Détention et consommation de la drogue Kusch à Conakry : 12 jeunes condamnés par la justice

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La répression engagée contre les détenteurs et consommateurs de stupéfiants, notamment la Kusch, prend de l’ampleur à Conakry. A la suite du tribunal de Kaloum, c’est celui de Dixinn qui a déclaré coupables plusieurs jeunes poursuivis dans des affaires de drogue. Dans la journée d’hier, mardi 14 mai 2024, sur 18 prévenus, 13 ont comparu devant cette juridiction pour détention et consommation de substances psychotropes. Des fats prévus et punis par l’article 832 du code pénal guinéen. Si un d’entre eux a été relaxé, les 12 autres ont écopé d’une peine d’un an assorti de sursis et au paiement de 500 000 francs guinéens chacun, a constaté une journaliste de Guineematin.com qui a suivi le procès.

Les prévenus dans cette affaire sont en détention depuis le 22 avril 2024. Il s’agit de Boubacar Diallo, Sékou Keita, Salif Soumah, Mamadou, Moustapha Diaby, Bangaly Kaba, Alhassane Sylla, Alseny Touré, Soryba Fofana, Mamadou Oury Diallo, Mabinty Camara, Soryba Fofana, Aboubacar Camara, Thierno Mamadou Alpha Diallo, Lounceny Fofana, Abdoulaye Soumah et  Mohamed Lamine Tounkoura.

Poursuivis pour détention et consommation de substances psychotropes, notamment la drogue Kusch, les prévenus ont tous nié les faits à eux reprochés, excepté deux d’entre eux qui avouent être des consommateurs de la substance.

Mohamed Lamine Tounkara, né en 2005, peintre de profession, domicilié au quartier Sangoya, célibataire sans enfants : « Je quittais chez ma grand-mère. Il y avait la grève, mais je ne savais pas. J’attendais  un véhicule pour partir à Simanbossia pour prendre le sac de riz de ma grand-mère. C’est dans cette attente qu’on m’a intercepté. Ils n’ont rien trouvé sur moi, à part le téléphone », s’est-il défendu.

Abdoulaye Soumah, né en 2002, apprenti plombier de profession, domicilié au quartier Sangoya : « J’étais en train de travailler au lavage. Mon grand m’avait chargé d’une commission. La veille, il m’a  demandé d’arranger son robinet après mon boulot. Ce jours-là, j’ai été très matinal. Il n’y avait personne. C’est comme ça  qu’on m’a intercepté. Je fume juste la cigarette Oris. Avec Mohamed Lamine, on joue au ballon à RUSAL mais je ne fume pas la drogue. Je n’ai jamais vu la Kusch de ma vie », a-t-il dit.

Lounceny Fofana, né en 2001, tôlier-peintre de profession, domicilié à Sangoya, nie également faits : « Je ne prends pas de Kusch ni de chanvre indien. Je ne prends que la cigarette. On m’a interpellé à Sangoya, au lavage. J’étais entrain de laver un véhicule. Je n’avais même pas commencé  à laver mais j’étais prêt quand même et on m’a pris. Je fume de la cigarette Ronson seulement », a-t-il dit.

Pour sa part, Thierno Mamadou Alpha Diallo soutient n’avoir jamais vu de la drogue Kusch. « Je n’ai jamais vu la drogue Kush. Je fume juste la cigarette. On m’a interpellé à Enco5, au lavage. Il y avait la grève. C’est quelqu’un qui m’a demandé de gérer le lieu pour lui. Ils m’ont pris avec les petits qui y travaillent. Ils sont là avec moi. Je ne consomme pas la Kusch. C’est la souffrancequi fait ça, si non je ne ressemble pas à quelqu’un qui fume la drogue Kush », a soutenu cet autre prévenu né en 2002, chauffeur de profession, domicilié Lambanyi.

Aboubacar Camara, élève en classe de de 10ème année, domicilié au quartier Wanindara : « On ma interpellé à la cité Enco5 vers 9h 10h. Je quittais chez moi pour prendre les médicaments de ma mère. Mon frère m’a appelé pour partir prendre le médicament de ma mère… Je ne fume pas du chanvre indien », dit-il.

Soryba Fofana est le plus âgé du groupe. Né en 1979, marchand de profession (gérant de bar café) domicilié au quartier Sangoya. Interrogé, il nie également les faits. « Ils mont attrapé dans mon bar. Je suis gérant de bar café à Sangoya. Je ne fume pas. Je vends de la mayonnaise, du corned beef, des œufs. À chaque fois, je chasse les fumeurs qui rôdent autour de mon bar. Ils ne rentrent pas dans mon bar », a dit le prévenu.

Alseny Touré, né en 2000, élève domicilié à Wanindara : « J’ai été interpellé vers 10h 11 heures à Wanindara. Je fume juste la cigarette, du Marlboro. J’ai commencé depuis 2019… ».

Alhassane Sylla ne reconnaît également pas les accusations portées contre lui. « J’ai envoyé mon véhicule au garage, je partais maintenant pour acheter à manger, c’est là qu’on ma arrêté. Je fume juste la cigarette. Je ne connais pas la Kusch. C’est à la maison centrale qu’on m’a parlé de cela. Je ne prends pas ça mais la cigarette, ça fait longtemps que j’ai commencé.  Depuis que j’étais pêcheur » a déclaré Alhassane Sylla né en 2004, chauffeur de taxi véhicule, domicilié au quartier Bonfi, célibataire et père d’un enfant.

Bangaly Kaba dit avoir été interpellé alors qu’il raccompagnait un ami malade. « C’est au niveau de la plaque car de Sangoya qu’ils mont pris. J’étais avec un ami malade. Comme mon ami vomissait ils ont pensé qu’il avait pris de la Kusch. Deux jeunes du quartier et 3 trois officiers sont venus nous interpeler.  Ils ont dit qu’une fois au poste de police, s’ils vérifient et que mon ami n’a pas consommé la Kusch, ils nous libèrent dans le cas contraire, ils nous gardent. Mon ami a été  libéré et moi ils m’ont gardé. Je loge à Lambanyi », a expliqué le prévenu, staffeur de bâtiment de profession.

Mamadou Moustapha Diaby dit avoir été arrêté à Sangoya dans un lavage. « Chaque dimanche, je viens laver des véhicules là-bas », a dit ce tailleur né en 2003, domicilié au quartier Wanidara.

Même son de cloche chez Boubacar Diallo né en 2004, soudeur de profession, domicilié à Lambanyi. « À cité marché Enco5, c’est là qu’on m’a pris. Si c’est dimanche, je viens au lavage. Je ne fume pas la drogue », dit-il.

Parmi les 13 prévenus à comparaître à la barre, 2 d’entre eux ont reconnu aisément les faits. Sékou Keita est marchand ambulant. « J’ai été  arrêté à Sangoya Pharmacie, je vends du jus énergie et des cigarettes. Je fume le chanvre indien parce que c’est mon choix. Mais, Je vous le jure, quand je sors d’ici, je ne vais plus prendre du chanvre indien de toute ma vie », a-t-il promis.

Salif Soumah est un apprenti remorque né en 2005. « Je fume la cigarette et je consomme la Kusch mais, c’est mon ami qui m’a fait rentrer dedans. Quand je consomme la Kusch, les idées changent, surtout quand tu as des problèmes. Des officiers et une délégation du chef du quartier m’ont arrêté. C’est en 2024 là que j’ai commencé à consommer la Kusch. Cela fait 3 mois comme ça. J’ai appris bien sûr que des jeunes mouraient à cause de Kusch, mais moi ce que je prends est léger et dure, ça s’appelle Slay, ce qui est léger. Quand tu pars acheter, il ya deux catégories. Une catégorie pour les grands et l’autre (Slaye) pour les jeunes. C’est ce que je prends, ça ne tue pas. Tous ces gens là (codétenus) on se rencontre dans le quartier et au bar café pour regarder le ballon. Moi je suis à Enco5. Dans notre quartier, il ya un endroit qu’on appelle « albarka », C’est là-bas que j’achète la drogue », a-t-il avoué.

Dans ce dossier, trois prévenus n’ont pas été extrait de la maison centrale et deux non détenus n’ont pas comparu.

Le Ministère public, après avoir rappelé les faits, a requis de retenir les prévenus dans les liens de la prévention. Pour la répression, « le prévenu Keita s’est engagé à ne plus consommer de chanvre indien, il faut l’exempter de la peine. Pour les autres, vous les condamnerez à une peine de 1 an, assorti de sursis, et 500 mille francs  guinéens d’amende », a requis le procureur, soulignant qu’il s’agit de délinquants primaires.

Pour leur propre défense, les prévenus ont tous demandé pardon au tribunal.

Le Tribunal, après en avoir délibéré conformément à la loi, sur l’action publique, a déclaré les prévenus Boubacar Diallo, Salif Soumah, Mamadou Moustapha Diaby, Bangaly Kaba, Alhassane Sylla, Alseny Touré, Soryba Fofana, Aboubacar Camara, Thierno Mamadou Alpha Diallo, Lounceny Fofana, Abdoulaye Soumah, Mohamed Lamine Tounkoura, coupables des faits à eux reprochés. « Pour la répression, les condamne tous à 1 an de prison assorti de sursis et au paiement de 500 milles francs guinéens d’amende. Dispense Sékou Keïta de l’application de peine ».

Kadiatou Barry pour Guineematin.com 

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