Guidho Foulbhe à la barre : « J’ai publié ma photo pour faire peur à Alpha Condé »

Mamadou Baïlo Diallo, dit Guidho Foulbhé

Le procès de Mamadou Baïlo Diallo alias ‘’Guidho Foulbhé’’ et ses six co-accusés s’est poursuivi ce vendredi, 5 avril 2024, au tribunal de première instance de Kaloum. A l’ouverture de l’audience, c’est la déposition de l’accusé Mamadou Lamarana Guessé Diallo, cultivateur, qui a continué pour quelques minutes. Et, au terme de cette déposition, les accusés docteur Alpha Abdoulaye Diallo (pharmacien), Mohamed Sow (le cuisinier) et Mamadou Baïlo Diallo alias ‘’Guidho Foulbhé’’ (cultivateur) ont fait leurs dépositions. Ils ont tous plaidé « non coupable » des faits mis à leur charge, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Il s’agit dans cette affaire de Mamadou Lamarana Guessé Diallo, Alpha Abdourahmane Diallo, Mohamed Sow, Mamadou Baïlo Diallo alias Guidho Foulbhé, Mamadou Bailo Baldé, tous placés sous mandat de dépôt entre le 17 octobre et le 13 décembre 2022. Les deux autres (Alpha Barry et Mody Sory Barry) sont en fuite. Ils sont tous poursuivis pour « tentative d’attentat, complot et de complicité contre la République de Guinée ». L’audience de ce jour a été marquée par la déposition des accusés docteur Alpha Abdoulaye Diallo, Mohamed Sow et Mamadou Baïlo Diallo alias Guidho Foulbhé.

Dans sa déposition, docteur Alpha Abdoulaye Diallo qui est le second accusé à faire la déposition depuis l’ouverture de ce procès a plaidé non coupable avant de relater les circonstances dans lesquelles il a été mis aux arrêts.

« Je ne reconnais pas les faits de tentative de coup d’Etat contre le régime qu’on me reproche. On m’a arrêté à mon domicile à Sonfonia le 5 octobre 2021, on m’a conduit au CMIS numéro 7 de Sonfonia où j’ai été séquestré pendant 12 jours. Tous les matins, les agents venaient me prendre pour m’auditionner… Je suis le responsable de la plate-forme locale de la coordination internationale de Fouta Djallon pour le respect des droits humains et de la cohésion sociale. J’ai adhérer cette plate-forme comme ça. Vu la pertinence de cette structure, un certain Alpha Ousmane Barry m’a dit d’accepter d’être le représentant locale de cette association. Je lui ai dit que mon temps de travail ne va pas me permettre, mais il m’a tordu la main, finalement j’ai accepté de représenter l’association. Comme activité, on a procédé à des sensibilisations pour que les gens adhèrent à l’association. C’est dans ce cadre qu’on a déployé des gens sur le terrain pour que les gens puissent acheter les cartes. Pour le faire, j’ai remis une moto à deux jeunes pour qu’ils fassent la sensibilisation. Donc, les accusations qu’on porte sur moi, je ne peux pas faire ça. Mon éducation ne me permet pas de faire ça. Je ne peux pas m’associer à des messages ou à des actes qui visent à déstabiliser les institutions en République de Guinée. Je ne peux pas m’associer à des actes qui visent à nuire les institutions légalement installées en Guinée. Quand j’ai adhéré à cette plate-forme, j’ai reçu le règlement intérieur de la coordination. J’ai intégralement lu le règlement. Mais nulle part il n’est mentionné le renversement de régime. Je ne peux pas poser des actes allant dans le sens de faire un coup d’Etat », s’est-il défendu.

Cependant, le procureur Mamoudou Magassouba a tout de suite fait part à docteur Alpha Abdoulaye Diallo d’un domaine de 6 hectares que cette association aurait achetée à Dakar, précisément à MBour pour « ériger un camp d’entrainement ».

« Ça, c’est de la spéculation. Moi, en tant que responsable, je n’ai pas vu un document où une déclaration qui parle d’obtention d’un domaine à Dakar. Je me suis dit que si cela est vrai, je dois être informé de façon officielle, parce que je suis responsable. Je ne connais rien par rapport à cette parcelle », a répondu l’accusé.

Ainsi, dans la même lancée, le 3ème accusé, Mohamed Sow, a plaidé également non coupable. Il a fait savoir au tribunal qu’il fait partie des deux jeunes qui avaient reçu la moto pour aller sensibiliser les gens sur le terrain.

« Moi j’étais couché chez moi à Coyah, trois véhicules remplis des gendarmes sont venus interpeller tout le monde. Ils nous ont ligoté avant de nous déférer à la Direction Générale des Renseignements Intérieurs, puis à la maison centrale… Quand j’ai reçu la moto, on a sensibilisé les gens sur le terrain. Mais dans nos messages, on encourage les jeunes de prôner la paix, l’unité nationale, le travail. On n’a jamais posé un acte ou un message allant dans le sens de porter atteinte à l’intégrité territoriale de la Guinée. Auparavant, je ne connaissais pas Mamadou Baïlo Diallo alias Guidho Foulbhé. C’est à la direction générale des renseignements intérieurs que je l’ai trouvé avec sa femme… Moi je n’ai jamais touché une arme, on ne m’a jamais pris avec une arme… Notre association qui est la Coordination Internationale des Foulbhé pour le Développement (CIFD) vise à promouvoir la cohésion sociale, la création d’emploi, l’entraide, le développement. On n’a jamais tenté de renverser le régime », a-t-il juré.

Même argument de défense pour l’accusé Mamadou Baïlo Diallo alias Guidho Foulbhé qui a comparu en 4ème position. Ce blogueur, Guidho Foulbhé, a reconnu avoir afficher publiquement une photo sur laquelle il détient une arme. Il a fait savoir au tribunal que cette arme consistait à effrayer Alpha Condé.

« Le 12 novembre 2022, j’ai quitté Labé pour aller à Koundara pour récolter le riz. Le 19 novembre 2022, on m’a appelé pour me dire que les agents sont venus à ma recherche. Ils sont allés me chercher dans mon champ, ils m’ont mis aux arrêts. Ils m’ont demandé où est mon arme, ils m’ont ligoté les mains au dos. On a bougé à 7 heures, direction Conakry. Ils m’ont envoyé d’abord au camp Samory Touré. Puis, on m’a séquestré pendant 24 jours à la direction générale de renseignement intérieur. Après là-bas, ils m’ont déféré à la DPJ, puis au tribunal de Kaloum et après à la maison centrale. Depuis le 15 décembre 2022 je suis à la maison centrale de Conakry. Je demande au tribunal, je prie le tribunal, parce qu’ils sont tous des jeunes, de me libérer. On me cherchait tout simplement parce que j’ai présenté publiquement une photo avec une arme pour effrayer Alpha Condé. Cette photo n’a tué personne, cette photo n’a blessée personne. Cette photo n’était pas prise en Guinée. C’était juste pour faire peur à Alpha Condé. Maintenant il a été enlevé, j’étais très content. Tellement content que j’ai mis la musique de Fodé Baro et j’ai dansé. Tout le monde a vu ça. J’avais envoyé toute ma famille au Sénégal, parce que j’étais en exil. Quand Alpha Condé a été enlevé au pouvoir, je suis rentré en Guinée avec ma famille. Maintenant, les gens avec qui je comptais beaucoup m’ont mis aux arrêts », a déclaré Mamadou Baïlo Diallo alias Guidho Foulbhé.

C’est dans ce climat que le tribunal a renvoyé l’affaire au 19 avril 2024 pour la suite des débats.

Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com

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