Vente d’une concession à 400 millions de francs guinéens à Conakry : Abdoulaye Camara jugé pour escroquerie

Après avoir passé près de deux ans de détention à la maison centrale de Conakry, Abdoulaye Camara a fini par comparaître mercredi, 17 avril 2024, au tribunal de Dixinn délocalisé à la mairie de Ratoma. Il est poursuivi pour escroquerie dans une affaire de 400 millions de francs guinéens au préjudice d’Alpha Oumar Diallo suite à la vente d’une concession à Conakry. A la barre, le prévenu a nié les faits, arguant être victime de sa tante Marie Camara, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Une affaire de 400 millions est à l’origine de cette affaire. Abdoulaye Camara, électricien de profession, marié et père de deux enfants, domicilié au quartier Hèrèmakono, est reproché d’avoir revendu une concession familiale à 400 millions de francs guinéens à Alpha Oumar Diallo, partie civile dans ce dossier. Mais, ce dernier n’a jamais récupéré le bien qu’il a acheté. « J’ai connu monsieur Alpha Oumar Diallo à travers ma tante, qui m’a dit que c’est un démarcheur. Depuis la présentation, c’est juste la salutation qu’il y a entre nous. Il ne m’a pas remis de l’argent. C’est le démarcheur de ma tante. Et c’est ma tante elle-même qui me remettait de l’argent. Parfois 50 millions, 30 millions GNF à la fin de chaque mois. Je ne retiens pas le nombre de mois. À peu près un an. Il s’appelle Ibrahima Diallo, ce démarcheur qui me remettait de l’argent… C’est ma tante Marie Camara qui a remis les papiers de la concession à mon père, comme elle n’a pas eu d’enfants. Elle l’a fait devant témoins ce jour. Quand elle est tombée malade, sa petite sœur Oumou l’a amenée chez elle à Coyah. Le lendemain, ma tante Oumou est venue récupérer les papiers du domicile des mains de mon père. Un jour, on m’a demandé d’aller à Coyah, mon transport aller-retour pour Coyah a été payé. Une fois là-bas, ils ont parlé de la vente de la concession. Ma tante Oumou a dit qu’elle a un démarcheur, Ibrahima Diallo, pour la vente. Après la vente, Ibrahima a envoyé l’argent pour dire que c’est ma tante qui le lui a donné, que c’est notre part, mon père et moi. Quand il y a eu problème, ma tante Oumou est partie au village faire du maraboutage. A son retour, elle m’a dit que si je ne fais pas attention, c’est moi qui irais en prison à sa place… Quand la plainte est venue, Ibrahima Diallo a dit qu’il ne va pas répondre, car c’est ma tante qui lui ordonné de revendre la concession. Je suis allé répondre à la plainte et c’est là qu’on m’a mis aux arrêts. L’acheteur a dit que c’est avec moi qu’il a acheté la concession. C’est après avoir revendu et envoyé ma part que j’ai su que la concession a été revendue à 400 millions GNF. Moi, j’ai reçu 165 millions GNF du côté de mon papa. Je suis en détention depuis 2 ans. Je n’ai pas participé à cette vente. L’argent m’a trouvé à la maison. Je n’ai pas escroqué », s’est-il défendu.

Les différentes parties au procès n’ayant plus de question pour le prévenu, l’avocat de la partie civile va formuler une demande de comparution de Hadja Mari Camara, de l’imam Badara et d’autres personnes concernées par cette affaire.

De son côté, la défense va également formuler une demande de mise en liberté provisoire pour son client, Abdoulaye Camara, qui croupit en prison depuis près de deux ans. « Il n’a été qu’un pont. Un fils qui a effectué la commission d’un père. Il a une femme et deux enfants qui comptent que sur lui. Il n’a aucun moyen pour subvenir aux besoins de sa famille en étant en prison. Nous plaidons de mettre Abdoulaye Camara en liberté provisoire… »

À ce stade de la procédure, le ministère public va demander au tribunal de rejeter la demande de mise en liberté provisoire. L’avocat de la partie civile va abonder dans le même sens.

Le tribunal va finir par rejeter la demande de mise en liberté et ordonner la comparution de dame Oumou Camara, Marie Camara, imam Badara. Le dossier est renvoyé au 23 avril 2024.

Kadiatou Barry pour Guineematin.com

Facebook Comments Box