon appel aux enseignants contractuels est de les inviter à se tenir prêts parce que depuis le début de cette situation en 2018, l’État ne fait que nous rouler dans la farine. De se tenir prêts, le moment venu, nous allons leur demander de rester purement et simplement à la maison et passer à la vitesse supérieure pour se faire entendre », a-t-il laissé entendre.

De N’Zérékoré, Jean David Loua pour Guineematin.com

Tél. : (+224) 620 58 60 02

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