Massacre du 28 septembre : « C’est la garde présidentielle et les services spéciaux du colonel Tiegboro qui ont tiré au stade », dit Me Drissa Traoré

Me Drissa Traoré, avocat de la partie civile

En Guinée dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre 2009, Me Drissa Traoré a plaidé ce mercredi, 15 mai 2024, devant le tribunal criminel de Dixinn (délocalisé à la cour d’appel de Conakry). Cet avocat ivoirien est l’un des conseils des parties civiles dans cette procédure. Et dans son exposé, il a accusé le capitaine Moussa Dadis Camara d’être le “planificateur’’ et le colonel Moussa Tiegboro Camara le “chef d’orchestre” de la répression sanglante du meeting des forces vives au stade du 28 septembre. Il soutient que la perpétration de ce massacre était purement politique et il consistait à marquer les esprits par la peur afin de permettre au capitaine Dadis Camara de conserver le pouvoir. Me Drissa Traoré a aussi attiré l’attention du tribunal sur la “fausse sincérité” des accusés. Il estime d’ailleurs que ces derniers sont de fins stratèges qui font des calculs extrêmement ingénieux pour tenter de mener tout le monde en bateau dans cette affaire.

« Le président Moussa Dadis Camara est au commencement, à l’orchestration, au montage et à la planification de tout ce qui s’est passé le 28 septembre 2009. Les autres n’ont fait qu’exécuter son travail… Dadis voulait être candidat, il voulait demeurer au pouvoir, (…) et tout ça (le massacre) a été fait pour son pouvoir. Le colonel Moussa Tiegboro Camara était le chef d’orchestre qui, sur le terrain, devait tout agencer et regarder qui fait quoi. Parce qu’il fallait être partout pour voir si chacun exécutait la tâche qui lui était dévolue. Le commandant Toumba a dit dans sa période de sincérité (avant son arrestation à Dakar) qu’il a été envoyé au stade par le capitaine Moussa Dadis Camara. Mais ici (à la barre), il a tenté de nous montrer ce scénario hollywoodien. Est-ce qu’on doit le croire ? Le commandant Toumba a essayé une fausse sincérité pour nous mener en bateau. Mais, nous sommes encore à quai à Conakry. Les accusés font des calculs extrêmement ingénieux. Le capitaine Marcel Guilavogui a dit ici : au début je n’ai pas parlé parce que c’était une stratégie militaire. Donc, tous les accusés nous mènent en bateau. Mais, ça ne peut pas tenir, c’est peine perdu. C’est la garde présidentielle et les services spéciaux du colonel Tiegboro qui ont tiré au stade, c’est eux qui ont fait la battue à l’opposant… Les victimes ne crient pas vengeance, elles réclament justice. Justice pour ce qu’elles ont vécu, pour ce qu’elles ont subi, justice pour la Guinée. Parce que s’il y a justice, on aura la chance qu’il n’y ait plus ça (les massacres) », a déclaré Me Drissa Traoré.

Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com

Tel : 622 97 27 22

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