Les passes d’armes commencent entre les trois accusés qui sont à la barre du tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry) ce lundi, 15 avril 2024, dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009. Le capitaine Moussa Dadis Camara, le commandant Aboubacar Diakité alias ‘’Toumba’’ et le capitaine Marcel Guilavogui font face au juge Ibrahima Sory 2 Tounkara depuis le matin pour répondre à une seule question : qui était le commandant du régiment lors du massacre du 28 septembre 2009 qui a fait plus de 157 morts au stade de Conakry ? Mais, le ton est monté d’un cran quand Marcel Guilavogui a indexé le capitaine Dadis Camara, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Tout a commencé quand Marcel Guilavogui a accusé le capitaine Moussa Dadis Camara d’avoir « révoqué » les colonels Aïdor et Sâa Alphonse de la tête du régiment pour ensuite endosser les fonctions de commandant de régiment.
« Le président Dadis était le commandant du régiment. Je le sais parce que c’est lui qui s’occupait de son régiment », a déclaré Marcel Guilavogui.
Face à ces propos, le capitaine Moussa Dadis Camara s’est pressé de reprendre la parole pour exprimer ce qu’il semble être une indignation. Puis, il a chargé le commandant Toumba Diakité.
« Monsieur le président, ce qu’il (Marcel) est en train de raconter, c’est très dangereux. Lorsqu’il dit que j’ai révoqué le commandant Sâa Alphonse et le Colonel Aïdor de leurs fonctions, mais c’est archi-faux. Le commandant Toumba à l’époque, c’était mon homme de confiance. Sâa Alphonse et Aïdor ont été arrêtés à mon insu. Le colonel Sâa Alphonse est là encore, vivant. Alors, le problème c’est quoi monsieur le président, comme je l’ai bien dit, dans l’armée ce sont les actes qu’on pose… Quelqu’un qui ne gère pas un régiment ne peut pas avoir le courage d’aller dans un centre d’instruction pour prendre 22 recrues et les envoyer dans l’unité qu’il commande. Cela n’a jamais existé. Il faut avoir cette autorité et le document le prouve à suffisance. Marcel qui parle comme ça, pourquoi lui il n’est pas parti prendre au moins deux ou cinq recrues avec signature ? C’est parce qu’il ne jouait pas ce rôle [de commandant du régiment]. Donc monsieur le président, ce document n’a pas été inventé. Lorsque vous le regardez, vous verrez qu’il est écrit commandant du régiment aide de camp, avec le cachet. Dans la vie, à un moment donné, je crois qu’on se doit de dire la vérité. Donc, ce document atteste, puisque c’est signé commandant de régiment aide de camp », a-t-il martelé.
Dadis doit prendre courage
Malgré la sortie du capitaine Moussa Dadis Camara le traitant avec diplomatie de ‘’menteur’’, Marcel Guilavogui est resté droit dans ses bottes. Il réitère que l’ex-président du CNDD était le commandant du régiment et il lui demandé d’avoir le courage de le reconnaître devant ce tribunal criminel.
« Je demande au président Dadis de prendre courage. Il a été le père de la nation, commandant en chef des forces armées. Une transition militaire, les hommes que tu as nommés par décret furent arrêtés, tu ne peux pas dire que tu n’es pas au courant de cela. Ce sont des éléments clés. Un régiment n’est pas n’importe quoi. Le commandant du régiment et son adjoint arrêtés, c’est une révocation. Puisque ce sont ses instructions. Si on arrête un ministre, il cesse d’être ministre », a déclaré Marcel Guilavogui.
Abondant dans le même sens, le commandant Toumba Diakité a demandé au capitaine Moussa Dadis Camara de « ne pas se rabaisser » dans ce propos. Il a conseillé son ex-patron à « prendre ses responsabilités » et à assumer qu’il était bel et bien le commandant du régime après l’arrestation des colonels Aïdor et Sâa Alphonse.
« Moi qu’il (Dadis Camara) a approché en tant que conseiller, je ne suis pas dépassé par les événements. Parce que je sais sur quoi je suis adossé, parce que je savais que cela allait arriver. Que nous le jugeons ici, ça sera encore jugé chez l’éternel… Je le conseil de prendre ses responsabilités. Vous avez été père de la nation, ne vous rabaissez pas à ce niveau, prenez votre responsabilité », a dit Toumba Diakité.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
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